Message du Pape François aux Chrétiens d’Irak
Message du Pape François aux chrétiens d’Irak porté par le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, qui s’est rendu pour 48 heures à Erbil où il est reçu par Mgr Sako, Patriarche des Chaldéens.
Chers frères et sœurs,
Je voudrais tous vous saluer personnellement, à commencer par le Cardinal Philippe Barbarin, qui vient une fois de plus vous transmettre la préoccupation et l’amour de l’Église toute entière. Moi aussi, je voudrais être là ! Mais comme je ne peux pas voyager, je le fais ainsi. Je suis si proche de vous, dans ces temps d’épreuve. Je l’ai dit, en revenant de mon voyage en Turquie : les Chrétiens sont en train d’être chassés du Moyen-Orient, dans la souffrance. Je vous remercie du témoignage que vous rendez ; mais il y a tant de souffrance dans votre témoignage… Merci ! Merci, vraiment !
Il semble que ces gens ne veuillent pas que nous soyons Chrétiens. Mais vous, vous rendez témoignage au Christ. Je pense aux blessures et à la douleur des mères avec leurs enfants, des personnes âgées et des réfugiés, aux personnes victimes de toute sorte de violence. Comme je l’ai rappelé à Ankara, une préoccupation particulière tient au fait que c’est surtout par la faute d’un groupe extrémiste et fondamentaliste que ces communautés, spécialement les Chrétiens et les Yézidis, mais d’autres également, sont parties, et que toutes sont victimes de violences inhumaines, à cause de leur identité ethnique et religieuse. Chrétiens et Yézidis ont été expulsés de leurs maisons par la force, ont dû tout abandonner pour sauver leur propre vie sans renier leur foi. La violence s’en est prise aussi aux lieux saints, aux monuments, aux symboles religieux et au patrimoine culturel, comme si ces chefs religieux voulaient effacer toute trace, toute mémoire de l’autre.
Nous avons l’obligation de dénoncer toutes les violations de la dignité et des droits de l’homme. Et moi, aujourd’hui, je voudrais me rendre plus proche de vous, qui portez cette souffrance, et être avec vous.
Je pense à sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, qui disait que, comme l’Église, elle se comparaît à un roseau. Quand viennent le vent et la tempête, le roseau plie mais ne se casse pas. Vous êtes, en ce moment même, ce roseau ; vous pliez, avec douleur ; mais vous avez cette force qui vous fait tenir bon dans votre foi, et c’est pour nous un témoignage. Aujourd’hui, vous êtes les roseaux de Dieu ! Les roseaux qui s’abaissent sous ce vent féroce, mais qui ensuite se redresseront.
Je veux rendre grâce à nouveau. Je prie l’Esprit qui fait toutes choses nouvelles de donner à chacun d’entre vous force et résistance – c’est un don de l’Esprit-Saint. Dans le même temps, j’appelle, comme je l’ai déjà fait en Turquie, un grand rassemblement international capable de résoudre ces conflits qui ensanglantent vos terres d’origine, de s’opposer à tout ce qui contraint les personnes à quitter leur patrie, et de promouvoir les conditions pour qu’elles puissent demeurer chez elles, ou y revenir. Je vous souhaite de revenir, de pouvoir revenir chez vous.
Chers frères et sœurs, vous êtes dans mon cœur, dans ma prière, et dans le cœur et la prière de toutes les communautés chrétiennes à qui je demanderai de prier de façon spéciale pour vous le huit décembre, de prier Notre-Dame pour qu’elle vous protège, pour qu’elle qui est Mère vous protège. Frères et sœurs, votre résistance et votre martyre sont une semence féconde. S’il vous plaît, je vous demande de prier pour moi. Que le Seigneur vous bénisse, que Notre-Dame vous protège. Que Dieu Tout-Puissant vous bénisse, le Père, le Fils et le Saint-Esprit.