Libres échanges entre évêques sur le Concile

Mgr Pierre-Marie Carré, archevêque d’Albi, président de la Commission doctrinale, était l’hôte de la session annuelle de formation qui a rassemblé une soixantaine d’évêques, du 22 au 24 février 2010, sur le thème de « la réception du Concile Vatican II ».
 

Dans quel état d’esprit vous êtes-vous retrouvés ?

Carré Pierre-Marie - Albi

Une dimension essentielle de cette session est la gratuité. Il n’y a pas de texte final à rédiger, pas de pression due à l’actualité, pas de décisions à prendre dans la mesure où nous ne sommes pas tous présents. C’est une session de formation pour nous-mêmes, destinée à réfléchir, discuter entre nous, écouter des intervenants. On prend son temps. On parle librement, et même si les téléphones portables fonctionnent beaucoup pendant les pauses car les évêques n’oublient pas leurs diocèses, on m’a fait observer que c’est l’une des sessions où l’on nous voit les plus détendus. J’ajoute à propos du sujet qui nous rassemblait qu’il y a un accord général, chacun apportant quelques nuances selon son expérience.
 

Justement, quel était l’enjeu du choix de ce thème ?

Le but visé, deux ans avant les célébrations du cinquantenaire de Vatican II (1962-1965), est une relecture attentive du Concile pour en poursuivre la réception, c’est-à-dire percevoir les idées maîtresses et aider le peuple chrétien à en découvrir la profondeur évangélique. Le terme de « réception » est un mot technique porteur d’une définition bien spécifique* qui insiste sur le fait qu’il ne suffit pas de lire le texte et d’envisager les applications pratiques. Il faut, en effet, accueillir un Concile avec un double effort. Le premier, pour des hommes comme nous nés après la Deuxième Guerre mondiale et qui n’ont de cet événement, désormais historique, que des souvenirs d’enfance ou de jeunesse, consiste à se projeter dans l’horizon des acteurs de l’époque en se plaçant dans leur histoire, leurs soucis, leurs espérances, leurs motivations. Reste que notre horizon est différent ! Nous avons donc à nous demander ce que ces textes peuvent nous dire aujourd’hui. Aucun Concile n’est parfait, ne répond à toutes les questions criantes du moment. Le temps qui passe amène également d’autres questions qui n’avaient pas été prévues. Toutes proportions gardées, c’est un peu le même rapport qu’avec l’Ecriture Sainte. Il s’agit de chercher à appréhender le sens des textes et surtout la manière dont ils peuvent continuer à nous éclairer. Pour cela, il faut opérer un passage, dit « herméneutique », qui consiste à interpréter les textes de manière juste en les plaçant dans la tradition de l’Eglise.
 

Quels ont été les temps forts des deux journées ?

Outre l’aspect important de la convivialité, il y a eu surtout deux interventions majeures et excellentes. Le Père Bernard Sesboué, s.j., docteur en théologie, professeur émérite d’ecclésiologie et de théologie dogmatique et fondamentale au Centre Sèvres, nous a montré comment, très souvent, les conciles ont entraîné des débats, des conflits, voire des ruptures. Nous avons également entendu le Père Olivier Artus, directeur de l’École des Langues et Civilisations de l’Orient ancien et membre de la Commission biblique pontificale qui a abordé un aspect plus précis en se limitant au document Dei Verbum (la révélation divine). Nous avons été impressionnés par les connaissances et l’esprit de synthèse du conférencier. Le Père Christian Delarbre, de l’Institut Catholique de Toulouse, a quant à lui présenté un autre aspect de la réception du Concile en montrant les transformations institutionnelles survenues en France de 1965 à 1975.
De nombreux évêques ont par ailleurs témoigné leur joie d’avoir concélébré dans notre cathédrale Sainte-Cécile avec le peuple de Dieu du diocèse.

* « Ce terme désigne la manière dont, après l’événement, un concile est compris, accepté et mis en œuvre ou au contraire se heurte à des résistances dans les esprits qui freinent ou empêchent son application ». Christoph Theobald, La réception du Concile Vatican II (Ed. du Cerf)

Retour sur la session sur le site Internet du diocèse d’Albi

De nombreuses photos des évêques et la trame de l’homélie de Mgr Pierre-Marie Carré, archevêque d’Albi, lors de la célébration à la cathédrale d’Albi le 23 février 2010.

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