Une délégation du Saint Siège aux Jeux Olympiques de Pyeŏngchang

La nouvelle n’a pas fait grand bruit, c’est pourtant une première. Une délégation du Saint-Siège s’est envolée pour Pyeŏngchang, en Corée du Sud, où se tiennent jusqu’au 25 février les Jeux olympiques d’hiver.

vatican-city-flag-2886029_1920La délégation vaticane est emmenée par Mgr Melchor Sanchez de Toca y Alameda, sous-secrétaire du Conseil pontifical de la Culture, et délégué au sport. Ce prélat espagnol, lui-même coureur de marathon, est membre et promoteur de l’Athletica Vaticana. Constituée en septembre 2017, l’Athletica Vaticana est une équipe composée d’employés laïcs et religieux du Vatican, hommes et femmes, âgés de 20 à 60 ans. Pharmaciens, gardes suisses, journalistes, pompiers, prélats de la Curie…..ils courent sous les couleurs du pape, le jaune et le blanc, pour vivre le sport sans raccourcis, y compris dans sa dimension spirituelle… mais aussi pour promouvoir des initiatives concrètes de solidarité.

Les « athlètes du Vatican » ne pourront pas participer directement aux épreuves, mais la présence d’une délégation vaticane en Corée du sud est loin d’être anecdotique. A Rio de Janeiro, en 2016, le Vatican avait assisté en qualité d’invité à la cérémonie d’ouverture des JO. Cette fois, le Comité international olympique a adressé une invitation officielle au Saint-Siège. En signe d’amitié, Mgr Sanchez a remis des maillots de l’Athletica vaticana au président du CIO, Thomas Bach. Même geste à l’égard des athlètes coréens. La délégation vaticane a également participé, en qualité d’observateur, à la session olympique qui s’est tenue du 5 au 7 février.  Notre présence est le fruit d’un travail patient, des relations tissées avec le CIO, explique Mgr Sanchez dans une interview à l’Osservatore romano, le quotidien du Vatican.

La participation du Vatican pourrait favoriser l’apaisement dans la péninsule

Car cela fait des années que le Vatican s’intéresse au sport, à ses vertus, à sa valeur théologique dans l’économie du salut et au rôle qu’il peut jouer en faveur de la paix, de la compréhension et de la promotion des personnes. Remarqué au moment de son élection pour son physique athlétique, connu pour son amour du ski et des randonnées en montagne, Jean-Paul II soulignait que le sport est un signe des temps, capable d’interpréter les nouvelles attentes de l’humanité.

Drapeau Corée du Sud

Aujourd’hui, la présence du Saint-Siège en Corée du Sud est avant tout symbolique mais elle possède une valeur ajoutée puisque ces JO 2018 se déroulent  à quelques kilomètres de la frontière la plus militarisée de la planète, celle qui sépare les deux Corées, dans un contexte de fortes tensions entre Pyongyang et la Maison Blanche.  Dans l’avion qui le conduisait au Chili, au mois de janvier, le pape François avait exprimé son inquiétude face à la menace d’un conflit catastrophique. J’ai vraiment peur d’une guerre nucléaire – avait-il déclaré –il suffirait d’un incident pour déclencher un conflit…Il faut bannir les armes nucléaires.

Plus récemment, le 7 février, à l’audience générale, il a salué la participation de sportifs nord-coréens aux JO d’hiver souhaitant que les conflits puissent se résoudre pacifiquement grâce au dialogue et dans le respect réciproque. Quant à lui, Mgr Sanchez assuré avant de partir que sa délégation s’efforcerait de promouvoir les qualités authentiques du sport mais aussi les valeurs évangéliques de la paix et de la solidarité. La trêve olympique, bien que fragile, permet de continuer à espérer dans un monde sans guerres, a-t-il dit. En attendant – le pape l’a répété mercredi –  le Saint-Siège est prêt à soutenir toute initiative utile en faveur de la paix et de la rencontre entre les peuples.