Elargir l’espace de nos tentes à la dimension du monde avec la DCC

La Délégation Catholique pour la Coopération (DCC) vient d’envoyer 18 volontaires en mission. Interview de François Fayol, son nouveau président.
Articulé entre « vie professionnelle et vie syndicale », et plus largement, entre « vie professionnelle et vie militante », François Fayol qualifie son parcours d’ « hybride ». Cet administrateur civil au Ministère des finances est secrétaire de la CFDT-Cadres pour encore 2 mois.

Il s’est aussi investi dans l’associatif et en Eglise, notamment à travers une responsabilité régionale chez les Scouts de France et en tant que délégué du diocèse de Créteil pour les JMJ à Paris (1997) puis à Rome (2000).

Lui-même père d’un volontaire parti au Caire rebâtir le catalogue informatique de la bibliothèque des Dominicains, il connaît bien Frédéric Mounier, l’ancien président de la DCC.
 

Pourquoi avoir accepté cette mission ?

Elle m’a beaucoup intéressé parce que la problématique Nord/Sud, autour de la solidarité internationale et du développement, est quelque chose que j’ai déjà porté au niveau syndical. Il y a donc une certaine continuité.
 

Comment l’abordez-vous ?

Quand on arrive dans une organisation qui a 40 ans, on ne vient pas avec un projet tout ficelé. On prend le temps d’écouter les gens, de regarder, de travailler avec eux. J’ai passé deux jours fin mars avec l’ensemble des bénévoles – chargés de mission, chargés d’orientation de formation, correspondants diocésains : une plongée dans le réel. J’étais au coeur d’une association vivante ici comme là-bas. La DCC, c’est plus de 400 partenaires dans 70 pays mais aussi en France, avec tout son réseau de bénévoles d’une très grande générosité. Retrouver un mouvement où les jeunes, adultes cette fois, ont toute leur place et sont moteurs de l’association, pour moi c’est quelque chose de tout à fait intéressant. Un bon nombre d’entre eux ont l’âge de mes enfants.
 

Quels sont les enjeux à venir pour la DCC ?

Comment offrir à tous les jeunes intéressés par le développement, par la relation Nord/Sud, la possibilité de mettre leur générosité au service des plus pauvres ? Il faut qu’on arrive à ouvrir tout ce que propose la DCC pour leur permettre d’y aller, pour rejoindre aussi ceux qu’on a du mal à toucher. C’est quand même un peu toujours les mêmes qui partent (cf encadré). Et aussi, comment répondre à des besoins qu’on n’arrive pas à satisfaire ? Par exemple, de métiers plus manuels ou bien de comptables. Il faut qu’on arrive à diversifier les profils. Ce qui compte, c’est la relation entre un partenaire, la DCC et un volontaire. Que l’adéquation se fasse !
 

Qu’est-ce que cela suppose de la part des partenaires ?

On a un travail à faire avec eux pour leur expliquer que les jeunes de France ne sont pas ceux qu’ils croient. Les jeunes de la DCC sont les jeunes d’aujourd’hui, avec toute leur diversité dans leur rapport à l’Eglise et à la foi. Partir comme volontaire de la DCC est pour eux une expérience importante sur ce plan-là. Il faut que les partenaires soient capables d’accepter des gens en questionnement ou qui ont un peu de distance avec les offices religieux. Qu’ils aient le souci d’accueillir un volontaire tel qu’il est ! On est vraiment au coeur d’un projet pastoral : réussir la relation entre un partenaire, généralement l’Eglise locale qui a un projet et un besoin, et lui proposer un volontaire avec un projet et des envies.
 

Vers quoi faire évoluer le volontariat ?

Comment inviter des jeunes et des moins jeunes à vivre leur générosité ailleurs, en élargissant l’espace de leur tente à la dimension du monde ? C’est la question qui m’est venue en tête quand Frédéric Mounier m’a demandé de prendre sa suite. Ca ne va plus seulement être le séjour long d’un ou deux ans. Est-ce que la DCC est capable de proposer des missions plus courtes de 4, 5 ou 6 mois, sur des critères plus professionnels ? Une expérimentation est programmée en Afrique. On peut s’adresser à des jeunes ou à des étudiants qui ont une année de césure par exemple. Sachant qu’on a aussi des seniors qui partent. C’est quelque chose de nouveau auquel on doit s’adapter.
 

Qui sont les volontaires de la DCC ?

Il est bien loin le volontaire du Service National qui choisissait la « coopé » pour éviter la caserne ! Aujourd’hui, la DCC envoie 60% de femmes à l’étranger.
Le volontaire type est une jeune femme de 28 ans, célibataire, bac + 4/5 et engagée en Eglise.
Depuis une dizaine d’années, entre 10 et 15 départs par an concernent des pré-retraités, un phénomène stable.
Pour la première fois, 5 séjours courts (3-6 mois) auront lieu en Afrique, cet été et cet automne, pour des missions techniques ciblées, en agronomie essentiellement.

En avril 2009, 18 volontaires se sont préparés à partir en mission avec la DCC. Mgr Michel Santier, évêque de Créteil, a célébré la messe d’envoi. Agés de 25 à 50 ans, certains sont célibataires et d’autres en couple. Si leurs profils sont divers, leurs motivations se rejoignent : désir de rencontre, de service, d’étape ou de moment particulier dans leur parcours, recherche de sens ou encore démarche de foi.

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