Les invités des évêques à l’Assemblée plénière témoignent de l’urgence d’une transition écologique

Véronique Larat du diocèse de Laval a recueilli les témoignages de participants diocésains à l’Assemblée plénière des évêques de France qui se tient à Lourdes en novembre 2019. Ces laïcs ou prêtres ont été invités par leur évêque pour réfléchir à l’avenir de la mission et à la transition écologique dans leur diocèse.

En Vendée, on avance avec conviction pour changer de monde

ap lourdes participantsGuillaume et Vincent accompagnent Mgr François Jacolin, évêque de Luçon. Tous trois témoignent de l’urgence d’une transition écologique claire et nette, dans le sillage du Pape François et de l’appel lancé au monde par les scientifiques.

« Si on ne s’en préoccupe pas, c’est qu’on est  complètement en dehors du monde » commence Guillaume responsable de la pastorale des jeunes de Vendée. Arrivé ici il y a deux mois, il a déjà quelques années d’animation auprès des jeunes en tant que membre du MEJ national.  « Il y a quelque temps, j’ai animé un camp de jeunes de 15 ans. Pour eux,  il est urgent de changer de mode de consommation d’une manière générale. Chez eux, ce n’est pas un engagement politique au sens des partis. Il y a peu de clivages chez eux. Il faut d’autant plus qu’on leur apporte des réponses ».

Vincent, lui est ancien agriculteur et surtout un nouveau, comme il se définit lui-même… « Le nouveau, il élève des vaches dans le marais breton, en Vendée – ce n’est pas en Bretagne pourtant », précise-t-il.  « Ce sont des vaches maraîchines, rustiques, capables de vivre dans des prairies que l’on ré-inonde. L’objectif est de faire revenir les oiseaux migrateurs en recréant un milieu naturel disparu, favorable à leur passage. Tout en gagnant sa vie, histoire de ne pas tomber dans l’utopie, et en solidarité avec des consommateurs et des naturalistes ».

J’ai toujours été sensible dans la Bible au récit de la Création qui est un récit écologique, confie Mgr Jacques Jacolin. « La bible nous dit que toute la création est solidaire.  J’avoue que c’est pour moi une prise de conscience progressive.  Il est vrai que nous sortons d’ un monde où l’on ne se rendait pas compte qu’on était en train d’épuiser la planète et de la démolir. Aujourd’hui on sent l’urgence absolue. Mais il faut faire attention aux discours contre-productifs pseudo scientifiques à la solde de puissances économiques. Il est important de veiller à une éthique de l’écologie ».

A la question : essayez-vous le zéro déchet, personnellement, Mgr Jacolin avoue avec réalisme : « oui, il y a des choses que je change, mais certainement pas encore assez. On a besoin des autres pour s’encourager, se donner des idées. C’est une question de décision et de courage, d’entraînement à la fois ensemble et personnel ».

« L’urgence écologique va nous aider à retrouver l’Évangile »

« Je ressens ici beaucoup de joie », s’exclame Maya, une jeune maman, invitée par l’évêque de Toulouse, Mgr Le Gall.  Elle est venue avec son bébé. L’entendre pleurer dans l’hémicycle est une grande première. C’est beau et presque de circonstance. « Quand on côtoie les milieux  alternatifs, on voit un manque d’optimiste. Ici, au contraire, j’entends de l’espérance. L’idée des modes de vie que l’on a évoqué, sont des modes de vie joyeux, qui à mon avis sont très évangéliques. Pour moi, l’urgence écologique va nous aider tous à retrouver l’Évangile, à se rapprocher du Christ. Et le fait de venir ici avec mon fils qui est tout jeune, je suis heureuse de voir que cela nous touche tous et qu’on a tous envie d’avancer pour sauvegarder la Création. On ne perd rien. On va gagner en relation, en simplicité de vie, en sens à nos vies… Je trouve cela vraiment joyeux ».

Dans la Meuse, la famille de Laurence sont en bio depuis 20 ans

« Avec mon mari nous sommes agriculteurs bio depuis déjà 20 ans, nous dit Laurence. Au début on nous a pris pour des rigolos. Les voisins venaient voir l’état de nos champs et ils ne croyaient pas du tout à notre conversion ». Bien sûr cela n’a pas été facile, mais aujourd’hui l’exploitation compte six emplois, dont un des enfants et son épouse. Et la commune compte trois exploitations bio sur quatre.

Et Dieu dans tout cela ? « C’est dans nos rencontres du CMR (Chrétiens dans le monde rural) que nous nous sommes posé beaucoup de questions. Nous ne nous trouvions plus en phase avec la Bible. C’est ce qui nous a convaincus de franchir le pas. » Pas question pour autant de juger l’agriculture conventionnelle. « Nous avons fait ce choix mais nous nous défendons d’avoir un regard négatif. Car nous savons combien il est difficile de s’engager dans une reconversion, surtout lorsque les exploitations sont devenues très importantes ».

En Ariège, Emilie et son mari ont choisi la sobriété

Elle est kinésithérapeute, mariée, avec trois enfants… Emilie et son mari se sont installés il y a neuf ans dans un village alternatif pas spécialement catho en Vallée de l’Ariège – diocèse de Pamiers. Baptisée et confirmée  il y a un an et demi, elle était très sceptique quand Mgr Eychenne l’a invitée à venir ici. Deux jours après, « c’est un tournant dans ma vie. Humainement parlant, je n’ai jamais vécu un moment pareil ». « La sobriété, c’est ma vie. Tout ce que j’ai entendu à Lourdes m’a confortée dans le choix que nous avons fait, la façon d’élever nos enfants, loin des pressions sociales, de la télé, des tablettes».

Travail ne veut pas dire revenu financier

Emilie insiste aussi sur la notion de travail : « on l’a dénaturé aujourd’hui. Dans notre village, souvent il n’y a qu’un seul revenu dans le couple. L’autre restaure la maison, cultive le potager, élèvent des animaux qui nourrissent, s’occupent des enfants… Moi je trouve qu’ils travaillent vraiment. » Ce n’est pas une vie de baba cool. La richesse du cœur et la richesse humaine, voilà ce qu’il faut développer, bien plus que la richesse du porte-monnaie… Et l’Evangile ? « L’amour du Christ, l’amour qui nous porte, c’est devenu le centre de notre vie… C’est cela la sobriété… On est nourri… non pas de la société de consommation, mais vraiment nourri par le Christ ».

#APLourdes