Beaucoup d’amis SDF nous ont dit que la deuxième quinzaine de juillet, toutes les associations qui leur donnent à manger sont fermées. Certains nous ont expliqué qu’ils s’installaient devant un fast-food et qu’ils récupéraient dans la poubelle les sachets de frites, etc. C’est quand même terrible de devoir ouvrir la poubelle pour manger. C’est humiliant… Nous démarrons donc le 15 juillet à Saint-Lambert de Vaugirard (XVème). Ensuite, ce sera le 1er août dans les 5 centres parisiens et dans les 2 centres en banlieue.
 

Nous pouvons compter sur nos 250 à 300 bénévoles habituels. Parmi eux, des paroissiens. Certaines personnes ne prennent pas de vacances et viennent aider. Certains bénévoles travaillent, d’autres sont à la retraite. C’est un moyen pour des personnes un peu âgées de ne pas être seules. Il y a aussi une quinzaine de « TIG » (travail d’intérêt général) qui viennent accomplir leur peine chez nous. Très souvent, ils disent : « J’ai fait mes 80 heures mais c’est si formidable que je reste jusqu’au bout ». On se dit qu’on n’a pas perdu notre temps. Nous avons aussi des « volontaires », c’est-à-dire des personnes accompagnées par des associations d’entraide. Elles viennent donner un coup de main en expliquant : « Je ne suis pas que servie, je viens servir les autres ». Et puis, il y a toujours 3 ou 4 travailleurs handicapés. Cela donne un « melting pot » tout à fait sympathique.
 

L’ambiance dépend énormément du chef de centre qui saura faire en sorte que tout le monde soit heureux ensemble et aille dans le même sens : le service des plus pauvres et des isolés. Pour la préparation, c’est joyeux. Il n’y a pas de distinction entre « TIG », bénévoles et volontaires. On est tous dans les mêmes brancards. Tandis que la distribution est plus sérieuse. Notre grande devise est : « Nous sommes là pour nourrir le corps mais aussi pour nourrir le cœur ». Nourrir les cœurs, c’est quoi ? C’est l’écoute à la buvette où les personnes accueillies vont aller prendre un sirop. Elles viennent là pour être écoutées, ou peut-être pour ne rien dire, mais nous sommes présents pour elles.
 

Je laisse la présidence à Jean de Lasa. C’est un chef d’entreprise, un brillant énarque et un chrétien très engagé. J’ai envie de dire : « Osez. Il y a des besoins partout. Ouvrez les yeux. Efforcez-vous d’être là pour tous ceux qui sont dans la détresse, dans la peine, pour ceux qui n’ont pas de logement, qui ont faim, qui sont seuls et ont besoin d’être écoutés. Allez de l’avant pour toutes les personnes qui souffrent ». Notre rôle, c’est de remettre debout, de participer à la résurrection des personnes.
 

De par mon métier, je vivais dans un monde industriel où l’argent, les résultats primaient sur tout. Ca m’a permis de découvrir la détresse, la solitude. J’ai appris à ouvrir les yeux sur des frères démunis, dans le besoin, qui sont, il faut le dire, les préférés du Christ.