« Travailler en Eglise, c’est se mettre au service de l’Evangile », interview de Monique Baujard

Mme Monique Baujard

Monique Baujard a été nommée directrice du Service national Famille et Société en remplacement du père Turck. A 52 ans, cette mère de famille de 4 enfants dirige un Service national au sein de la Conférence des évêques de France. Juriste de formation, elle a exercé pendant près de dix ans la profession d’avocat au barreau de Paris. C’est en prenant en charge la catéchèse des enfants, qu’elle découvre qu’elle ne connaît pas sa propre foi. Titulaire aujourd’hui d’une maîtrise de théologie, elle a déjà travaillé à la Conférence des évêques de France, comme chargée de mission, de 1999 à 2006. Elle nous présente sa toute nouvelle mission.
 
Comment abordez-vous votre mission ?
Avec un mélange d’enthousiasme et de réalisme ! Je suis d’abord très honorée par la confiance que les évêques me témoignent. C’est la première fois que la responsabilité de ce service est confiée à un laïc et à une femme. Le service Famille et société recouvre un champ très vaste, qui concerne aussi bien la famille, la politique, l’économie, le domaine de la santé, des libertés publiques, les questions de justice, de l’innovation et de l’environnement. Ce service se situe donc à un croisement. Il s’agit d’informer les évêques des évolutions dans la société pour que l’annonce de l’Evangile rejoigne nos contemporains dans leurs préoccupations actuelles. Mais il s’agit aussi de voir comment, à la lumière de l’Evangile, l’Eglise peut apporter son discernement à des questions de société. C’est passionnant mais pas toujours simple.

Quels sont les thèmes importants sur lesquels l’Eglise doit réfléchir cette année ?

La crise et ses conséquences continuent à occuper une place importante. Au-delà de la crise financière et économique se profile en effet une crise de sens qui est aussi une crise spirituelle. Elle nous oblige à réfléchir à nos priorités dans la vie, à nos modes de consommation, à notre style de vie. Des questions qui se posent pour chaque personne mais aussi pour les collectivités et les entreprises. L’Eglise n’échappe pas à ce questionnement. Elle ne peut se contenter de dire ce qu’elle répète depuis 2000 ans que l’argent ne fait pas le bonheur. Elle doit s’interroger pour savoir pourquoi ce message n’est pas mieux entendu et être particulièrement attentive aux nouvelles pauvretés et fragilités qui apparaissent avec cette crise.

Quels axes souhaitez-vous tout particulièrement faire avancer ?

Cette réflexion autour de notre style de vie me parait importante. Elle nous oblige à faire des choix. L’Evangile demande souvent des choix radicaux, difficiles à mettre en œuvre. Nous ne pouvons pas tous faire comme Saint François d’Assise ! Mais un style de vie chrétien devrait néanmoins donner à voir la vitalité et la joie de vivre qu’apporte le message du Christ. La famille est un aspect important de la vie chrétienne. Tous les sondages disent l’attachement des Européens, et notamment des jeunes, aux liens de famille. Ces liens sont plus fragiles aujourd’hui qu’autrefois et il y a certainement à réinventer « un développement durable » aussi en ce domaine.

Comment vivez-vous cette nouvelle responsabilité au service de la Conférence des évêques de France ?
Travailler en Eglise, c’est se mettre au service de l’Evangile. Les évêques, lors de leur ordination, sont littéralement placés sous l’Evangile. C’est parce que les évêques, en tant que successeurs des apôtres, sont les premiers serviteurs de l’Evangile que je me mets avec plaisir au service de leur mission.
 

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