Mgr Ulrich : « L’Eglise n’existe pas pour elle-même »

Archevêque de Lille, Mgr Laurent Ulrich publie « L’espérance ne déçoit pas » (Ed. Bayard). Ecrit en pensant aux jeunes, il y aborde des questions cruciales, en s’appuyant sur la pensée sociale de l’Eglise.
 

laurent_ulrich_livre

« Ce monde est aimé de Dieu et il est sauvé ». Tel est le message que Mgr Laurent Ulrich, archevêque de Lille, souhaite transmettre à ses neveux et nièces – âgés de 20 à 40 ans – ainsi qu’ « à tous ceux de leur génération qui cherchent à mener une vie juste et droite ». Ainsi la préoccupation de la transmission sous-tend-elle de l’écriture de « L’espérance ne déçoit pas » (Ed. Bayard) dans une société qui ne veut pas vieillir, encore moins mourir.

D’ailleurs, en écho à la Lettre aux Romains (chapitre 5, verset 5) qui donne son titre au livre, Mgr Ulrich cite l’écrivain et journaliste Jean-Claude Guillebaud, pour qui « le futur n’est pas une menace mais une promesse ».

Pour le démontrer, « L’espérance ne déçoit pas » (Ed. Bayard) s’articule en deux parties : la démocratie et ses valeurs puis les questions sociales et le monde économique.

En contrepoint de ses réflexions, Mgr Ulrich a sollicité les analyses du Père Henri Madelin, jésuite, et du spécialiste de la vie politique française Dominique Reynié ; les témoignages du syndicaliste CFTC Alain Deleu et de Thérèse Lebrun, recteur de la Catho de Lille de 1993 à 2002.

Si sur la première thématique, la parole est « difficile » pour l’Eglise, celle-ci doit néanmoins « diffuser son message » et « sa parole est attendue » affirme Mgr Ulrich. Pour la deuxième, l’auteur s’appuie sur « les fondamentaux pour avancer » -à savoir, la pensée sociale de l’Eglise.
 

Une vision du monde soutenue par d’autres

henri_madelin_laurent_ulrich

Invité à s’exprimer, le P. Henri Madelin, S.J. (à gauche), a pu aborder la percée de la démocratie dans l’Eglise, initiée par la renonciation à sa charge pontificale par Benoît XVI, le 11 février 2013, se mettant donc à égalité avec les autres membres du peuple de Dieu. Il constate que la responsabilisation des laïcs dans l’Eglise entraîne, elle aussi, un fonctionnement plus démocratique.

Fort de plusieurs enquêtes auprès de jeunes et d’étudiants, l’universitaire Dominique Reynié a souligné l’angoisse ressentie par la jeunesse face aux changements nombreux et rapides. Dans le contexte d’une politique matérialiste en crise, il dépeint une société « polarisée », en attente d’un dialogue « serein » et pourtant tentée par le silence. Pour lui, plusieurs « déploiements » sont arrivés à terme : dans les domaines de la géographie (mondialisation), comme des idéologies (le dernier serait l’altermondialisme), de la communication (la moitié de l’humanité est désormais connectée) et de l’économie (quelle croissance possible ?). Les grands principes sont usés : la laïcité est source de malentendus, la globalisation s’accompagnerait d’une montée des religions… Dans la crise « historique » – institutions, système moral – que vit la France (et l’Europe avec), il considère que l’Etat n’a pas de parole morale légitime.

Les jeunes « déroutent » reconnaît l’ancien recteur de la Catho de Lille, Thérèse Lebrun. A leur décharge, elle regrette l’exigence de performance qui leur est imposée par la société et l’université – à travers des cursus « segmentés ». Elle exprime, elle aussi, le souci de la transmission : L’enjeu est de « créer des connaissances et de les transmettre à la société », « de comprendre le monde et d’esquisser des solutions ». « Structurer et accompagner » les étudiants est le coeur de sa mission.

Ancien président du syndicat chrétien CFTC, Alain Deleu a témoigné de la « fidélité à l’enseignement social » de l’Eglise, citant aussi l’encyclique Centesimus Annus de Jean-Paul II. Il plaide pour un « changement des cœurs avant celui des systèmes » et renvoie à « l’économie du don » promue par le pape Benoît XVI. Il espère que celle-ci s’invite « à chaque niveau de responsabilité ».

Sur le même thème

  • Renonciation de Benoît XVI à la charge pontificale

    Lundi 11 février 2013, le pape Benoît XVI a déclaré renoncer au ministère d’Évêque de Rome, charge qui lui avait été confiée par les cardinaux le 19 avril 2005. Le 28 février 2013 à 20 heures, le Siège de Saint Pierre devient vacant. Le conclave pour l’éléction du nouveau Souverain Pontife est alors convoqué. repères […]