Mgr Georges Pontier, président de la CEF, père et frère !
En avril 2013, lors de cette assemblée plénière assez étonnante car, en raison, du conclave qui allait élire le pape François, elle se déroulait à Paris, Mgr Pontier était élu Président de la Conférence des évêques de France. Quasiment le même jour, j’étais élu secrétaire général de la Conférence. Le Président et le secrétaire général sont condamnés à s’entendre. Nous ne nous connaissions pas, nous n’avions jamais travaillé ensemble mais je peux dire avec une immense reconnaissance que ces 6 années de collaboration ont été une source de joies quotidiennes. Car c’est chaque jour que le Président et le secrétaire général se contactent. Lui de Marseille, moi à Paris. Appels téléphoniques bien souvent pluriquotidiens, échange de mails et puis bien sûr les rencontres à Paris pour le Conseil permanent ou divers rendez-vous, à Lourdes pour les assemblées plénières ont rythmé ces années.
Le mandat de Mgr Pontier à la Présidence de la CEF n’aura pas été de tout repos. Les questions à affronter et notamment les crises traversées par l’Église ces dernières années ont été lourdes : scandales des agressions sexuelles sur mineurs, dérives sectaires, crise des migrants, attentats terroristes, etc. Mais le pasteur, l’homme sage, l’artisan infatigable de la communion ont permis que la Conférence demeure paisible. Combien de fois, le Président n’a-t-il pas dit à son secrétaire général « on en reparle demain » pour ne pas être pris par la précipitation qui est bien souvent mauvaise conseillère ? J’ai admiré le pasteur si fraternel et simple, soucieux avant tout que l’Évangile soit annoncé et vécu ; j’ai aimé et j’aime l‘homme humble et discret, se ressourçant dans la prière quotidienne. « Vous, à Paris … » me disait-il … cela veut tout dire ! L’agitation n’est pas son style. Mais dans une telle fonction, il y a besoin de recul, de hauteur, de réflexion. Le travail que Mgr Pontier a proposé aux évêques en début de son mandat sur le discernement évangélique, son désir que les assemblées plénières soient marquées par une réelle dimension spirituelle resteront des éléments marquants de sa présidence.
Former un duo ne signifie pas prendre des décisions à deux. Bien sûr, le Président est là pour trancher quand c’est nécessaire, mais je suis témoin de la volonté de Mgr Pontier d’associer ses confrères à sa responsabilité. L’attention qu’il a portée au travail du Conseil permanent, son souci que les grandes questions soient débattues le temps nécessaire pour que chacun s’exprime sont caractéristiques de son mode de gouvernement. Les séances du Conseil s’ouvraient toujours sur un temps d’échange sur l’actualité, signe que l’Église n’est pas désincarnée mais que sa mission se déploie dans une époque et une société données. Et puis, 32 années d’épiscopat donnent une expérience irremplaçable. Mgr Pontier « sent » l’assemblée ; il pressent que le moment vient de passer à un vote ou au contraire que les évêques rassemblés ne sont pas mûrs pour aller plus loin car, comme il le disait souvent : « on ne force pas l’assemblée ».
6 années … elles sont passées bien vite ; cela ne veut pas dire que les semaines et les journées n’ont pas été parfois longues ! Mais l’humour de Mgr Pontier et le soleil de Marseille qu’il garde au cœur, ont été pour le secrétaire général que je suis un enchantement quotidien et une source profonde de joie. J’en rends grâce à Dieu.
P. Olivier RIBADEAU DUMAS
30 juin 2019