Débats et questionnements autour de la bioéthique
Diffusé depuis le 1er mars à 3000 exemplaires en DVD et disponible en streaming sur la chaîne de télévision KTO, la vocation de ce documentaire est aussi de servir de support aux soirées de réflexion organisées par les diocèses et mouvement de l’Eglise catholique autour de la bioéthique.
Son réalisateur, le père Thierry Magnin, a assisté à une cinquantaine de réunions et présenté systématiquement le livre des évêques, le film venant en complément : « C’est un média plus interactif qui permet de donner une information et d’ouvrir le débat ». Premier constat : «Pour les trois quarts des participants, les questions touchant la bioéthique sont très floues et cette information aide à positionner le débat en donnant quelques points clés sur ce que dit l’Eglise en matière de bioéthique ».
Le public est généralement très diversifié, réunissant des catholiques, des professionnels de la santé, des membres d’autres confessions ou des personnes athées. « Dans ce film, nous abordons une vision chrétienne du sens de l’homme pour la partager avec tous : beaucoup s’y retrouvent finalement sans forcément être chrétiens », explique le père Thierry Magnin.
Scientifiques non chrétiens interviewés ou participants ne partageant pas les convictions de l’Eglise… tous ont salué le travail réalisé à travers le documentaire qui leur a « permis de mieux comprendre l’intelligence du message de l’Eglise catholique sur ces questions ».
Des approches différentes, des préoccupations universelles
Autre constante : le grand intérêt porté à la prise en compte de la souffrance chez les couples stériles et chez les parents qui apprennent que le fœtus possède une anomalie. « Ce sujet suscite beaucoup de questions, explique le père Thierry Magnin. Comment la société prend-elle ou non en compte ces enfants handicapés et accompagne-t-elle ou non leur famille ? ». Le témoignage de membres d’associations de familles d’enfants handicapés est ainsi précieux. Se greffe aussi à ce débat la difficulté de l’adoption d’enfants handicapés alors que « des familles sont prêtes à les accueillir ». Il existe ainsi des voies alternatives aux Interruptions Médicales de Grossesse (IMG). Dans le même esprit, le diagnostic préimplantatoire (DPI) suscite aussi souvent le débat : « Reçoit-on la vie comme un don ou veut-on absolument un enfant parfait ? »
Des interrogations sur la société et son évolution sont revenues constamment tout en prenant des formes différentes selon les publics : lors de séances organisées dans des universités, les participants abordaient davantage le débat en partant de considérations théoriques. A l’inverse, lors des réunions dans des structures moins académiques, les questions portaient sur des situations vécues. « Il y a alors beaucoup plus d’émotion, explique le père Thierry Magnin, ces soirées sont une véritable expérience pastorale dont on ne sort jamais indemne. »
Ainsi les animateurs de ces soirées – médecins, juristes et ou philosophes- doivent adapter en permanence leurs réponses en fonction du registre sur lequel les questions théoriques et les dilemmes des participants étaient exposés.
Au final, ces réunions ont eu en commun de donner envie aux participants de creuser le sujet : ils repartaient souvent pour cela avec le livre « Bioéthique : propos pour un dialogue ».
Une pédagogie à poursuivre au politique
Vicaire général du diocèse de Saint-Etienne mais également docteur en théologie et en physique des matériaux, le père Thierry Magnin faisait partie de l’équipe de relecteurs du livre des évêques auprès de Mgr Pierre d’Ornellas. C’est au cours de ce travail qu’il émit l’idée d’utiliser un second média plus interactif – la vidéo – pour permettre une diffusion encore plus large de la réflexion catholique sur les enjeux bioéthiques.
L’idée ayant tout de suite reçu l’aval enthousiaste des évêques, le père Thierry Magnin reprit la même équipe qu’il avait réunie l’an passé pour réaliser L’Homme entre science et religion, un autre documentaire. Fort de leur expérience, ils réalisèrent le film entre novembre 2008 et janvier 2009, en coproduction avec KTO, la Compagnie Lyonnaise de Cinéma et Télé 7, une chaîne locale non confessionnelle : « il était important que le film puisse passer dans tous les milieux et non se restreindre aux cercles catholiques » explique-t-il.
Quatre grands scientifiques y sont d’abord interviewés, deux incroyants ou agnostiques et deux chrétiens, et leurs regards sont parfois très différents sur le statut des embryons surnuméraires par exemple. « L’idée était de montrer le débat intérieur de personnes directement concernées par la recherche sans qu’elles soient forcément catholiques avec en regard, les positions de l’Eglise : à partir de là, il est possible d’entrer dans le débat avec les personnes qui désirent être éclairés ». Et le père Thierry Magnin d’insister : « Il ne s’agit pas de rendre un quelconque jugement sur qui que ce soit mais d’analyser les tenants et les aboutissants qui peuvent motiver la prise de décision en matière bioéthique. Chacun est ensuite renvoyé à sa conscience. »
Le film aborde les trois thèmes les plus populaires et les plus délicats abordés lors des Etats Généraux, la recherche sur les embryons et les cellules souches, qui pose la question du commencement et du don de la vie, la procréation médicalement assistée (PMA) – gestation pour autrui (GPA) incluse – qui interroge sur l’accueil de la souffrance des couples stériles et les relations entre sexualité, procréation et filiation, et enfin les diagnostics prénataux (DPN) et préimplantatoires (DPI) qui interpellent sur la compatibilité entre l’éthique et la médecine prédictive.