Qui est Saint Paul, que représente-t-il pour l’Eglise ?
Un géant de l’évangélisation
Paul n’a pas connu Jésus vivant à Jérusalem ou sur les routes de Galilée, comme les douze apôtres. Il est le premier à avoir la seule expérience de Jésus Ressuscité, comme tous les chrétiens l’auront.
Paul est le personnage le mieux connu de la première génération chrétienne, à la fois par les Lettres qu’il a écrites lui-même et par le récit de sa vie que Luc nous donne dans les Actes des Apôtres. Il naît entre 7 et 10 après Jésus-Christ, à Tarse (Turquie actuelle) cité située sur l’une des principales voies commerciales du monde gréco-romain. Il y acquiert une double culture juive et grecque. Monté jeune à Jérusalem il y suit l’enseignement du maître pharisien Gamaliel. La rencontre de ce jeune pharisien avec le Ressuscité, sur le chemin de Damas bouleverse sa vie. Ce fut une expérience de liberté et de foi qui fit de lui un géant de l’évangélisation proposée à toutes les nations. Sa double culture l’avait préparé aux plus larges horizons de la mission, à travers les grandes villes de l’Orient hellénistiques, où se rencontraient tous les peuples du Bassin méditerranéen.
A travers toutes ses lettres, on sent cette préoccupation de l’annonce libératrice du Christ : « C’est pour que nous restions libres que le Christ nous a libérés. » (Galates 5,1)
Un témoin pour notre temps…précurseur de l’inculturation,
Aujourd’hui l’Église doit apporter la Bonne Nouvelle à des cultures diverses à travers les continents et à des sociétés sécularisées. Pour chacune elle doit trouver un langage adapté. A son époque Paul a su relever ce défi.
Comme le souligne Mgr Gianfranco Ravasi, président du Conseil pontifical pour la Culture : « Paul a voulu donner une interprétation cohérente du christianisme, interculturelle et même inculturée. Avec lui commence le grand travail de transmission de la foi en utilisant les critères de la pensée grecque qui a duré quatre à cinq siècles et culminera dans les conciles de Nicée et Constantinople. Paul a l’intuition que si le christianisme ne veut pas être une secte, il doit réussir à rencontrer la culture de son temps : de là le choix de réécrire, sans la perdre, sa propre racine hébraïque. » Il fonde et structure des communautés chrétiennes sans ménager sa peine.
Il les modèle selon divers archétypes, nous faisant comprendre que l’Église ne doit être ni monolithique, ni anarchique, mais vivante. Il a cette image du corps pour illustrer l’organisation de l’Église, diverse dans ses membres mais entée sur le Christ. Elle sera reprise par de nombreux Pères de l’Église, tel Cyprien de Carthage, avec son allusion aux cordes de la lyre qui donnent chacune une note différente, mais ensemble contribuent à une harmonie des sons.
…et de l’œcuménisme
L’image du corps nous fait comprendre la légitimité de la diversité. Le premier concile de Jérusalem a confirmé cette diversité de l’Église en n’imposant pas la circoncision aux baptisés venus du paganisme, mais réunissant chrétiens d’origine juive et païenne dans une même communion. Une leçon pour aujourd’hui où nous recherchons l’unité totale autour du Christ et donnons toute sa valeur au chantier œcuménique. Benoît XVI l’a souligné en avril 2014 lors de son discours au nouvel ambassadeur de Grèce près le Saint Siège : « L’imminent Jubilé dédié au bimillénaire de la naissance de saint Paul sera une occasion particulièrement propice pour intensifier nos efforts œcuméniques parce que Paul a été un homme qui s’est totalement donné à l’unité et à la concorde de tous les chrétiens ».
Paul ou l’irruption de Jésus dans une vie
Paul a également contribué à la structuration de la première théologie de l’Église. Le Christ ressuscité y tient la place centrale, car l’expérience de Damas est celle d’un Christ qui prend possession de sa vie, et sera en permanence la référence majeure de sa réflexion, de ses exhortations, de ses encouragements et de toutes ses entreprises. « Malheur à moi si je n’évangélise pas » s’écrie-t-il. Il ne transmet que ce qu’il a reçu. « A moi, le moindre de tous les saints a été confiée cette grâce-là d’annoncer aux nations l’insondable richesse du Christ et de mettre en lumière la dispensation du Mystère » (EphésiensIII, 8-9). Paul nous encourage à avoir une Parole forte, audacieuse. Sa leçon théologique pour aujourd’hui est la présence du Christ vivant qui vient habiter chez nous, nous invitant à un changement de vie radical dans la suite du Christ. « Aimez vous les uns les autres comme le Christ vous a aimés ».