Irak : la liberté religieuse des chrétiens menacée

 

L’Aide à l’Eglise en Détresse publie un rapport sur la liberté religieuse dans le monde. Mgr Georges Casmoussa, évêque de Mossoul, était à Paris pour témoigner du quotidien des chrétiens en Irak.

 

Le rapport est né d’un constat que Marc Fromager, Directeur de l’Aide à l’Eglise en Détresse (AED), explicite sans détour : « L’absence de liberté religieuse fait d’innombrables victimes ». Parmi eux, les chrétiens d’Irak, un pays où l’appartenance religieuse est inscrite sur la carte d’identité.

Les chrétiens représentaient 1,5 millions de personnes il y a 15 ans. A la chute de Saddam Hussein en 2003, ils étaient entre 700 000 et 800 000. Mgr Georges Casmoussa, évêque syrien-catholique de Mossoul, estime que la moitié seulement vit encore en Irak aujourd’hui. A ce rythme, il pourrait n’en rester aucun dans 10 ans.

La ville du nord de l’Irak est le berceau de la chrétienté dans ce pays à 96 % musulman. Mgr Casmoussa dépeint la réalité de la deuxième métropole iraquienne avec 2 millions d’habitants : 26 églises, une dizaine de monastères et couvents, 4 évêchés catholiques et orthodoxes, des centres bibliques, des écoles chrétiennes… et aussi une dizaine de morts pendant le Ramadan, trois maisons détruites à l’explosif, 932 familles chrétiennes qui ont fuit les violences début octobre. Lui-même a été enlevé contre rançon en 2005.

Face aux menaces, aux discriminations et à la négation de leurs droits, Mgr Casmoussa se demande si on ne chercherait pas à « vider l’Irak des chrétiens« . Il repousse l’idée de territoires réservés aux minorités, sortes d’« enclos confessionnels » : « Tout le monde doit participer au gouvernement de ce pays. Nous demandons une citoyenneté égale à celle des autres et la participation à la vie commune ».

Il reconnaît que le dialogue interreligieux est un sujet sensible : « Dialogue officiel ? Non. Dialogue de vie, oui. Le chrétien est perçu par les musulmans comme un homme de confiance, d’ouverture et de vérité ». C’est lui qu’on consulte pour régler un litige… Les tentatives de connaissance mutuelle s’arrêtent là.

Mgr Casmoussa rapporte pourtant les gestes de solidarité de musulmans qui vont au marché pour leurs voisins chrétiens. Son espérance force le respect : « J’espère que la convivialité va reprendre et continuer ». 

 

Réflexion du Saint-Siège sur le sens profond du droit à la liberté religieuse

Mgr Francesco Follo, observateur permanent du Saint-Siège auprès de l’UNESCO, est intervenu au cours de la 180ème session du Conseil exécutif de l’Unesco (30 septembre au 17 octobre 2008).

(…)Concernant plus particulièrement le droit à la liberté religieuse, il faut commencer par affirmer qu’elle est l’expression d’une dimension constitutive de la personne humaine, que l’on ne peut pas nier ou contourner. En effet, cette liberté, du point de vue objectif, se définit dans le fait de croire ou de ne pas croire, d’avoir une religion ou de ne pas en avoir, ou d’en changer ; et du point de vue subjectif cette liberté ne fait pas obstacle aux autres dimensions de l’être humain, comme celle du citoyen, mais en revanche, elle est orientée vers l’Absolu, unifie l’être humain plutôt que le fragmenter, et prône une véritable fraternité entre les hommes. En outre, observons que la liberté d’une personne se déploie en lien avec la liberté des autres. C’est une liberté qui est avec les autres et à travers les autres, et donc avec l’Autre, avec l’Absolu (…)

 

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