L’Afrique en route vers « une nouvelle Pentecôte »

Mgr Djitanghar, évêque de Sarh au Tchad, a partagé aux évêques de France son expérience du Synode des évêques pour l’Afrique. Un témoignage plein d’espérance sur la construction de l’Eglise-Famille de Dieu en Afrique.
 

Session sur le Synode en Afrique

L’évêque de Sarh était l’un des Secrétaires du 2e Synode des évêques pour l’Afrique qui s’est tenu à Rome (Italie), du 4 au 25 octobre 2009. Celui-ci avait pour thème : « L’Église en Afrique au service de la réconciliation, de la justice et de la paix ». Nommé évêque en 1992, à l’âge de 40 ans, Mgr Djitanghar avait déjà participé au premier synode en 1994. Il a souligné le climat de « sérénité et de confiance » dans lequel s’est déroulé le deuxième synode, alors que le précédent rendez-vous avait pour toile de fond le génocide rwandais.

Parmi les défis auxquels doit faire face l’Afrique, il a notamment cité les conflits dits « ethniques ». « Ils ne sont que la face visible d’une politique d’insécurité souvent entretenue par des groupes qui profitent des faiblesses des hommes au pouvoir pour piller des ressources minières, pour le commerce des armes ou le trafic de drogue, avec la complicité des autorités locales corrompues » a-t-il expliqué. Déjà de nouveaux défis apparaissent : effets pervers de la mondialisation, exode vers l’Europe, dégradation de l’environnement…
 

Renforcer la communion ecclésiale

Pour Mgr Djitanghar, la vocation de l’Eglise-Famille en Afrique est « prioritairement l’Annonce de la Bonne nouvelle comme lumière qui illumine ce chemin de la réconciliation, de la justice et de la paix ».

Premiers acteurs pour mener à bien cette mission : évêques, prêtres, religieux et religieuses. Au sujet des prêtres, il reconnaît : « Nous manquons hélas de formateurs car ceux qui sont formés en général sont nommés évêques ». Quant aux laïcs, ils doivent transformer la société civile pour plus de fraternité. « Le sang du Christ est plus fort que le sang tribal, a-t-il rappelé. Le lien du baptême doit être plus fort que les liens tribaux ».

L’évêque a également développé le rôle des catéchistes qui se forment en famille, un engagement proche du diaconat permanent, tel qu’il est conçu en Europe. Il a ensuite salué « le génie » des femmes pour la résolution de conflits et « l’urgence d’éradiquer les conduites et pratiques culturelles préjudiciables à [leur] dignité », en souhaitant favoriser leur implication dans la gestion d’initiatives de réconciliation et de paix. Il a enfin parlé d’une jeunesse sans avenir pour qui le départ vers l’Europe équivaut à un suicide.
 

Une étape importante de l’histoire de l’Eglise et de l’Afrique

Comme l’Eglise en Europe a construit les sociétés et les nations, l’Eglise-Famille de Dieu doit jouer un rôle moteur dans la reconstruction de l’Afrique, « par les Africains en union avec la communauté internationale ». Il a lancé plusieurs appels aux Eglises occidentales (voir encadré).

Mgr Djitanghar a évoqué l’idée d’organiser des événements à dimension continentale : la célébration d’un Jubilé de la réconciliation et de la paix ou encore l’accueil des Journées Mondiales de la Jeunesse. « Nous sommes des hommes d’espérance, nous devons y croire » a-t-il affirmé. « Toute l’Eglise universelle a non seulement entendu les « cris de l’homme africain » mais s’est mise à l’écoute des joies, des inquiétudes et de l’espérance de l’Eglise-Famille de Dieu en Afrique dans le contexte d’une nouvelle Pentecôte » a-t-il conclu.
 

« Au nom de la solidarité ecclésiale universelle », Mgr Djitanghar a lancé plusieurs appels aux membres des autres Eglises :

– faire pression sur les gouvernements de leurs pays respectifs afin de faire respecter un minimum d’éthique dans les relations politiques internationales.
– que soient garantis les droits des populations à jouir des produits de leurs sous-sols dans le commerce des matières premières et l’exploitation des ressources minières d’Afrique.
– qu’ils s’impliquent dans la recherche des moyens pour enrayer le phénomène des migrations massives des populations en s’attaquant aux causes qui poussent les jeunes à partir…
– défendre la vie humaine sous toutes ses formes… prendre en charge les minorités ou les personnes les plus vulnérables : albinos, déplacés internes, victimes de la dégradation de l’environnement, les orphelins du sida, les handicapés, les personnes âgées, les immigrés, les nomades…
 

L’Eglise au Tchad

Pays enclavé et point de passage entre l’Afrique du Nord et l’Afrique Noire, le Tchad a été évangélisé par des missionnaires après la Seconde Guerre Mondiale. L’Eglise y est une des plus jeunes d’Afrique. Elle s’appuie sur des petites communautés locales, souvent dirigées par les femmes, d’une vingtaine de familles. Une centaine de prêtres dont une quarantaine de missionnaires sont présents sur le diocèse de Sarh.

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