Une formation à deux voix sur le Décalogue

Mgr Michel Dubost, évêque d’Evry-Corbeil-Essonnes, est l’auteur d’un livre sur les dix Commandements. Le 30 novembre 2010, il participera au lancement d’une formation sur le Décalogue, aux côtés de Philippe Haddad, rabbin à la synagogue des Ulis. Une initiative du service diocésain pour les relations avec le Judaïsme.
 

Pourquoi avoir réfléchi sur le Décalogue ?

Dubost Michel - Evry Corbeil Essonnes

Dans « Choisis donc la vie ! Prier les dix Commandements » (DDB), mon propos est d’essayer de voir comment on construit une liberté humaine. Nous sommes créés à l’image de Dieu mais cette image est au fond de nous. Comme un sculpteur prend le bloc de marbre qui renferme la statue, il faut évider pour qu’elle se voie. Les Dix commandements (Ex 20, 1-18) sont un peu le marteau du sculpteur. Quand j’étais jeune prêtre, beaucoup de gens se confessaient à partir des dix Commandements, de manière très factuelle. Ensuite, ils se sont plutôt confessés par rapport à un idéal d’eux-mêmes. Se laisser travailler par Dieu, à travers cette Parole qui nous donne les points sur lesquels notre cœur peut dévier de la ressemblance avec l’image de Dieu, c’est le sens des Commandements. « Ecoute Israël. C’est moi le Seigneur ton Dieu qui t’ai fait sortir d’Egypte de la maison de servitude… » (Ex 20,1). C’est celui qui t’a libéré de tous tes emprisonnements qui te parle : cette parole est essentielle pour le peuple juif.
 

De cette Parole peut naître une amitié avec le peuple juif ?

A vrai dire, avec le rabbin Philippe Haddad, l’amitié est antérieure. C’est le genre d’amitié qui vient d’une certaine communion. Je trouve qu’aujourd’hui nous avons une conception de la liberté qui est quelque chose d’extraordinairement beau. Mais, à mon sens, il y a une objectivité de la Parole de Dieu et une nécessité d’entendre les appels à la conversion qui est tout à fait nécessaire. Ces « dix paroles » vont au cœur de nos préoccupations. Etudiées de près, elles sont beaucoup plus modernes que nous pouvons en avoir l’impression.
 

Comment se vivent les relations avec le Judaïsme sur votre diocèse ?

Nous entretenons de nombreux liens, très différents les uns des autres. Depuis plus de 10 ans, le rabbin Michel Serfaty assure une certaine formation des catéchistes et nous avons notamment été à Auschwitz ensemble. Nous avons des rapports forts avec le rabbin Philippe Haddad. Une année, on traite de l’Ancien Testament, la suivante, du Nouveau Testament. Il pense que Jésus est aussi un rabbin et qu’un rabbin peut comprendre l’enseignement d’un autre rabbin. Le dialogue avec le rabbin Haddad est toujours intéressant parce qu’il est fidèle à la foi juive et en même temps, c’est un homme de profonde compréhension. Il a à la fois la volonté d’exposer et la volonté de rencontrer. La spiritualité juive, c’est ce travail incessant sur l’Ecriture, cette fabrication du « Midrash » qui sans cesse réinterprète. Quand ils sentent que certaines personnes aiment entrer dans ce travail, ils sont très proches.
 

Est-ce que les chrétiens pourraient s’inspirer de ce travail sur l’Ecriture ?

Il faut redécouvrir le Psaume 118 ! On mâche la Parole pour qu’elle entre en nous-mêmes. Je pense qu’on ne peut être chrétien que si nous prenons l’habitude de mâcher la Parole au point que le Verbe se fasse chair en nous-mêmes.
 

Collège des Bernardins

Une introduction au judaïsme au collège des Bernardins à Paris

Le Centre Chrétien d’Études Juives (CCEJ) propose une formation sur deux ans. Les cours aborderont l’histoire des juifs et de leurs relations avec les chrétiens, l’histoire de l’antijudaïsme jusqu’à l’antisémitisme moderne mais aussi les fêtes juives et chrétiennes, la figure d’Abraham, une initiation au Talmud et au Midrash…

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