« Le numérique peut être une formidable occasion de rejoindre le plus grand nombre »

Les 16e Journées d’Etudes François de Sales (Annecy, 26 et 27 janvier 2012) ont rassemblé 223 journalistes, éditeurs et acteurs des médias chrétiens sur le thème « Relever le défi du numérique ». La Fédération Française de la Presse Catholique y a présenté « Les 7 défis de la presse catholique ». Bilan avec Bernard Bienvenu, président du directoire du groupe HCR et président de la FFPC.
 

Quel bilan faites-vous de l’édition 2012 ?

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Cela fonctionne alors que nous sommes très différents : journaux paroissiaux, presse régionale, nationale, des mouvements et services. Quelque chose nous rassemble : cette identité qui se décline très diversement mais qui nous fait « frères », au-delà des sensibilités et des professions. Ce qui me frappe aussi, c’est la participation croissante des services communication des diocèses, des universités catholiques et de nos confrères étrangers. Croyez-en ma longue expérience des Journées François de Sales, je m’aperçois que plus on est nombreux, plus on est différents et plus c’est réussi.
 

La première journée était consacrée au défi du numérique pour la presse et les médias. Qu’en retenez-vous ?

Je suis intimement persuadé que le numérique ne va pas tuer l’écrit. D’abord parce que le numérique est une forme d’écrit. Comme l’a souligné Erwann Gaucher (Consultant indépendant, journaliste et enseignant à l’ESJ de Lille, NDLR) on ne trouve pas que des formats courts. Il existe aussi un public pour des contenus développés, enrichis, mis en perspective, une information hiérarchisée. Le support change mais les besoins de contextualisation de l’information restent les mêmes. Je pense qu’il y aura toujours une place pour la presse écrite… sauf si les tablettes finissent par être aussi pratiques et confortables qu’on le dit. C’est possible. Au fond, il faut bien comprendre que le papier n’a jamais été que le support de l’écrit. Le problème n’est donc pas de changer de support mais de trouver enfin un modèle économique pour en vivre.
 

La deuxième journée avait pour thème le défi du numérique pour l’Eglise. Qu’en retenez-vous ?

Médias et institutions, nous sommes tous bousculés pas la « révolution des usages », comme l’a dit Erwann Gaucher. Pour une institution comme l’Eglise, compte tenu de son histoire, de sa culture et de la manière dont elle communique traditionnellement au peuple chrétien, le fait d’être dépossédée du magistère de l’information est vraiment une révolution. Il nous faut apprendre à ne rien sacrifier la mission d’annonce de la Parole et en même temps, composer avec l’interactivité et le dialogue propres au numérique. Je suis persuadé que pour les journalistes comme pour le magistère ecclésial, le numérique peut être une formidable occasion de rejoindre le plus grand nombre, bien plus que les courroies traditionnelles. En se mettant plus dans cette « horizontalité », on est aussi capable, non pas de perdre l’originalité du discours ou du message qu’on a à délivrer, mais d’entendre les questions qui germent et qui s’expriment pour mieux adapter notre discours et le rendre plus audible. La Nouvelle Evangélisation doit bien sûr utiliser ce moyen. Nous sommes à un moment historique pour nos métiers. Cela va changer radicalement notre façon d’être, d’être ensemble, de communiquer, de partager, de s’écouter…
 

Comment le Livre blanc intitulé « Les 7 défis de la presse catholique » est-il né ?

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C’est le fruit d’un travail de trois années. Il a rassemblé les associations des différents titres de presse écrite. Nous nous sommes aperçus que sur les questions professionnelles, sur notre place, notre avenir, notre rôle, sur la façon d’aborder cette société en mouvement, la presse catholique, collectivement, n’avait pas dit grand chose depuis longtemps. C’était du ressort de l’université catholique – celle de Lyon en particulier avec un département qui a fermé -de former des acteurs de l’Eglise et de la communication à cette réflexion. Pour le Livre blanc, des universitaires et des professionnels sont venus devant le groupe « Théopresse » témoigner de leurs problématiques et de leurs réflexions. Il ne s’agit pas pour nous de dire ce qu’il faut faire mais de poser un certain nombre de questions et de proposer des textes de référence. C’est un outil.
 

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Zoom sur les jeunes aux Journées François de Sales 2013

Pour Bernard Bienvenu, les jeunes journalistes intégrés dans les équipes rédactionnelles ont une pratique du numérique « infiniment plus courante et facile » que la majorité de ceux qu’ils rejoignent. « Nous leur demandons de faire un métier pour lequel ils sont déjà, eux, à l’étape d’après » analyse-t-il. La prochaine session, du 24 au 25 janvier 2013, s’interrogera donc sur la place accordée à la jeunesse et veillera à inviter largement les jeunes professionnels à Annecy !

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