» Nous y sommes ! » par Soeur Dangeard
Témoignage de Sr Anne-Claire Dangeard, op, pour l’opération « Toile de Miséricorde », lancée par l’Eglise catholique en France, à l’occasion de la 50ème Journée mondiale de la communication, le 8 mai 2016.
Sœur Anne-Claire Dangeard a fait sa profession religieuse perpétuelle en 2013 au sein de la congrégation Romaine de Saint Dominique. Elle est responsable des Médias à la Conférence des religieux et religieuses de France (CORREF) et c’est à ce titre qu’elle apporte sa contribution à cette initiative.
Nous y sommes ! Trois mots qui résonnent depuis quelques années, aux oreilles des webmasters des congrégations religieuses. Chaque année, c’est l’appel à se retrouver entre nous et en Église, pour réfléchir, partager, tisser ensemble la toile.
Nous y sommes. Le « y » au milieu du « Nous sommes », c’est le lieu inconnu. Parce que les réseaux sociaux sont un peu comme un lieu que personne, pas mêmes les grands noms de la cathosphère, ne pourrait désigner plus précisément.
Cet adverbe d’une seule lettre pointe comme un cap à tenir pour chacun. Cette année, il a pris la couleur de la miséricorde. Dans nos formules de professions religieuses, nous demandons souvent cette miséricorde de Dieu et de nos frères et sœurs. Tant bien que mal, nous l’expérimentons en communauté. Avec ses frottements et ses ouvertures…
Puisque nous la demandons, que nous essayons de la vivre, essayons d’user (et d’abuser) de la miséricorde sur les réseaux sociaux. Qu’est-ce qui fait de moi un apôtre du Christ ? Mon nombre de followers sur Twitter, de vues sur Youtube, mes amis sur Facebook… Est-ce que j’ai autorité parce que mes statistiques sont à la hausse ? Est-ce que je détiens la vérité parce que je suis omniprésente sur la Toile ?
La miséricorde m’invite à me pencher sur mon prochain, quel qu’il soit, à ne jamais me contenter du virtuel mais toujours renvoyer vers le réel et susciter de vraies rencontres. Elle m’invite à me faire internaute avec les internautes, comme Paul découvrant la Grèce ; à toujours faire un effort d’inculturation pour mieux comprendre et essayer une réponse aux appels de notre temps.
Nous y sommes. J’imagine cette lettre Y comme un arbre planté dans les eaux mouvantes des réseaux sociaux, ses racines plantées profondément dans le sol, pour faire mémoire (avec gratitude), ses feuilles tournées vers le ciel pour y puiser des énergies créatives et vivre le présent avec passion, les branchages largement déployés pour être attentifs aux interrogations de notre monde.
Sur les réseaux sociaux, nous avons découvert une certaine liberté de parole. Mais aussi découvert que la vérité n’était pas forcément dans le message mais dans la manière de l’énoncer.
Nous y sommes. J’y suis, avec toute l’urgence, la vigueur et la responsabilité d’une parole qui me dépasse, qui me précède. Une Parole proclamée au nom de Celui qui me donne vie, le Christ.