Quel avenir pour les Coptes ?

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« Les Coptes, hier et aujourd’hui » était l’intitulé de la conférence qui s’est tenue à l’initiative de l’Œuvre d’Orient, à Paris, le 5 février. La soirée a mis en lumière l’histoire de ce peuple et son ancrage en Égypte.
« En Égypte, les chrétiens sont aujourd’hui plus nombreux qu’il y a cent ans ! Ils ne sont pas une minorité mais une identité intégrante de la communauté égyptienne. » Les propos de Christian Cannuyer sont plutôt inattendus. Le 5 février dernier, à Paris, ce professeur à la Faculté de Théologie catholique de Lille, également Directeur du Bulletin Solidarité-Orient, et spécialiste de l’Égypte a tenu une conférence sur « Les Coptes, hier et aujourd’hui » à l’initiative de l’Œuvre d’Orient.
Devant un auditoire venu en nombre, il s’est attaché à resituer certains points d’histoire comme pour mieux mettre en relief les événements récents qui ont touché les chrétiens d’Égypte. Si ce pays constitue aujourd’hui l’épicentre de l’Islam sunnite, il abrite aussi une importante communauté chrétienne, et notamment des Coptes. On les estime à quelque huit millions pour plus de 80 millions d’habitants. La majorité d’entre eux sont des Coptes orthodoxes placés l’autorité du pape Shenouda III. « Les Coptes sont présents dans toutes les couches sociales du pays, précise Christian Cannuyer. On trouve des pharmaciens, des bijoutiers, mais aussi des pauvres, comme les chiffonniers. Les Coptes correspondent à l’ensemble social du pays, ils sont inscrits dans l’identité nationale du pays. » Etymologiquement, le terme « copte » (de l’arabe qoubt ; corruption du grec aiguptios) fruit de nombreuses transformations linguistiques, désigne d’ailleurs les Égyptiens.
 

Discriminations croissantes

Les neuf blessés et les six morts coptes lors d’une fusillade début janvier 2010 rappellent, parmi d’autres événements, que la situation de ces hommes et ces femmes est fragile. Une situation de fragilité et d’oppression qui n’a pas toujours été le cas. « A partir de 640 et jusqu’à 945, l’Égypte copte tombe sous l’empire musulman avec la conquête de Mahomet, des quatre premiers califes, etc., explique Christian Cannuyer. Dans les premiers siècles, l’Islam n’est pas coercitif et il n’y a pas de conversion forcée. Il existe à l’époque des moments réels de fraternité entre chrétiens et musulmans. » Les choses se dégradent au XIIIe siècle sous Mamelouk et l’empire Ottoman à partir de 1517. A partir de la moitié du XIXe siècle, un mouvement de renouveau se fait ressentir au sein de l’Église. Des Coptes sont investis dans la politique égyptienne, à l’image de Boutros Ghali Pasha, premier ministre du pays en 1908. « A l’époque, le croissant de l’Islam embrasse la croix copte, remarque le professeur à la Faculté de Théologie catholique de Lille. L’arrivée au pouvoir de Anouar el-Sadate coïncide avec la montée de l’islamisme face auquel l’Église se comporte avec prudence pour éviter les situations conflictuelles et que le peuple chrétien ne paie les pots cassés. »

Aujourd’hui, la situation des coptes s’est profondément dégradée. Ils n’ont pas accès aux hautes fonctions de l’État, sont exclus des carrières universitaires, éprouvent de grandes difficultés à faire réparer leurs églises. « L’Occident a aussi une part de responsabilité dans cette crispation en inondant d’argent les mouvements islamistes », dénonce l’égyptologue. Les nombreuses difficultés et discriminations posent ainsi la question de la présence de cette communauté chrétienne en Égypte. « L’avenir des chrétiens d’Orient met en jeu notre propre avenir, pointe Christian Cannuyer. Si le monde arabe et musulman devient un bloc monolithique et non plus multireligieux, un repli identitaire va s’opérer qui sera à terme mortel. »

« Le mystère copte : voyage aux sources égyptiennes du christianisme »
Jusqu’au 24 février 2010, l’exposition en l’église St-Germain-des-prés propose un parcours didactique et largement illustré qui invite à la découverte d’une culture originale, toujours bien vivante : histoire, langue, arts et littérature, liturgie, traditions…

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