François Soulage : « Notre société française est de plus en plus inégale »
Mobilisation sans précédent au Secours Catholique pour que les victimes de la précarité ne soient pas oubliées pendant les élections de 2012. François Soulage, son président, explique son action et réagit à « Élections : un vote pour quelle société ? », la déclaration des évêques de France.
Comment recevez-vous ce texte ?
Sur la plupart des points abordés, le texte est parfaitement clair et complet, mais sur certains, je regrette que les évêques soient trop restés dans un constat a minima, sans redire les valeurs qui nous rassemblent. Il ne suffit pas de rappeler une situation, il faut aussi regarder « derrière le rideau ». Quelques exemples.
Education : « Une éducation juste implique : la liberté et la responsabilité des parents ». J’aurais aimé qu’ensuite on ajoute : « Mais aujourd’hui tous les parents ne sont pas en situation de pouvoir exercer cette responsabilité ». Simplement pour ouvrir la voie à une recherche de propositions et que nous, chrétiens, puissions dire qu’il y a là un problème à résoudre… Je suis évidemment d’accord.
Banlieue et cités : « Une politique purement répressive ne saurait suffire ». Je suis éminemment d’accord. Pourtant il ne suffit pas d’initiatives prises par les habitants pour « comprendre la société ». Comment fait-on pour les libérer de la contrainte dans laquelle ils sont : celle d’un habitat complètement dégradé ?
A l’inverse, j’approuve tout à fait Economie et justice. « L’équilibre de la société exige la correction des écarts » : il y a quelque chose à faire. Comment faire est un autre champ qui n’appartient pas aux évêques.
Sur la Fin de vie : « Le développement des soins palliatifs (…) doit être poursuivi ». Aujourd’hui, on peut dire que c’est très insuffisant. Or la généralisation des soins palliatifs pourra éviter la question de l’euthanasie. Cette position est présente en filigrane mais tel que s’est écrit là, ça ne va pas assez loin.
Pour moi, le paragraphe sur l’Europe est trop faible. Voulons-nous une « Europe des Nations » ou une « Europe supranationale » qui joue la solidarité entre les peuples ? Ce n’est pas dit et j’en suis gêné.
Education : « Une éducation juste implique : la liberté et la responsabilité des parents ». J’aurais aimé qu’ensuite on ajoute : « Mais aujourd’hui tous les parents ne sont pas en situation de pouvoir exercer cette responsabilité ». Simplement pour ouvrir la voie à une recherche de propositions et que nous, chrétiens, puissions dire qu’il y a là un problème à résoudre… Je suis évidemment d’accord.
Banlieue et cités : « Une politique purement répressive ne saurait suffire ». Je suis éminemment d’accord. Pourtant il ne suffit pas d’initiatives prises par les habitants pour « comprendre la société ». Comment fait-on pour les libérer de la contrainte dans laquelle ils sont : celle d’un habitat complètement dégradé ?
A l’inverse, j’approuve tout à fait Economie et justice. « L’équilibre de la société exige la correction des écarts » : il y a quelque chose à faire. Comment faire est un autre champ qui n’appartient pas aux évêques.
Sur la Fin de vie : « Le développement des soins palliatifs (…) doit être poursuivi ». Aujourd’hui, on peut dire que c’est très insuffisant. Or la généralisation des soins palliatifs pourra éviter la question de l’euthanasie. Cette position est présente en filigrane mais tel que s’est écrit là, ça ne va pas assez loin.
Pour moi, le paragraphe sur l’Europe est trop faible. Voulons-nous une « Europe des Nations » ou une « Europe supranationale » qui joue la solidarité entre les peuples ? Ce n’est pas dit et j’en suis gêné.
Quelle est la démarche du Secours Catholique pour les élections ?
Nous avons réunis, dans toute la France, une cinquantaine de groupes de personnes accueillies par le Secours Catholique. Nous avons recueilli leurs réactions et propositions autour de 5 thèmes : « cohésion sociale », « jeunesse et précarité », « logement », « emploi/ressources » et « migrants ». Ce sont pour nous les 5 urgences sociales par rapport à ce que nous vivons au sein de l’association. Nous avons ensuite désigné des porte-parole de ces groupes pour faire des propositions aux candidats à l’élection présidentielle. Il y a les propositions des groupes et celles que le Secours Catholique reprend. Certains demandent par exemple la régularisation de tous les sans-papiers. Ce n’est pas notre position mais il est intéressant que les candidats entendent les personnes qui vivent cette situation. Nous traduisons en fonction ce que nous pensons raisonnable dans un programme gouvernemental.
Ces 5 thèmes se retrouvent dans notre campagne d’affichage public. C’est ainsi que nous abordons les candidats à l’élection présidentielle et que nous allons continuer avec ceux des élections législatives. Ces thèmes s’emboîtent les uns dans les autres. La cohésion sociale, c’est d’abord changer de regard. Mais sans toit stable sur la tête de chacun, c’est du temps perdu pour tout le reste.
Ces 5 thèmes se retrouvent dans notre campagne d’affichage public. C’est ainsi que nous abordons les candidats à l’élection présidentielle et que nous allons continuer avec ceux des élections législatives. Ces thèmes s’emboîtent les uns dans les autres. La cohésion sociale, c’est d’abord changer de regard. Mais sans toit stable sur la tête de chacun, c’est du temps perdu pour tout le reste.
Vos partenariats dépassent le microcosme catholique…
Nous avons totalement soutenu la mobilisation pour le logement de la Fondation Abbé Pierre. Sur toutes les questions concernant immigration et respect du droit, nous sommes alliés avec Emmaüs, ATD-Quart Monde, la Cimade, le CCFD-Terre Solidaire. Sur le terrain du droit, nous avons monté avec Amnesty International et ATD- Quart Monde des « comités solidaires pour les droits », pour des actions ponctuelles et communes.
Des rendez-vous avec 5 candidats
Eva Joly (Europe Ecologie Les Verts), François Bayrou (MoDem), Nicolas Sarkozy (UMP), François Hollande (Parti Socialiste) et Jean-Luc Mélenchon (Front de Gauche) sont les candidats retenus pour une rencontre avec le Secours Catholique.
« Nous trouvons que la question de la précarité n’est vraiment pas au centre du débat, estime François Soulage. Derrière la précarité se pose la question de l’accroissement des inégalités. Notre société française est de plus en plus inégale, avec un groupe moyen et un extrême en grande pauvreté qui s’éloigne toujours un peu plus de la moyenne. C’est ce que nous avons observé avec 650.000 situations qui permettent d’aider 1 million et demi de personnes, grâce à nos 4000 équipes ».