Les chrétiens, avocats efficaces de l’abolition de la peine de mort

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Pour l’anniversaire des 30 ans de l’abolition de la peine capitale en France, l’ACAT (Action des Chrétiens Contre la Torture) était présente lundi 10 octobre 2011 sur le « village de l’abolition » installé à Paris.
 
La place de l’Hôtel de Ville avait retrouvé son visage terrifiant d’ancienne place de Grève afin de frapper les consciences. Sous un ciel gris de circonstance, un pendu faisait face à la cathédrale Notre-Dame. Tandis qu’à côté, deux fausses têtes entourées de cailloux étaient enterrées pour simuler une exécution par lapidation et qu’un stand présentait une chaise électrique.

La 9ème Journée mondiale contre la peine de mort a rappelé que si l’abolition gagne du terrain, 58 pays continuent d’appliquer ce que Karim Lahidji, vice-président de la FIDH (Fédération Internationale des Droits de l’Homme), a qualifié lors des interventions publiques de « dernier exemple de la loi du Talion ». « C’est bon d’être en vie et de participer à ce genre d’événement », a témoigné l’Américain Curtis McCarty, innocenté après 19 ans dans les couloirs de la mort. Bernadette Forhan, de l’ACAT-France, a insisté : « La mise en place de moratoires permet de se défaire petit à petit de l’idée que l’exécution d’un autre être humain est la seule solution au problème rencontré ».
 

L’Eglise en France mobilisée

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Au sein des militants de la cause abolitionniste, les chrétiens n’ont pas à rougir. L’ACAT rappelle que l’Église en France, dès la fin des années 70, précisait, dans un document de sa commission sociale, que « Depuis que le Fils de Dieu s’est fait homme, c’est Jésus-Christ qui se profile derrière le visage de tout homme, quelle que soit la gravité de son péché, et qui l’appelle au salut. […] [C’est pourquoi] pour leur part et après une réflexion approfondie, les signataires de cette note estiment qu’en France, la peine de mort devrait être abolie. » Bernadette Forhan (photo) se souviendra toujours de l’allocution de Robert Badinter lors d’un colloque théologique en 2006 : « Il a dit qu’il ne remercierait jamais assez les Eglises pour leur lobby discret ».

Evoquant les interventions du Pape pour demander la grâce de condamnés, elle pointe ce qui lui semble un dernier pas à faire : celui de « faire bouger le texte du Catéchisme Universel » qui maintient la possibilité d’utiliser la peine de mort mais uniquement dans « les cas de nécessité absolue de suppression du coupable ». Le Catéchisme pour adultes élaboré sous la responsabilité des évêques de France en 1991 souligne, lui, que « quels que soient ses crimes, une personne humaine reste un enfant de Dieu que l’on doit respecter comme tel. L’espérance chrétienne croit toujours l’homme capable de s’amender ».

Comme en écho, des comédiens de La Fabryk ont lu lundi des textes de référence, notamment un débat de 1908 où Jean Jaurès rétorque à Maurice Barrès : « Si l’Eglise n’admettait pas, jusqu’au pied de l’échafaud, la possibilité du relèvement, quelle comédie lugubre joue donc l’aumônier des dernières prières ? »
 

58 pays continuent d’appliquer la peine de mort

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