Depuis plusieurs mois, l’opinion publique voit se multiplier et monter en puissance des mouvements d’exaspération, de révolte, non seulement en France mais dans un certain nombre de pays d’Europe, de la part d’agriculteurs qui protestent légitimement contre le prix du lait auquel on les soumet et qu’ils jugent beaucoup trop bas.

Le retournement des prix dans un contexte de concurrence accrue en Europe, doublé d’un maintien, voire d’une augmentation des charges, étrangle de nombreux producteurs laitiers. Les choix opérés par la commission européenne de dérégulation d’une filière qui avait trouvé un certain équilibre ne peuvent qu’attiser la colère des producteurs. La grande précarité qui résulte en partie de ces options politiques ne peut, en conscience, nous laisser indifférents. C’est aussi une profonde détresse qui s’exprime à travers tous ces épandages de millions de litres de lait auxquels on assiste un peu partout. Sans même recourir aux repères évangéliques, il s’agit d’abord, d’un point de vue purement social, d’une question de justice et de respect pour tout professionnel dont le travail normalement rémunéré constitue une des composantes de sa dignité. Comment aussi, dans ces conditions, assurer la responsabilité d’une vie de famille, œuvrer pour une gestion équilibrée de son exploitation ?

Il importe donc que, dans les meilleurs délais, et au plus haut niveau, celui de l’Europe, on travaille à une nouvelle régulation d’un secteur laitier qui ne peut être soumis aux vents d’une libéralisation désastreuse. 19 membres de l’Union européenne sont aujourd’hui favorables à ce projet. Ce ralliement est-il un premier pas laissant espérer une sortie de crise ? Il faut le souhaiter de tout cœur.

Au nom de l’Église des Landes, je tiens à dire à tous les agriculteurs concernés ma totale solidarité avec leurs revendications pour des conditions de vente plus équitables et le retour à des revenus décents. Il faudra également considérer une meilleure répartition des recettes apparemment confisquées par certains acteurs de la filière chez qui le profit semble être la priorité essentielle au risque d’accabler ceux qui les approvisionnent.

Mgr Philippe Breton,
évêque d’Aire et Dax, le 28 septembre 2009