« Vivre le Carême quand on est prêtre » par le P. Jean-Pierre Belliard

En cette année sacerdotale, des prêtres partagent leur façon de vivre et de voir le Carême.
Eclairage et témoignage du P. Jean-Pierre Belliard, prêtre coopérateur La paroisse Saint Grégoire de Ligueil (diocèse de Tours).
Il y a quand même un paradoxe à parler de sa manière de faire carême après avoir entendu l’évangile du mercredi des cendres ! Il y est demandé d’agir en secret, sous les seuls yeux du Père du ciel. Mais le monde a changé, le lien avec Dieu ne va plus de soi et n’est plus l’objet de gloire humaine, c’est le moins que l’on puisse dire ! Il y a necessité de communiquer.

Le carême pour moi c’est d’abord plus de présence dans la prière, l’importance d’un investissement intérieur. Je choisis une hymne et je la dis à chaque heure de l’office, tous les jours, pour que cette prière me rentre dans la peau. Cette année ce sera : « Dieu au delà de tout créé » H 124.

Au long des années c’est important d’avoir quelques psaumes et hymnes disponibles dans sa mémoire et son cœur, pour la longueur des nuits ou l’immobilité forcée sur un lit d’hôpital ou autres circonstances imprévues.

L’investissement intérieur c’est aussi la gestion du temps. Après une vie pastorale très mouvementée où la première qualité est la disponibilité à qui se présente, maintenant où les coups de téléphone et de sonnettes sont plus espacés, la disponibilité est à vivre avec le Seigneur.

J’ai vu dans la Présentation générale du Missel romain que le pain azyme pour célébrer la messe doit être de « confection récente », dans certaines abbayes on le prépare le jour même. Alors je m’y suis mis, cela aiguise la foi pour croire que ce que j’ai pétri de mes mains devient le Corps du Christ. La confection du pain est une bonne préparation spirituelle.

Il y a aussi le partage, c’est lié pour moi à un certain rationnement et choix de nourriture, je chiffre les économies pour savoir combien je donne ! Il est vrai que je me pose cette année la question « carbone ». J’ai fait le compte des ampoules électriques à changer, je me renseigne pour avoir un appareil à compost. A quand le calcul du « coût carbone » d’une messe, vu les kilomètres faits par les desservants ?

Mais le plus important reste la préparation de la Vigile Pascale. Je l’ai connue avant la réforme de Pie XII, comme enfant de chœur, j’ai connu les premières vigiles pascales renouvelées comme séminariste et les différents réajustements faits ensuite comme prêtre. Cette célébration reste le sommet de la vie d’une communauté et une des grandes joies de la vie d’un curé, d’où l’importance de participer à la préparation qui doit bien tenir compte de la taille de l’assemblée et de l’architecture du lieu. Mais, quand tout est bien prêt il ne s’agit pas « d’exécuter la préparation », mais de laisser le Seigneur agir comme il veut et quand il veut dans les cœurs au cours de la célébration !

Bonne route !
Abbé Jean-Pierre Belliard