Génial et audacieux Gaudi, par Mgr Dupleix
Fruit de l’imagination fulgurante de l’architecte catalan Antoni Gaudi, cet édifice géant – par ses formes déconcertantes, ses équilibres spectaculaires, son style audacieux et les nouvelles solutions structurales utilisées, l’ensemble évoquant non seulement l’exubérance de la nature mais toute l’histoire biblique – mérite bien le qualificatif de « cathédrale du XXème siècle », donné par Gaudi lui-même.
Avec une nef de cinq vaisseaux et de cinquante-deux piliers, un déambulatoire ouvrant sur sept chapelles rayonnantes, trois façades extérieures monumentales, douze clochers – dont le plus haut (170 mètres) est dédié au Christ -, la basilique, au terme de sa construction, sera la signature d’un homme dont le génie n’avait d’égal que la spiritualité et la vie intérieure.
Gaudi avait d’excellentes connaissances liturgiques et une parfaite maîtrise de la symbolique chrétienne. Son édifice, conçu comme une œuvre théologique et un véritable hymne de louange à Dieu, tout en étant le témoin d’un art original propose un nouveau type d’architecture religieuse. Pour celui qui y entre, la parcourt ou y prie, c’est une véritable catéchèse, un accès aux sources de la foi.
Mais comment concevoir que cet édifice ne soit pas achevé plus d’un siècle plus tard, compte tenu de tous les moyens dont nous disposons aujourd’hui ? N’y aurait-il pas là – hormis la complexité objective du projet de Gaudi – une certaine expression de la patience, de la maturation, voire des délais que suppose tout acte créateur ou toute démarche spirituelle face à nos désirs d’immédiateté, de rapidité ou d’efficacité ? On ne brusque pas le temps, sinon il nous rattrape par surprise et parfois douloureusement.
La basilique a été classée en 2005 au patrimoine culturel de l’humanité et le dossier de béatification d’Antoni Gaudi, conclu en 2003, est actuellement à Rome… Conséquence de la mystérieuse alliance entre une remarquable œuvre technique et sa dimension mystique ?
Mgr André Dupleix, secrétaire gnénéral adjoint de la conférence des évêques de France
Novembre 2010