Diaconia 2013 : place à la parole des pauvres

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Créé dès le départ de la démarche « Diaconia 2013-Servons la Fraternité », le groupe « Place et Parole des Pauvres » concrétise la façon d’y associer directement les plus fragiles. Reportage.

 

Séquence prospective, le 25 février dernier dans les locaux de la Conférence des évêques de France. Les membres du groupe « Place et Parole des Pauvres » commencent à réfléchir au message qu’ils aimeraient transmettre à l’Église, comme à la société, lors du rassemblement Diaconia des 9-11 mai 2013 à Lourdes.

Cinq minutes de silence/recueillement pour écrire un ou deux mots forts et le tour de table s’organise dans une liberté de parole et une écoute respectueuse qui ont été la marque de ces échanges depuis novembre 2010.

« Moi j’ai pris le mot bonheur pour faire partager ma joie de ce que j’ai pu échanger, de ce que j’ai reçu », déclare Alain. Laurence, qui a opté pour le mot « regard » explique que « dans la société et même dans l’Église, on oublie de se regarder, or chacun mérite un regard. De même la parole doit aussi être donnée à ceux qui n’ont rien. Je suis sûre que le Christ a pris le temps d’écouter chacun ». Elle tient, elle aussi, à redire : « J’ai reçu tellement de tout ce que j’ai vécu ici ». Daniel, lui, a préféré le mot « partage ». Il l’entend au sens de « donner et recevoir, donner d’une telle manière que l’autre ne se sente pas humilié » et il pose cette question à propos des vocations : « Est-ce que Dieu appelle aussi les pauvres à servir l’Église ? » « Cette Église où on se respecte, où on se mélange, elle est possible », affirme sœur Suzanne. « Tout seul on est rien, déjà le fait d’être ensemble, ça nous fait avancer », commente Marcelle. « Ensemble on peut chasser la peur. Si on est des chrétiens responsables, on pousse la société », ajoute Dominique.

Le droit à la parole

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Presque tout y est résumé de ce qu’a vécu le groupe : joie de la rencontre, sentiment d’avoir formé un véritable collectif (à 9 personnes venues de toute la France et issues de divers groupes de partage de vie et de foi jusqu’à juin 2012 puis à 17 ensuite) et surtout d’avoir été reconnus et entendus.

« Nous n’avions aucun cahier des charges, nous avons été un groupe autonome qui a réfléchi de manière libre et gratuite et s’est imposé par une prise de parole tranquille, à sa place, quitte à ce que ses interlocuteurs la reçoivent parfois comme un coup à l’estomac », précise Jean-Claude Caillaux, qui a animé les 25 rencontres.

Ce fut vrai aussi bien dans celles avec les membres du Comité de pilotage de Diaconia qu’avec des théologiens, des cardinaux (Mgr Jean-Pierre Ricard, archevêque de Bordeaux, Mgr André Vingt-Trois, archevêque de Paris et Mgr Philippe Barbarin, archevêque de Lyon) et des économistes du « Club Diaconia » – un espace de rencontre entre des personnes en situation de précarité et des dirigeants d’entreprises, haut-fonctionnaires et journalistes.

À la demande de cette instance, trois documents ont été élaborés par le groupe : « Qu’est-ce qui est essentiel pour mener une vie bonne ? », « Le rôle de la fragilité », « Créer de la richesse ». Ils font suite à trois autres contributions : une sur l’Église, une sur la Fraternité et une sur la Diaconie. Une manière de garder des traces et de partager la réflexion propre à ce groupe hautement symbolique de la démarche de Diaconia.

Le 10 mai 2013, le quotidien La Croix consacrera un numéro spécial à Diaconia 2013, avec pour rédacteurs en chef des membres du groupe « Place et Parole des Pauvres » !

Si on comparait l’Église à un arbre…

« Ce serait un arbre tordu. Parce qu’il y a les pauvres d’un côté et les riches de l’autre. Tordu aussi parce que tantôt, on va dans le bien, tantôt dans le mal. Parfois l’Église se laisse prendre dans un péché collectif, mais elle se redresse. Ou bien elle favorise les riches, mais en même temps on ne veut pas oublier les pauvres. L’arbre devient tordu parce que l’on ne s’occupe plus des pauvres ».

Extrait de la contribution du 24.02.2011

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