Pèlerinage marial au Folgoët : les « Pemp Sul » de mai

Comme chaque année, la basilique Notre-Dame de Folgoët, près de Quimper, a accueilli des milliers de pèlerins. Depuis le début du mois de mai et durant cinq dimanches consécutifs. 

Venus prier et vénérer la Vierge en ce mois de Marie, ce ne sont en effet pas moins de 3.000 à 4.000 pèlerins qui se sont rassemblés. Cette dévotion des « cinq dimanches », ou Pemp Sul en breton, a ainsi été cette année encore l’occasion d’un temps fort spirituel pour les « Léonards », habitants du diocèse.

A l’origine du lieu, une légende

Au XIXème siècle, le Pape Pie IX (1846-1878), tenant compte de la ferveur populaire, confirme les faveurs spéciales accordées aux fidèles qui venaient prier au Folgoët durant les cinq dimanches de mai. Mais, bien avant qu’on appelle le mois de mai « mois de Marie », les Pemp Sul remonteraient au XVIIIème siècle.

Les origines, quant à elles, semblent encore plus lointaines : les pèlerins se retrouvent à la suite de Salaün ar Foll, pauvre « innocent » décédé vers le milieu du XIVème siècle, qui, surnommé « le fou du bois », Fol ar Coat, a donné son nom à la ville. Il est à l’origine d’une légende qui a engagé la construction de la basilique. Peu après sa mort en effet, on découvrit sur sa tombe un lys, prenant racine dans sa bouche et sur lequel était écrit en lettres d’or « Ave Maria », paroles qu’il aimait à répéter de son vivant, dans une inlassable prière. Le miracle attira rapidement les foules et on voulut construire une chapelle sur sa sépulture. Averti des merveilles qui se déroulaient au Folgoët, Jean IV de Monfort, pour accomplir son vœu d’édifier un sanctuaire à Notre-Dame et pardonner ses exactions, favorisa la construction de l’église actuelle dans la deuxième moitié du XIVème siècle. Sa construction est reprise par son fils, le duc Jean V de Bretagne au début du siècle suivant qui l’érige en collégiale et la fait élever au rang de basilique mineure en 1427 par le pape Martin V.

Cette basilique, un des premiers monuments classés au titre des monuments historiques par Prosper Mérimée en 1840, est le témoin de la foi populaire et des périodes de calme et de troubles que la Bretagne a traversées : elle dit l’architecture religieuse qui fleurit un peu partout dans la région avec la paix retrouvée. Pure merveille de l’art gothique, malgré les heurts de son histoire et les affres de la Révolution française, elle demeure très riche par son architecture et sa statuaire. Elle possède, entre autres, un des très rares et des plus beaux jubés de France, merveille de ciselure du XVème siècle en granit de Kersanton. A noter aussi au sud, le porche des douze apôtres au sortir duquel se trouve la statue équestre du duc Jean V de Montfort, grand bienfaiteur du Folgoët. A son chevet, se trouve une fontaine surmontée d’une statue de la Vierge, où les fidèles affluaient pour chercher la guérison du corps et de l’âme.
 

Les Pemp Sul aujourd’hui, une démarche de foi toute personnelle

Aujourd’hui encore, « les cinq dimanches » témoignent d’une piété ardente. Il s’agit de passer un peu de temps auprès de Marie et de participer cinq dimanches de suite à l’Eucharistie.

Le Père Paul Berrou, organisateur de ce grand pèlerinage, nous en révèle l’âme à travers la ferveur, la foi et la confiance des fidèles qui viennent se recueillir discrètement auprès de la Vierge dans une démarche purement personnelle : « Le pèlerin vient prier Marie lui confier ses intentions, lui mettre un cierge, toucher la statue. S’il ne peut venir le dimanche, il fait tout pour honorer Marie au moins cinq fois dans le mois. C’est une démarche personnelle, anonyme. Ce qui est très frappant, c’est que chacun est plongé dans sa démarche spirituelle intérieure et personne ne s’attend qu’on vienne le déranger… D’ailleurs celui qui le fait est considéré comme un trouble -fête. Même si l’on est heureux de retrouver sa famille ou ses connaissances, le but premier n’est pas comme pour un pardon la rencontre avec les autres. On est cependant heureux de prier, de chanter ensemble, serrés les uns contre les autres, faisant résonner les voûtes de la basilique. Chacun repart ensuite presque en silence comme pour continuer une sorte de retraite spirituelle. »

Pour pouvoir accueillir ces pèlerins, prêtres, religieux et laïcs s’investissent : messes les samedis et dimanches en français et en breton, célébrations mariales les après-midi, chapelets, enseignements les dimanches après-midi, demandent une bonne organisation. Ce ne sont ainsi pas moins de 150 bénévoles qui interviennent dans la préparation des célébrations liturgiques, pour l’accueil, la gestion des flux, la distribution des feuilles de chant et des cierges, ou encore pour le service des restaurations.

C’est ainsi toutes les familles du Léon qui restent aujourd’hui encore marquées par cette tradition. Jeunes et moins jeunes espèrent vivre un moment de grâce dans une ambiance de recueillement et de prière. Les Pemp Sul sont tout simplement « un lieu de vie et de foi ».
 

Le cantique « Patronez Dous Ar Folgoat »

Patronez dous ar Folgoad, Or Mamm hag on Itron, An dour en on daoulagad, Ni ho ped a galon;
Harpit an Iliz santel, Avel diroll a ra…. Tenn hag hir eo ar brezel!  Ar peoc’h o Maria!

Douce patronne du Folgoad, Notre Mère et notre Dame,  Les yeux en pleurs, Nous vous prions de tout coeur;
Secourez la Sainte Eglise, Il souffle un vent de tempête…  Dure et longue est la guerre!  La paix, ô Marie!

Oeuvre de l’abbé Jean Guillou au XIXème siècle, écrit en temps de guerre, ce cantique est chanté pour la première fois le 25 mai 1873 lors du rassemblement de clôture des « Pemp Sul » qui rassembla plus de 40.000 pèlerins. Pour le Père Paul Berrou, il reste d’actualité : « Le vent de tempête atteint chacun dans son corps, son cœur, les familles, le monde, l’Eglise et l’appel au secours peut être entendu par Notre Dame du Folgoët ».

Sur le même thème