« Relier nos actions à la source qu’est le Christ » : interview de Mgr Schockert lors de l’assemblée plénière de mars 2010

Qu’avez-vous souhaité partager avec les évêques lors de votre intervention ?

Mon souhait était de nourrir leur réflexion et de les aider à mieux comprendre ce qu’est la pastorale des migrants au sein de l’Eglise. Il s’agissait aussi de leur apporter un éclairage sur les trois directives européennes concernant l’immigration et leur transposition à venir dans la loi française : le retour dans leur pays d’origine, les sanctions aux employeurs et sous-traitants qui emploient des personnes en situation irrégulière et la carte bleue européenne.
Enfin, je leur ai remis plusieurs textes importants, notamment les cinq orientations de la pastorale des migrants émises lors du rassemblement national à Nantes en 2006, la déclaration suite au Congrès sur les migrations à Rome en novembre 2009, la déclaration du CECEF « Le défi des migrations » publié à l’occasion du Carême 2010…

Quelle est l’urgence d’une pastorale des migrants aujourd’hui ?

Parmi les cinq orientations retenues à Nantes, les deux premières mobilisent notre réflexion et notre action : réaffirmer la nature pastorale de notre action auprès des migrants et l’attention plus particulière aux jeunes issus de la migration, notamment la deuxième et troisième génération.
Sur le premier point, il s’agit de relier réellement nos actions à la source qu’est le Christ pour éviter d’en rester uniquement à un humanisme qui n’en est pas moins profond et riche.
Cela signifie que dans la pastorale des migrants, comme dans d’autres secteurs de la vie de l’Eglise, il s’agit de reconstruire un projet pastoral global qui réclame d’aller au cœur de la foi.

La deuxième orientation consiste en une attention plus particulière aux jeunes issus de la migration, ceux de la deuxième et troisième génération. Ce projet intéresse en premier lieu les aumôneries des communautés catholiques de la migration où des initiatives se prennent pour créer des espaces de rencontre et de parole qui soient en mesure d’aider les jeunes à construire leur identité marquée par une double culture.

Comment l’Eglise catholique est-elle perçue sur le sujet de la migration ?

On prend souvent les chrétiens pour des êtres angéliques, pour des naïfs, loin des réalités. Or, nous sommes informés et formés. Nous ne sommes pas loin des réalités. Nous ne sommes pas naïfs parce que nous essayons de construire nos actions sur des convictions, réfléchies, structurées.
C’est donc important et courageux que les Eglises puissent se manifester. L’Église catholique a en effet partie liée avec la mondialisation.
En fondant des missions sur tous les continents elle pose en effet le signe concret d’une fraternité fondamentale entre tous les humains, quoi qu’il en soit des ambiguïtés qui ont marqué l’évangélisation au temps de la colonisation.
Et c’est au nom de cette conviction fondatrice qu’elle ose reconnaître dans le phénomène actuel des migrations un signe positif de l’unification de l’humanité.
Il me semble que les déclarations que l’on fait à temps et à contre temps interpellent et rejoignent la conscience de bon nombre de nos contemporains.

Vous avez évoqué avec les évêques le colloque œcuménique à l’Institut catholique de Paris. Quel en est pour vous le message essentiel ?

En septembre 2007, 2500 chrétiens européens appartenant à toutes confessions étaient assemblés à Sibiu (Roumanie). Ils ont notamment appelé les Etats du continent « à mettre fin à la détention administrative illégale des migrants, à faire tout effort pour obtenir une immigration légale, l’intégration des migrants, des réfugiés et des demandeurs d’asile, préserver la valeur de l’unité de la famille et à lutter contre le trafic d’êtres humains et l’exploitation des personnes qui en sont victimes ».
Le message du CECEF en « cette année européenne des Eglises pour les migrations » et le colloque qui a eu lieu le 14 mars dernier à l’Institut catholique sous la présidence des coprésidents du CECEF s’inscrivaient l’un et l’autre dans cette perspective.
Il s’agissait d’inviter les communautés chrétiennes à s’informer, à se montrer solidaires et fraternels, à s’exprimer et changer de regard. Ces éléments sont importants. Je souhaite que les communautés puissent entendre ce message et puissent s’ouvrir à l’accueil de l’étranger en le considérant comme une richesse.

mgr Schockert 2010

Lors d’une intervention en assemblée plénière le 24 mars 2010, Mgr Schockert a présenté les travaux de la congrégation des migrations à Rome et les différents projets en lien avec l’accueil des migrants en France. Il a particulièrement insisté sur la situation des jeunes migrants et de l’attention que devait porter l’Eglise sur les questions pastorales que posent les centres de rétention
 

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