Déclaration du MRJC: « 50 000 éleveurs laitiers bientôt au Pôle Emploi? »

rural: REGION DE SAINT POURCAIN SUR SIOULE ALLIER: USINES EN REGION RURALE DANS LA VALLEE DE LA SIOULE - ECARISSAGE FARINES ANIMALES - ALIMENTATION DU BETAIL MINOTERIE...

L’indifférence n’est aujourd’hui plus permise, alors que des milliers d’éleveurs laitiers sacrifient le fruit de leur travail en France et en Europe. La grève du lait est révélatrice du malaise profond qui touche le monde agricole. Le MRJC, mouvement de jeunes ruraux, d’agriculteurs et de futurs agriculteurs, souhaite exprimer sa solidarité à l’ensemble des éleveurs dans ce contexte de crise majeure.

L’avenir des territoires ruraux en question

L’évolution du prix du lait ces derniers mois menace directement plusieurs dizaines de milliers d’éleveurs. De nombreuses exploitations sont au bord de la faillite ; les éleveurs travaillent tous les jours pour un salaire inférieur au SMIC, voire à perte. Comment donner envie aux jeunes de faire le choix de s’installer comme agriculteur dans un contexte aussi hostile ? Avec les cessations d’activité à venir et les exploitations non reprises, on peut estimer que ce sont environ 50.000 emplois qui seront perdus en quelques années. Ce plan social des campagnes met en jeu la vitalité des territoires ruraux, l’entretien des paysages et l’aménagement de nos territoires.

La contractualisation est une illusion

Cette situation n’est pas une fatalité ; elle est la conséquence directe des réformes libérales de l’Union européenne. La dérégulation de la production orchestrée par madame Fischer Boel, avec l’augmentation progressive des quotas, a déstabilisé les marchés des produits laitiers. Mais cette situation n’est qu’un avant goût de ce qui attend l’agriculture européenne avec la réforme de la PAC en 2013 !

Le rôle des intermédiaires est clairement identifié. L’opacité qui règne sur les marges de la transformation et de la distribution encourage la pression exercée sur les prix à la production, alors que les prix de vente en rayon sont 5 à 6 fois supérieurs.

Face à ces constats, le MRJC estime que la contractualisation producteur – transformateur ne peut être une solution juste et viable. La mise en place de ces contrats, dans un rapport de force déséquilibré, engage une dépendance des éleveurs vis à vis des industriels. La contractualisation ne garantit en rien l’avenir des petites et moyennes exploitations dont le faible volume produit ou leur éloignement les écartent du jeu des contrats.

Au contraire, nous demandons :

* le maintien d’un système de régulation publique (quotas) permettant d’ajuster l’offre à la demande, sur la base de prix acceptables.

* le soutien renforcé à l’orientation vers la production laitière biologique, aujourd’hui déficitaire, qui répond aux attentes des consommateurs.

* le soutien public à la mise en place de filières locales coopératives de collecte, de transformation et de distribution.

* et à moyen terme l’accompagnement des exploitations vers une réduction de leurs charges, et plus globalement vers des systèmes agricoles plus durables, autonomes et économes.