Ensemble pour une Europe de la fraternité

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Plus de 1.000 personnes étaient rassemblées, le 12 mai 2012 à Bruxelles (Belgique), pour manifester leur attachement à la construction européenne dans une démarche commune à près de 300 communautés et mouvements chrétiens. Cette 3ème rencontre « Ensemble pour l’Europe » était simultanément relayée dans 140 villes réparties dans toute l’Europe, dont Paris.
 
« L’Europe n’est pas une forteresse à défendre mais une maison commune à construire » retient le Père Gildas Kerhuel, Secrétaire général adjoint, qui représentait la Conférence des évêques de France à Bruxelles.

Le matin, avec 400 personnes, il a participé à un colloque sur « l’économie de communion ». Il y était question de la toute-puissance de la finance, responsable en grande partie en contexte libéral, disaient les conférenciers, de l’éclatement ou de la mutation de l’économie de marché. Celle-ci reposait depuis la fin du Moyen Age sur des valeurs issues du christianisme de justice, de sens de l’homme, de travail, de solidarité et autres, au service de la personne. Le poids de la production de richesse issue depuis peu de la finance spéculative et déconnectée de l’économie réelle en marginalisant l’intérêt du travail de chacun laisse trop souvent l’homme désarmé face à une dictature nouvelle que renforce la mondialisation . Le PIB lui-même ne représente plus, entre autres de ce fait, l’économie réelle. « Le sens du bien commun, de la solidarité et même de la personne passe au second plan et trop souvent disparaît…

Les mouvements regroupés veulent remettre l’économie au service de la société et de l’homme : Décider d’un moratoire sur l’utilisation des enfants dans la publicité, reprendre le débat sur une taxe sur les produits spéculatifs et sur la taxe Tobin, renforcer l’économie sociale, replacer le travailleur au centre du débat public sont quelques-unes des propositions qui regroupées composent cette « économie de communion » qu’ils cherchent à promouvoir.

L’après-midi, plusieurs personnalités ont pris la parole. Romano Prodi, ancien Président de la Commission européenne, a rappelé toute l’importance de la solidarité dans la création de la Communauté européenne. Andrea Riccardi, ministre italien de la Coopération internationale et de l’intégration et fondateur de la communauté Sant’ Egidio, a évoqué de son coté la crise identitaire de l’Europe et invité chacun à ne pas se résigner au pessimisme.
 

Au service de l’unité, de la paix de l’Europe et de toute la famille humaine

Le Manifeste final « Ensemble pour l’Europe 2012 » reprend ces grands thèmes : Il nous appartient de ne pas nous replier sur nous-mêmes, dans des revendications nationales, dans l’antagonisme ou l’opposition, dans le chauvinisme, ni même de nous protéger derrière de nouveaux murs d’égoïsme politique ou économique qui nous diviseraient (…). « L’Europe est un destin et une nécessité pour chacun de nos pays »… C’est un appel à l’espérance et à l’action.

Le P. Kerhuel nous a redit tout l’intérêt du travail de cette plateforme qui rassemble de nombreuses communautés et mouvements. Comme d’autres réseaux transversaux de réflexion ou de plaidoyer, Diaconia 2013 en est dans l’Eglise un bel exemple : « Elle permet au-delà de l’objet propre de chacun tant de favoriser des prises de conscience sur des valeurs fondamentales que de mutualiser des efforts face aux nombreux défis que nous pose un monde bien incertain… »
 

200 personnes à Paris

Archevêque émérite de Strasbourg, Mgr Joseph Doré participait au rendez-vous parisien. Il a notamment souligné dans son intervention « l’urgence et l’importance de se rassembler pour reconstruire une économie responsable » témoigne Sr Anne-Marie Curtil, religieuse de Sainte Clotilde. Recteur du séminaire russe d’Epinay-sous-Sénart, le Père Alexandre Siniakov a invité les chrétiens à la paix. Du groupe « Ensemble pour l’Europe » de Versailles, elle a retenu l’invitation à dépasser les différences, à l’image du corps de l’Eglise utilisée par Saint Paul (Ephésiens 1, 22-23). Plusieurs témoignages de jeunes ainsi que l’intervention de Sylvie Goulard, députée européenne, ont montré qu’il était possible de fraterniser au-delà des conflits. Pour elle, le Manifeste 2012, reçu en direct de Bruxelles grâce à une liaison satellite, est un appel à « méditer sur les valeurs chrétiennes de l’Europe, dans une diversité réconciliée ». A Paris, le rassemblement s’est conclu par une prière œcuménique composée par une religieuse protestante.

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