Des communautés d’Église à part entière
Lieu de ressourcement, l’aumônerie ou la communauté chrétienne de la migration, offre à ses membres un espace d’accueil, de convivialité, de soutien et de prière. « À Poitiers, nous vivons une solidarité formidable. Nous sommes une trentaine, sans compter les enfants, à nous réunir une fois par mois pendant deux à trois heures. Nous prions avec des chants et des danses. Pour nous, Africains, il faut que ça vibre ! Nous échangeons des nouvelles, fêtons les anniversaires, partageons les deuils. Nous proposons également une messe et chaque mois l’église est pleine ! Avec les autres communautés chrétiennes africaines de la Province, nous organisons depuis 10 ans un pèlerinage à Lourdes. Les délégués de la Province se rencontrent aussi régulièrement », développe Markus Agbekodo, président du conseil pastoral de l’aumônerie des communautés africaines. Journées de l’amitié et temps forts rythment l’année, comme la prochaine rencontre nationale des animateurs des communautés chrétiennes africaines les 26 et 27 avril à Lisieux ou encore le rassemblement pour les jeunes catholiques vietnamiens prévu le week-end du 8 mai prochain en Ardèche.
Véritable pont vers l’intégration, « la communauté africaine d’Angoulême a permis à plusieurs membres d’obtenir un titre de séjour, une aide au logement, un accompagnement vers l’emploi », relève le P. Guy Vuillemin, aumônier national. La communauté permet d’exprimer les chocs quant à la culture française et d’expliciter les différences. Elle invite à plus d’ouverture les uns avec les autre et montre le chemin de l’Église. « C’est un moteur qui aide les diocèses et les communautés locales à être l’écoute des personnes venues d’ailleurs pour qu’elles en deviennent membres à part entière. Nombreux sont ceux qui ont vécu de grandes souffrances, mais ils gardent la foi. Ce témoignage de courage et de confiance peut être donné. Il peut aider les communautés locales à retrouver du souffle », souligne le P. Vuillemin. Le défi de ce vivre ensemble pour former une vraie communauté est encore pointé par Markus Agbekodo qui reprend : « Nous devons devenir frères, non pas malgré nous, mais en nous acceptant comme ayant reçu le même appel du Christ. Tout le monde a besoin de se convertir : ceux qui arrivent et ceux qui accueillent. Ensemble, nous vivons l’Église universelle et sommes signes de catholicité. Quand vous découvrez l’autre tel qu’il est, vous rencontrez un trésor ! »
Extraits de la réflexion du P. Lorenzo Prencipe, directeur du service national de la pastorale des migrants et des personnes itinérantes (janv. 2014)
« Vivons positivement cette chance de rencontrer et d’accueillir l’autre en réciprocité, de construire avec lui une histoire commune. Devenons ensemble une Église réellement universelle – capable de parler – par ses gestes, son témoignage, son engagement – de l’Amour de Dieu pour tous les hommes. (…)
La rencontre de l’autre – l’accueil de l’étranger, avec qui le Christ s’identifie en Matthieu 25 « J’étais étranger et vous m’avez accueilli » – n’est pas un simple geste de bonne volonté demandé gentiment par l’Évangile. Il s’agit d’un sacrement en ce sens qu’elle est le signe même de notre rencontre avec Dieu. La rencontre avec l’étranger est la voie voulue par le Christ pour nous permettre de rencontrer Dieu, sur le chemin vers le Royaume.
Le monde des hommes et des femmes des migrations, notre monde, est ainsi le lieu où l’homme rencontre Dieu, celui qui est différent de moi, l’Autre avec un A, celui que je ne pourrai jamais assimiler, cet Autre qui ne sera jamais Français, ce latino-américain, Philippin, Portugais ou même Italien.
Quand nous respectons l’étranger – l’autre – dans ce qu’il est, nous sommes capables de découvrir un Dieu qui se fait aimer par tous. »