Mgr Ulrich : « L’Eglise n’existe pas pour elle-même »
D’ailleurs, en écho à la Lettre aux Romains (chapitre 5, verset 5) qui donne son titre au livre, Mgr Ulrich cite l’écrivain et journaliste Jean-Claude Guillebaud, pour qui « le futur n’est pas une menace mais une promesse ».
Pour le démontrer, « L’espérance ne déçoit pas » (Ed. Bayard) s’articule en deux parties : la démocratie et ses valeurs puis les questions sociales et le monde économique.
En contrepoint de ses réflexions, Mgr Ulrich a sollicité les analyses du Père Henri Madelin, jésuite, et du spécialiste de la vie politique française Dominique Reynié ; les témoignages du syndicaliste CFTC Alain Deleu et de Thérèse Lebrun, recteur de la Catho de Lille de 1993 à 2002.
Si sur la première thématique, la parole est « difficile » pour l’Eglise, celle-ci doit néanmoins « diffuser son message » et « sa parole est attendue » affirme Mgr Ulrich. Pour la deuxième, l’auteur s’appuie sur « les fondamentaux pour avancer » -à savoir, la pensée sociale de l’Eglise.
Une vision du monde soutenue par d’autres
Fort de plusieurs enquêtes auprès de jeunes et d’étudiants, l’universitaire Dominique Reynié a souligné l’angoisse ressentie par la jeunesse face aux changements nombreux et rapides. Dans le contexte d’une politique matérialiste en crise, il dépeint une société « polarisée », en attente d’un dialogue « serein » et pourtant tentée par le silence. Pour lui, plusieurs « déploiements » sont arrivés à terme : dans les domaines de la géographie (mondialisation), comme des idéologies (le dernier serait l’altermondialisme), de la communication (la moitié de l’humanité est désormais connectée) et de l’économie (quelle croissance possible ?). Les grands principes sont usés : la laïcité est source de malentendus, la globalisation s’accompagnerait d’une montée des religions… Dans la crise « historique » – institutions, système moral – que vit la France (et l’Europe avec), il considère que l’Etat n’a pas de parole morale légitime.
Ancien président du syndicat chrétien CFTC, Alain Deleu a témoigné de la « fidélité à l’enseignement social » de l’Eglise, citant aussi l’encyclique Centesimus Annus de Jean-Paul II. Il plaide pour un « changement des cœurs avant celui des systèmes » et renvoie à « l’économie du don » promue par le pape Benoît XVI. Il espère que celle-ci s’invite « à chaque niveau de responsabilité ».