COP 21, les évêques européens préparent un rapport
En amont de la Conférence mondiale sur le Climat (COP21), les 27 évêques de la Commission des Épiscopats de la Communauté européenne (COMECE) étaient à Paris en assemblée plénière exceptionnelle, du 28 au 30 octobre 2015. Une conférence de presse a permis d’évoquer la publication, mi-novembre à Bruxelles, d’un document et de rappeler la mobilisation de toute l’Église avant ce grand rendez-vous. Par Chantal Joly.
Avant qu’il n’inaugure au Collège des Bernardins le cycle de conférences consacrées aux « Enjeux culturels et spirituels de la conversion écologique », le cardinal Reinhard Marx, archevêque de Munich et Freising, président de la COMECE, a rappelé devant la presse, à l’instar du Pape François, que tout est lié et que réunis pour « le sujet très important » du climat, les évêques européens ont aussi évoqué « la situation dramatique des migrants ». Ils ont du reste désigné un de leurs pairs, Mgr Ägidius Zsifkovics, évêque d’Eisenstadt en Autriche, pour coordonner un groupe de travail sur cette question à laquelle ils sont « très sensibles ».
S’agissant des urgences écologiques avec la menace d’un « changement climatique très dangereux pour les pauvres », la COMECE a commissionné un groupe d’experts de différents métiers et différents pays avec qui elle va finaliser un texte destiné à proposer des pistes concrètes de « changement de mode de vie ».
Quelques jours après l’appel lancé à Rome par les cardinaux, patriarches et évêques du monde, les évêques du continent européen apportent donc eux aussi leur pierre à l’édifice. « C’est un rêve qu’on peut avoir comme évêque. L’Église n’est pas une armée uniforme mais une communion, un peuple avec différentes responsabilités en route. […] Pour la première fois, je peux voir que toute l’Église est en marche », s’est réjoui le cardinal Marx. Et de citer « les actions du Peuple de Dieu, les déclarations des évêques et leur participation aux actions, l’encyclique du Pape, la délégation du Saint Siège qui sera présente dans les conférences officielles ; jusqu’aux paroisses dans lesquelles on échange autour de la COP21 ».
L’Église lit les signes des temps
Archevêque de Strasbourg et délégué des évêques de France à la COMECE, Mgr Jean-Pierre Grallet a souligné sur le fait que leur instance, qui réunit des évêques « de la chaude Italie et de la froide Estonie » qui vivent de façon opposée le changement climatique est « une petite Parabole qui illustre la complexité des problématiques et leur confrontation dans un climat de belle solidarité ». Dans sa propre région, les Églises donnent l’exemple de cette fraternité avec des recherches communes autour de l’énergie et des transports et, du 7 au 15 novembre de Strasbourg à Metz, un « Chemin œcuménique transfrontalier pour la justice climatique » qui sera « ouvert à toutes les personnes de bonne volonté et de toutes confessions », en lien notamment avec des Musulmans et des Bouddhistes.
Saluant « l’accélérateur de consciences » qu’a été l’encyclique Laudato Si’, Mgr Grallet a reconnu que l’écologie a été « minoritaire dans les préoccupations » de l’Église catholique, prioritairement mobilisée sur « les questions sociales ». Mais elle aussi s’est « convertie ». Aujourd’hui toutes les crises (sociale, environnementale, financière…) étant liées, en cette Année de la Miséricorde, « l’Écologie, a-t-il expliqué, manifeste la miséricorde pour la Terre ».
« L’Église peut aussi apprendre du monde et lire les signes des temps à la lumière de l’Évangile. […] L’Église a appris que l’écologie est un défi spirituel pour tous » a conclu le cardinal Marx.