La notion de « loi naturelle » est très centrale dans la théologie morale catholique. Le
Magistère s’y réfère souvent. Explication du Père Dominique Foyer, Professeur de théologie morale.
La notion de « loi naturelle » doit être bien comprise. Il ne s’agit pas seulement des structures physico-chimico-biologiques du réel, mises en évidence par les sciences de la nature et du vivant. La loi naturelle n’est pas seulement la « loi de la Nature ». C’est une notion théologique qui traduit avant tout la conviction que tout ce qui existe, loin d’être le résultat aléatoire du « hasard et de la nécessité », reflète, à travers son organisation même, une intention créatrice fondamentalement bonne. Ce dessein d’amour de Dieu est perceptible par l’intelligence humaine et l’humanité est appelée à y participer par le travail de sa raison et de sa volonté (cf.
encyclique Veritatis splendor, n°38 à 53). Dès lors, tous les éléments de la réalité peuvent et doivent faire l’objet d’une interprétation théologique et morale. Voir Catéchisme de l’Eglise Catholique art. 1954-1960.Ainsi, le fait incontestable que l’espèce humaine soit marquée par la sexuation et par la sexualité peut faire l’objet d’une telle interprétation, dont la
Bible se fait clairement l’écho : « Homme et femme il les créa… » (
Genèse 1, 27). Du coup, cette condition sexuée et sexuelle de l’humanité, comme de beaucoup d’espèces animales ou végétales, prend une signification supplémentaire, bien au-delà des seules réalités physico-biologiques. Déjà le Judaïsme, et plus encore le Christianisme, y voient le signe concret d’un
mystère d’alliance dont la révélation divine a manifesté la plénitude en Jésus-Christ.
Des normes éthiques et morales peuvent alors s’enraciner dans cette « loi naturelle » : ce qui existe est porteur de sens et indique une direction pour l’action humaine. Par exemple, dans le cas de la sexuation, on constate qu’elle représente un progrès à l’échelle de l’évolution des espèces vivantes, puisqu’elle permet la diversification génétique et donc l’émergence de nouveaux êtres, différents de ceux dont ils viennent. Ce ne serait pas le cas avec une reproduction par clonage. Appliqué à l’espèce humaine, le clonage représenterait donc une formidable régression biologique et morale.
Etant donné que la « loi naturelle » est accessible à la raison humaine qui se penche sur le réel pour l’observer et le comprendre, elle est – au moins en droit – compréhensible et recevable par tout être humain de bonne volonté. Elle a donc d’emblée un caractère d’universalité.
Père Dominique Foyer
Professeur de théologie morale
Faculté de Théologie et Département d’Ethique
Université Catholique de Lille
Pour aller plus loin
Commission Théologique Internationale, A la recherche d’une éthique universelle. Nouveau regard sur la loi naturelle (Cerf, 2009).
Dominique Foyer, « La loi naturelle dans les textes récents du Magistère catholique. Présentation et évaluation », dans : La loi naturelle. Le retour d’un concept en miettes ? (Revue d’Ethique et de Théologie Morale, n°261 – HS n°7 ; Cerf, 2010).