Denis Viénot : « Ce qui me guide, c’est la charité politique »

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Denis Viénot est le nouveau Secrétaire Général de Justice et Paix – France, service de l’Eglise catholique dont il est membre depuis 1987. Ce parisien de 65 ans, marié et père de deux filles, s’appuie sur une expérience de 30 ans au Secours Catholique.
 
« Travailler avec d’autres est une façon de témoigner, estime Denis Viénot. Je suis pour un désenclavement de l’Eglise ». Secrétaire Général de Justice et Paix – France depuis le 1er septembre 2011, il a déjà pris plusieurs fois la parole. La rentrée est chargée mais il aime communiquer!
 

Pourriez-vous retracer votre parcours ?

J’ai été très engagé chez les Scouts de France, en tant qu’animateur pour les Pionniers en Ile-de-France. Puis j’ai fait des études de droit et de sciences politiques. Ensuite, j’ai commencé à travailler dans la banque. Je m’occupais essentiellement de financements internationaux. En 1975, je suis entré au Secours Catholique. J’ai d’abord exercé des responsabilités administratives et financières et d’encadrement auprès des jeunes. Très rapidement, je me suis aussi occupé de ce qu’on appelle aujourd’hui le « plaidoyer », surtout en France. Directeur administratif et financier, puis Directeur international, j’ai été Trésorier de Caritas Internationalis pendant 6 ans. De 1991à 1998, j’ai assuré la fonction de Secrétaire général du Secours Catholique. Après ça, j’ai été élu Président de Caritas Europa pendant 6 ans puis Président de Caritas Internationalis pour 2 ans.
 

Qu’est-ce qui a guidé ces choix professionnels ?

C’est l’encyclique Populorum Progressio (1967) qui a fait tilt. J’avais 21 ans mais je suis souviens parfaitement de la Une du Monde. Ce texte m’a ouvert à une réalité, dans une approche plutôt intellectuelle à l’époque. Ce qui est marquant dans mon parcours, c’est la découverte de la pauvreté, en France et à l’étranger, puis celle des potentiels des personnes en difficulté. Ce qui me guide, c’est la « charité politique » : comment rendre plus juste une société injuste, répondre aux besoins immédiats tout en faisant bouger les structures sociales – les paradis fiscaux, par exemple. J’ai toujours été motivé par l’action immédiate et par le plaidoyer dans la durée. « La compassion sans la justice est la pire alliée du Diable » écrit Hannah Arendt. La relation entre deux personnes est fondamentale dans la construction de l’humanité mais elle se joue dans un cadre qu’il faut transformer. Ce que j’ai connu au Bangladesh a été pour moi très fondateur. J’ai découvert là-bas que tout ce qu’on dit dans la doctrine sociale de l’Eglise est – peut être – vrai : sur la promotion des pauvres, sur l’organisation des communautés, sur la promotion féminine. Quand c’est fait par des gens intelligents, ça marche ! Et le travail de Caritas est du dialogue interreligieux en actes.
 

Aujourd’hui, comment abordez-vous cette mission à Justice et Paix-France ?

Je suis à l’aise et content d’aborder les dimensions de droit international, conflit, paix, justice. Je crois qu’il est important que Justice et Paix travaille avec d’autres pour une approche globale. A côté du Conseil Pontifical du même nom, il y a de très nombreuses commissions Justice et Paix qui ne me semblent pas très en lien les unes avec les autres. En dehors de l’Europe, le réseau mondial n’existe pas. Justice et Paix-France est en relation avec quelques commissions particulières pour des raisons historiques et dans une approche thématique : Pakistan, Palestine, RDC. Certains pays ont aussi des commissions diocésaines.
 

Justice et Paix France 2008

Justice et Paix prend la parole

Contre les paradis fiscaux

Le développement – aujourd’hui durable avec Elena Lasida – est un thème historique pour Justice et Paix. « A Rome, le cardinal Roger Etchegaray au Conseil Justice et Paix a été un des pionniers de la réflexion sur l’annulation de la dette. La légitimité de la parole de l’Eglise est totale » estime Denis Viénot. Comme avec « Chemins de fraternité », sur l’encyclique Caritas in Veritate du pape Benoît XVI, il s’agit de donner un outil pédagogique aux communautés chrétiennes.

Pour l’avènement de l’Etat palestinien

Là encore, il s’agit pour Justice et Paix – France d’un combat historique. Le service d’Eglise s’appuie sur les positions du Saint-Siège, sur la parole du Conseil d’Eglises chrétiennes en France et des Eglises à Jérusalem.

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