« D’Albi à Montpellier ! », interview de Mgr Carré

Mgr Carré jusqu’à présent archevêque d’Albi, vient d’être nommé archevêque coadjuteur de l’archidiocèse de Montpellier. Il répond à trois questions du P.Podvin, porte-parole de la Conférence des évêques
 

Quitter les Tarnais ne se fera pas sans déchirement ?

Etre evêque pendant dix ans dans un diocèse crée de multiples liens. Les visages, les histoires personnelles, les lieux et tout ce qui les a façonnés s’inscrivent dans l’esprit, la mémoire et le cœur. Le diocèse d’Albi a des ressources et de la générosité au service de l’Evangile. Le quitter sera un véritable arrachement comparable à l’investissement personnel réalisé. Mais l’obéissance à l’appel du Pape doit se vivre concrètement.

J’aimerais évoquer quelques moments marquants :
– Les ordinations de sept prêtres (dont deux le seront à la Pentecôte prochaine) et de huit diacres permanents.
– Les groupes de lecture de la Parole de Dieu qui ont commencé il y a huit ans. Avant tout, on y cherche le sens spirituel de la Parole de Dieu pour mieux en vivre. Environ trois mille personnes y sont fidèles.
– La béatification d’Emilie de Villeneuve le 5 juillet 2009 à Castres : une grande journée de joie et de communion fraternelle
– Les temps forts annuels : messe chrismale, pèlerinage diocésain à Lourdes, journée du presbyterium…
– Tout récemment, la réflexion entreprise avec le projet « grandir dans la foi à tout âge. Ecclesia 81 » dont les conclusions seront données la veille de Pentecôte.

Parmi bien d’autres, ces temps forts manifestent la foi nourrie, célébrée et mise en œuvre par la grâce de Dieu accueillie par les catholiques du diocèse d’Albi.
Bien entendu, il y a des difficultés comme la diminution du nombre de prêtres et le renouvellement difficile des responsables et animateurs.
 

Qui dit Montpellier dit ville en grande mutation, un département de l’Hérault très vivant et une Province ecclésiastique à animer. Toutes ces perspectives nouvelles doivent être stimulantes pour un évêque, par ailleurs Président de la commission doctrinale.

De fait, quitter Albi pour rejoindre Montpellier, c’est changer à la fois d’horizons et de registre. C’est la Méditerranée avec tout ce que cela implique dans la vitalité et l’animation.
Le département est presque trois fois plus peuplé que celui du Tarn puisqu’il dépasse le million d’habitants. Déjà l’agglomération de Montpellier compte plus d’habitants que le département du Tarn ! Les manières de faire ne pourront pas être tout à fait identiques, même si je tiens toujours à donner une bonne place au travail « sur le terrain ».

Les liens entre évêques des provinces de Toulouse et Montpellier sont importants, si bien que nous nous connaissons et je suis heureux de pouvoir travailler avec eux.
 

Dix ans d’épiscopat déjà, quel regard portez-vous sur ce ministère ?

La première tâche de l’évêque consiste à agir pour une plus grande communion entre personnes, groupes et courants d’idées. Il convient d’accueillir mais aussi de stimuler pour ne pas en rester aux seules habitudes. C’est autour du Christ et de sa Parole que peut se vivre une vraie communion. Travail jamais fini et qui commence par l’évêque lui-même qui doit être capable de travailler avec des personnes bien différentes de lui.

Je me suis efforcé, surtout au début, de donner une grande place à la proximité en réalisant des visites pastorales longues et en allant visiter les prêtres chez eux.

Dans un diocèse comme celui d’Albi, l’évêque est souvent sollicité et la disponibilité est indispensable pour aborder les questions qui surviennent à l’improviste. Beaucoup de choses, peut-être trop, reposent sur l’évêque et il risque parfois de sacrifier l’urgent aux questions de fond. Mais est-il possible de faire autrement ? Déjà Saint Grégoire le Grand le déplorait et c’était au tout début du VII eme siècle.
 

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