« L’espoir américain… » par Mgr André Dupleix

Secrétaire général adjoint de la Conférence des évêques de France, Mgr André Dupleix revient sur les attentes liée à l’investiture de Barack Obama.
Rarement attentes auront été aussi fortes au moment d’une investiture présidentielle. Si l’on recense tous les termes utilisés à cette occasion, ce sont bien ceux d’espoir, de réconciliation, de nouveau départ, voire de renouveau ou de renaissance qui dominent.

Un homme porte tout cela sur ses épaules et dans son cœur. Nul doute que Barack Obama a une incontestable stature. Je viens d’achever la lecture de sa biographie, écrite en 2004, récemment traduite et publiée sous le titre Les rêves de mon père. Tout, dans ce document, fort bien écrit par ailleurs, dit les qualités humaines, la lucidité d’analyse, la capacité de résistance, le bon sens et surtout la vision d’un homme dont tout pousse à croire qu’il est capable de s’engager résolument, avec calme et détermination, dans un véritable retournement de perspectives.

Il sait ce qu’il va rencontrer, ce à quoi il sera confronté. Il en connaît les risques. Mais ceux qui refusent les risques enfouissent la grandeur de leurs projets. Tous ceux qui ont délibérément choisi de conduire leur volonté de réconciliation ou de paix dans les inévitables lacis des jeux institutionnels, politiques et économiques, ont connu les oppositions frontales ou souterraines, le soupçon, les menaces ou même la mort…

Mais si quelque chose peut et doit changer au plus haut niveau des responsabilités mondiales, encore faut-il que certains incarnent un jour ou l’autre ce désir que n’anéantissent ni l’intimidation, ni la violence, ni la peur. Croire à l’unité d’un peuple multiracial, vouloir en vérité parler à l’adversaire, rendre aux plus déshérités toute leur dignité, promouvoir un nouvel ordre mondial sans l’imposer par une puissance aveugle et dominatrice, cela peut sembler, dans le contexte présent, naïveté ou irréalisme. Cela vaut pourtant la peine d’y engager sa vie, la tâche fût-elle rude, très rude. L’espoir américain devient, quelque part, le nôtre.

Les dossiers déposés dans le bureau ovale du président sont considérables. Tous concernent aussi, au-delà de la stabilité interne d’un peuple, l’ensemble de la planète et de l’humanité. Un seul homme, aussi charismatique soit-il, ne s’en sortira pas seul. Mais cet homme-là n’est pas seul et il le sait. Puissent les mois et années à venir le montrer. Et puisse le rêve de Martin Luther King devenir réalité ! Même lentement, progressivement mais irréversiblement, réalité ! Personnellement j’y crois de toutes mes forces humaines et spirituelles.

C’est pour cela que Barack Obama mérite notre soutien…