Le Conseil des conférences épiscopales européennes rassemble certains de ses textes officiels, ainsi que des enseignements de Jean-Paul II puis de Benoît XVI autour du thème : « Les évêques et la nouvelle Europe ».
Publiée aux éditions du Cerf en janvier 2010, cette importante compilation de textes témoigne du travail de réflexion et d’évangélisation des évêques européens, de 1992 à 2006. L’ouvrage donne une vision inédite des lendemains de la chute du mur de Berlin, tournant historique d’un continent européen désormais réunifié, « nouvelle Europe » confrontée à de nouveaux enjeux politiques, économiques et religieux.
En 1991, les évêques européens prennent acte des bouleversements provoqués par la chute du mur de Berlin lors du premier synode tenu à l’échelle du continent européen. C’est un tournant historique, même si, comme le rappelle le
Cardinal André Vingt-Trois,
archevêque de Paris, l’Eglise a peut-être eu dès 1971, «la prémonition consciente ou inconsciente que le rideau de fer ne tiendrait pas ». Malgré les divisions Est-Ouest et la naissance de la Communauté Européenne à l’Ouest, le CCEE ne donne, en effet, aucune limite géographique précise à sa mission européenne. En pleine guerre froide, Jean-Paul II affirme par ailleurs, que « l’Europe doit respirer avec ses deux poumons, celui de l’Est et celui de l’Ouest ». Lors du synode, les évêques insistent sur la responsabilité de l’Eglise dans l’édification d’une Europe nouvelle et débattent des enjeux liés à l’éclatement du régime communiste pour les Eglises. La diversité des perceptions est manifeste. Les évêques de l’Est s’inquiètent d’un modèle occidental marqué par la société de consommation et l’affaiblissement de la foi, tandis que les évêques de l’Ouest peinent à décrire le malaise suscité par la
sécularisation galopante des sociétés occidentales. La nouvelle évangélisation doit s’adapter à des situations multiples. Le travail de coordination et d’information du CCEE est plus qu’une urgence pour les évêques européens, en accord avec Jean-Paul II, lui même profondément attaché à cet organisme.
Aujourd’hui, « la maison européenne » est enfin devenue une réalité avec les élargissements successifs de l’Union Européenne. Le CCEE rassemble 33 conférences épiscopales d’une très grande diversité. Elles se distinguent par leur importance, leur position dans des Etats majoritairement catholiques, orthodoxes ou musulmans, par le type de dialogue entretenu avec l’Etat…
Mgr Aldo Giordano, ancien secrétaire général du CCEE et observateur permanent du Saint-Siège au Conseil de l’Europe, souligne la complexification des questions européennes. Celle-ci est notamment due à la rapide réduction du temps et de l’espace mais aussi à l’élargissement progressif des compétences de l’Union européenne. « Les problématiques s’enchevêtrent et ne peuvent être correctement traitées que dans une vue d’ensemble. Bioéthique, famille, environnement, politique, économie…tout est lié ». L’Europe réinterroge aussi son histoire, et par conséquent, doute sur son avenir. Face à ces multiples questions, le CCEE peut apporter une réflexion pastorale et experte, soutenir les Eglises locales pour tenter d’amener l’Europe et le monde vers plus d’humanité, en lien avec les Eglises chrétiennes et les autres religions. La publication des textes du CCEE en est un témoignage.
« Un livre qui donne de la hauteur »
« Aujourd’hui, devant cette complexité des problèmes européens, il est bon de prendre de la hauteur afin de ne pas se laisser aveugler par les obstacles ». Voici, selon Mgr Giordano, l’une des vocations de l’ouvrage. Il pourrait également fournir un élément de référence pour la mise en œuvre d’une collaboration plus concrète entre Etats européens. Le fonctionnement du CCEE accorde à chaque conférence épiscopale, quelque soit son importance, le même droit à la parole. « Car la finalité du projet européen et universel du CCEE ne repose ni sur la puissance, ni sur l’économie, la démographie ou la politique ». Le
Cardinal André Vingt-Trois précise que « l’Eglise a pensé l’Europe selon d’autres critères que les divisions politiques. le CCEE n’est pas seulement une antenne religieuse dans des Etats civils, mais une collaboration entre des Eglises qui dépasse l’organisation civile des Etats ». « Ceci peut apporter des lumières sur le fonctionnement des instances européennes », conclut Mgr Giordano.
Mais ce livre est avant tout le témoignage de l’engagement des évêques, qui, dans le respect de leur diversité et en communion avec le pape, contribuent à l’édification d’une « Europe nouvelle » confiante dans le Christ.
