Épidémie : la responsabilité et la foi

Malgré l’adversité des temps, Monseigneur Matthieu Rougé, évêque de Nanterre, tient à rassurer sur quelques incertitudes eucharistiques. Chronique diffusée sur « Radio Notre Dame » le vendredi 6 mars 2020.

ROUGE_Vignette carrée tatouée 2019L’épidémie de coronavirus a conduit un certain nombre d’évêques et de communautés chrétiennes à prendre des mesures de précaution pour participer à l’effort collectif contre la contagion. Notre première mission est bien sûr de prier pour les malades et les soignants, ainsi que pour les victimes et leurs familles en deuil. Nous avons aussi à demander instamment au Seigneur de nous délivrer de tout péril et de tout mal. Mais cela ne nous empêche pas de faire preuve d’esprit de responsabilité, en bonne intelligence avec les pouvoirs publics, dès lors que leurs demandes sont légitimes et proportionnées.

Certains commentateurs – un peu rapides à mon avis – ont affirmé que telles ou telles mesures renforçaient la « marginalisation » de l’Eglise dans notre société. J’ai été au contraire frappé d’entendre les grands médias évoquer la Messe dominicale, bien plus souvent que d’habitude, comme un rendez-vous significatif de chaque fin de semaine. Le très officiel site du Ministère des Affaires Etrangères a mentionné la suppression de la Messe dans certaines villes d’Italie. Ne succombons pas trop vite au complexe – au virus – de la persécution alors que nous pouvons – et devons – assumer pleinement notre responsabilité historique et spirituelle.

A propos des recommandations – provisoires – sur la manière de recevoir la communion, certains ont posé une question légitime : un mal pourrait-il provenir de la communion au corps du Christ, le Fils de Dieu lui-même venant en nous et pour nous ? Il nous faut bien saisir en réalité que, par son incarnation, Jésus partage tout de notre condition humaine, y compris notre vulnérabilité. Par la consécration, le pain et le vin deviennent le corps et le sang du Christ tout en gardant l’écorce extérieure du pain et du vin avec leurs caractéristiques concrètes. La célébration de la Messe par des prêtres réels avec des fidèles réels, potentiellement malades ou contagieux, renforce cette logique d’incarnation. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, prendre en compte le risque sanitaire lié à la célébration liturgique, ce n’est pas manquer de foi mais au contraire exprimer notre foi en Jésus-Christ vrai Dieu et vrai homme.

Puissions-nous être vite délivrés de ce funeste covid-19 et surtout grandir dans la foi en Jésus-Christ Seigneur et Sauveur !

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