L’ « esprit Poullart » va souffler sur le diocèse de Rennes

tricentenaire de la mort de Claude Poullart des Places

Les Spiritains célèbrent le tricentenaire de la mort de leur fondateur Claude François Poullart des Places. Une messe à la cathédrale de Rennes le 27 septembre 2009, précédée d’une veillée de prière, marquera le début des manifestations.
Si la messe de la Pentecôte, présidée par Mgr Nahmias, évêque auxiliaire, a été célébrée le 31 mai dernier à Paris à l’église St Etienne du Mont, proche de la maison mère et de la maison provinciale des Spiritains, c’est à Rennes, berceau du fondateur de la Congrégation, que se tiendront la majeure partie des manifestations du tricentenaire.

Précédée par une veillée de prière à la paroisse St Germain, la messe du dimanche 27 septembre, célébrée par Mgr Pierre d’Ornellas, archevêque de Rennes, Dol et Saint-Malo à la cathédrale, aura une forte portée symbolique. Elle devrait en effet être co-célébrée par Mgr Gabriel Mbilingui, archevêque de Lubango en Angola et animée par la maîtrise de la cathédrale avec la chorale Interpeuples voulue par Mgr Jacques Jullien, l’ancien évêque, pour rassembler les catholiques immigrés de son diocèse. Et ceci en présence de descendants de la sœur de Claude François Poullart des Places.

Un message complètement contemporain
« Je ne connais pas d’autres Rennais connus dans 57 pays », commente le père Jean-Yves Urfié, spiritain, prêtre sur la paroisse Bienheureux Frédéric Ozanam. Les manifestations du tricentenaire auront au moins l’intérêt de faire connaître cet enfant du pays. Si une rue de la ville porte son nom, il n’a pas la popularité qu’il mérite. Mais l’essentiel est ailleurs, dans son message aux chrétiens d’aujourd’hui. « Nous sommes dans une époque de consommation où tous les moyens semblent bons pour faire un profit rapide. L’exemple de Claude François Poullart, jeune fils de milliardaire – son père était l’équivalent d’un François Pinault de notre époque – qui renonce à tout, devient prêtre, se consacre aux séminaristes les plus pauvres et les envoie au loin auprès des populations les plus méprisées, s’adresse totalement à nos contemporains. Le hasard fait que le diocèse célèbre également cette année Jeanne Jugan, la fondatrice des Petites sœurs des pauvres née à Cancale. Cela va frapper les gens », déclare le père Urfié.

Les dernières manifestations importantes concernant le fondateur de la Congrégation remontent aux 250 ans commémorant sa mort, en 1959. « A cette époque, j’étais là comme jeune séminariste, en permission de la guerre d’Algérie. Le cardinal Roques avait alors inauguré une plaque en marbre à l’église Saint Germain où fut baptisé Claude François Poullart », se souvient le père Urfié. Cette fois-ci, il se retrouve le coordinateur de l’anniversaire du tricentenaire. C’est également lui qui est à l’origine d’une exposition itinérante sur toile dont une dizaine de copies vont circuler un peu partout en France.

De plus en plus de missionnaires du Sud
Le père Urfié a passé une grande partie de son ministère auprès des habitants d’Haïti ou de réfugiés haïtiens aux Etats-Unis, dans le droit fil de Claude François Poullart des Places. « Le fait que les Spiritains se trouvent en brousse plutôt que dans les grandes villes en Afrique tout comme le choix, en France, d’être présents dans des cités sur la commune du Blanc-Mesnil en Seine-Saint-Denis ou le quartier réputé « chaud » du Meinau à Strasbourg ou encore des villes sidérurgiques telles que Fameck en Lorraine, sont hérités directement de Poullart ». Aujourd’hui, à Rennes, le Centre Poullart des Places assure toujours une animation missionnaire. Signe des temps, « il reçoit de plus en plus de confrères de pays du sud » précise le père Urfié. L’aumônier des étudiants de l’université de Rennes 2 est même un spiritain tanzanien.
 

Une année de commémoration
Jusqu’en octobre 2010, l’année sera rythmée par de nombreuses manifestations : exposition, publication d’ouvrages, parution d’articles et de dossiers, célébrations, concerts et une série de sept colloques. Voir http://www.spiritains.org/
Témoins sans frontières de l’Evangile
La Congrégation du Saint-Esprit est née en 1703 et a été revivifiée en 1848 par la fusion avec la Société du Saint-Cœur de Marie, instituée par un fils de rabbin converti au christianisme François Libermann. De cette double tradition et des intuitions communes de leurs deux fondateurs, les spiritains sont devenus de grands missionnaires : bâtisseurs d’Eglise, linguistes, géographes, ethnologues. Implantés dans des milieux en difficulté sociale et des pays peu christianisés, proches des migrants et des réfugiés, ils mènent des initiatives en faveur de la justice et de la paix.
Au nombre de 3050, ils sont aujourd’hui présents dans 57 pays dans le monde, surtout en Afrique.
Saint-François d’Assise breton
Claude François Poullart des Places naît à Rennes le 26 février 1679. Son prénom résume sa bonne fortune. Claude est le prénom de son père, un riche commerçant, par ailleurs avocat estimé au Parlement de Bretagne. Et François est le prénom de son parrain, le comte de Marbeuf, président du Parlement de Bretagne dont sa mère est préceptrice. Excellent élève au collège des Jésuites, où il se lie d’amitié avec Louis-Marie Grignion de Monfort (le futur fondateur des Filles de la Sagesse), le jeune homme se distingue par sa pitié autant que par sa scolarité. Doté du talent de l’éloquence, il réussit haut la main la soutenance publique de sa thèse de philosophie. Un temps présenté à la Cour de Versailles, il revient à Rennes, y mène une vie mondaine, hésite entre le sacerdoce et le droit et après une retraite, convaincu de se destiner à Dieu, part suivre des cours de théologie au collège Louis-le-Grand à Paris. Touché par la misère des petits ramoneurs savoyards, les étrangers de l’époque (la Savoie fut rattachée à la France en 1860), il leur dispense instruction, catéchisme, aide matérielle. Puis, s’avisant de la détresse de certains séminaristes, il se consacre à les nourrir, les loger, les former spirituellement. Le dimanche de la Pentecôte 1703, il établit une communauté consacré au Saint-Esprit et à Marie. Ordonné en 1707, il meurt d’eux ans plus tard d’une pleurésie, victime du glacial hiver de 1709. On l’enterre le 2 octobre dans une fosse commune. Il a à peine 30 ans.

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