« Jusqu’à aujourd’hui, chaque conférence, la CSM et la CSMF, mène sa vie de façon indépendante, indique Sr Geneviève Suzineau, religieuse de la Providence de la Pommeraye et chargée de la communication à la CSM. À partir de novembre, sous réserve des votes, l’assemblée générale devrait créer la CORREF (Conférence des Religieux et Religieuses de France), une seule instance de rencontre qui exprimera l’essence même de la vie religieuse, au-delà des différences homme-femme. »
Les instances des religieux
Depuis plus de cinquante ans, les supérieur(e)s majeur(e)s, c’est-à-dire les personnes qui ont autorité sur les religieux et religieuses, se rassemblent au sein d’une structure au service des congrégations. Côté hommes, la CSMF soutient les instituts monastiques et apostoliques. Côté femmes, seules les religieuses apostoliques se retrouvent au sein de la CSM. Les moniales ont en effet leur propre structure : le Service des Moniales. Outre des temps de formation, d’échanges sur les questions de société ou d’aide juridique, chaque conférence tient son assemblée générale tous les deux ans.
L’an 2000 a vu pour la première fois, les assemblées générales de la CSM et de la CSMF se dérouler conjointement, entre temps communs et réunions statutaires distinctes. Petit à petit, l’idée de la CORREF s’est formée, encouragée par les exemples des conférences uniques présentes dans les pays européens et outre-Atlantique. Cette année, cette création répond, selon Sr Geneviève, au « désir d’une collaboration, d’un élargissement, d’un bénéfice réciproque des conceptions masculines et féminines ».
Un visage de l’Église universelle
La vie religieuse ? « Beaucoup plus une manière de vivre, que de faire ou d’être. Une manière habitée par une expérience spirituelle forte, qui conduit aux trois vœux de pauvreté, chasteté, obéissance », essaie de définir le P. Philippe Lécrivain s.j., professeur de théologie aux facultés jésuites de Paris. Il poursuit : « une manière de vivre l’Évangile avec d’autres à l’intérieur de l’Église, une manière de vivre qui peut être questionnante, une proposition de vie alternative, une instance critique… »
Loin de vouloir uniformiser les familles spirituelles et dissoudre les charismes propres à chaque congrégation, la CORREF devrait réaffirmer la spécificité de la vie religieuse et offrir de manière visiblement unfiée, cet autre visage de l’Église. « Si l’épiscopat est certes le signe premier de la catholicité, de la vocation universelle de l’Eglise, les religieux et religieuses en sont ensemble un autre signe, par leurs diversités et leurs préoccupations variées », relève le P. Lécrivain.
Concrètement, la CORREF aura à sa tête un(e) nouveau président(e) et deux secrétaires généraux, un moine et une religieuse. Une nouvelle adresse parisienne abritera son siège et un nouveau site Internet, animé par Sr Geneviève et un frère salésien, sera mis en ligne.
Florence de Maistre
Quelles sont vos relations avec la CSM et la CSMF ?
Nous travaillons régulièrement ensemble. Nous abordons l’articulation de la vie religieuse et de la vie diocésaine, chacun au titre de nos responsabilités. Ces réunions sont un observatoire très intéressant, où nous échangeons nos réflexions. À noter, les moines font partie de la conférence masculine, alors que pour les femmes il existe deux structures : la CSM concerne les ordres apostoliques, le Service Des Moniales (SDM) regroupe tous les monastères féminins. Le SDM sera en lien, mais pas intégré à la CORREF.
Qu’est-ce qui a mené à la création d’une seule conférence ?
La CSM et la CSMF ont de nombreux points communs et partagent les mêmes questions sur ce qui touche au présent et à l’avenir de l’identité religieuse, au sens des vœux, à l’accueil des novices, sur les façons d’être missionnaire en France aujourd’hui, auprès des jeunes, dans l’attention aux plus démunis, aux malades, ou encore dans la présence au monde de l’audiovisuel. Certaines questions de gestion juridique sont aussi communes à toutes les congrégations. La création de la CORREF n’est pas seulement née d’une réflexion administrative, mais bien d’un pas en avant. Les religieux souhaitent dire ensemble l’intuition de la vie consacrée communautaire, dire qu’elle a un avenir et qu’elle est un don à l’Église !
En quoi est-ce important de le dire aujourd’hui ?
La vie religieuse apostolique et monastique est une belle et profonde tradition dans l’Eglise. Depuis des siècles les ordres missionnaires se sont développés. Des hommes et des femmes ont pris de fortes responsabilités au sein de leur congrégation: tous donnent leurs vies pour le Christ ! Aujourd’hui, nous sommes souvent d’accord pour donner du temps, mais de là à donner sa vie, c’est plus difficile… Si différentes formes de vie se cherchent avec les communautés nouvelles, il est important que les instituts religieux travaillent en commun pour redire leur originalité. Être religieux est une vocation personnelle qui se joue dans une communauté reconnue par l’Église pour son charisme. Au-delà du caractère « efficace » de leurs actions, c’est un témoignage qui est don de vie, vie ensemble et fidélité.