Le triple défi du dialogue islamo-chrétien

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A l’occasion d’une conférence à Villeurbanne, le 17 novembre 2009, le cardinal Jean-Louis Tauran, Président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, est revenu sur le sens de ce dialogue, ses étapes récentes et a défini les défis à relever.
« Le dialogue interreligieux repose sur des rapports de confiance entre adeptes de religions diverses en vue de se connaître, de s’enrichir mutuellement et de considérer comment ensemble coopérer au bien commun, a rappelé le cardinal Jean-Louis Tauran. Il ne s’agit pas de renoncer à sa propre foi. Il s’agit de se laisser interpeller par les convictions d’autrui, d’accepter de prendre en considération des arguments différents des miens ou de ceux de ma communauté ».

Il est revenu sur les faits marquants récents du dialogue islamo-chrétien. Après le discours du pape Benoît XVI à l’université de Ratisbonne (12 septembre 2006), il a évoqué la « Lettre des 138 » (13 octobre 2006) adressée au pape et à d’autres chefs religieux chrétiens par des intellectuels musulmans. Pour lui, cette lettre, aujourd’hui signée par plus de 250 personnalités musulmanes, a « vivifié le dialogue ». Il en analyse les nouveautés et salue notamment « l’acceptation par les Musulmans d’aborder un thème théologique ».

Une rencontre interreligieuse à Madrid en juillet 2008, à l’initiative du roi d’Arabie Saoudite, puis un « Forum catholique-musulman » au Vatican, en novembre 2008, ont suivi. En mai 2009 s’est tenue une rencontre sur le thème « religions et société civile », organisée par le Royal Institute for Inter-Faith Dialogue, en Jordanie. « Nos amis musulmans ont affirmé avec nous la nécessité que la liberté de religion ne peut être effective que dans un régime démocratique » a relevé le cardinal.

Il a ensuite présenté les différentes institutions avec lesquels dialogue le Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux et rappelé qu’à l’occasion du Ramadan, un message est envoyé chaque année aux Musulmans.
 

Identité, altérité et sincérité

Après avoir explicité les raisons qui motivent le dialogue interreligieux, ses conditions et modalités, le cardinal Tauran a insisté sur le fait que la démarche de l’Eglise s’appuie sur l’Evangile et sur le document de référence « Nostra aetate ».

« Les croyants peuvent offrir à leurs compagnons d’humanité, en particulier aux responsables des sociétés, des valeurs susceptibles de contribuer à l’harmonie des esprits, à la rencontre des cultures et à la conservation du bien commun » a-t-il poursuivi.

Sans occulter les difficultés qui subsistent, comme la liberté de changer de religion, le cardinal Tauran a défini un triple défi que « Chrétiens et Musulmans doivent relever ensemble » : « Le défi de l’identité : savoir et accepter ce que nous sommes nous-mêmes ; le défi de l’altérité : nos différences sont sources d’enrichissement, il existe un droit à la différence ; le défi de la sincérité : les croyants ne peuvent pas renoncer à proposer leur foi, mais ils doivent le faire dans les limites du respect et de la dignité de chaque être humain ». « L’histoire comme les religions enseignent qu’il n’y a qu’un seul avenir possible : l’avenir partagé » a conclu le cardinal Tauran.

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« Le rôle des acteurs religieux dans la construction de la paix »

C’est l’intitulé du prochain séminaire « Islam, Christianisme et Europe », le 2 décembre 2009 à la COMECE. Il réunira le Dr Katrien Hertog (Pax Christi), le Sheikh Jawdat Saïd (penseur musulman syrien) et le Dr Markus Weingardt (polémologue).
 

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