Pour une pratique chrétienne de la politique (1972)

couv_pour_une_pratique_chretienne_de_la_politique_1972Présentation de « Pour une pratique chrétienne de la politique », texte de l’assemblée plénière de l’épiscopat français publié en 1972.

Ce premier texte concernant le champ politique revêt une importance particulière pour au moins trois raisons : son mode d’élaboration participatif, sa publication par l’assemblée plénière, son retentissement parmi les catholiques pour lesquels il devient assez vite une référence.

L’après 68 avait vu les chrétiens prendre des options politiques très diverses au point de remettre en question chez certains la possibilité de vivre au sein de la même Eglise. Dès 1969, les évêques confièrent à Mgr Matagrin, président de la commission sociale, le soin de confronter les points de vue. Pendant 3 ans, des consultations, tables rondes, débats en assemblée plénière furent organisés. Un rapport final fut débattu lors de l’assemblée plénière de 1972 et une partie publiée comme déclaration signée de l’assemblée elle-même.

De son contenu, se dégagent quelques lignes directrices qui restent d’actualité aujourd’hui encore.

Les évêques invitent d’abord instamment les catholiques à s’intéresser à la politique qui n’est pas indifférente au dessein de Dieu, et à s’y engager d’une manière ou d’une autre. Ils font ainsi écho à la lettre de Paul VI au cardinal Roy (1971) largement consacrée à la responsabilité politique des chrétiens.

Pour autant, il n’y a pas de politique de soi chrétienne et la déclaration consacre une première partie au « pluralisme inconfortable et nécessaire », position qui était loin d’être partagée à l’époque. Parce que les choix politiques sont le fruit de l’histoire de chacun et pas seulement de la foi, il est légitime que les chrétiens se dispersent sur l’échiquier politique. Même si tout n’est pas possible – la Bible indique un certain nombre de principes éthiques auxquels un chrétien ne saurait déroger, notamment l’attention aux plus pauvres – il ne s’agit nullement de parvenir à « un accord impossible et non désirable ». Mais les oppositions ne doivent pas être érigées en absolu et il faut apprendre à reconnaître la part de vérité de l’autre, sans jeter l’anathème sur ceux qui pensent autrement. Les évêques rappellent à cette occasion le caractère relatif de toute idéologie et l’originalité irréductible de la révélation chrétienne.

Dans cet esprit, les évêques lancent un vibrant appel à ce que l’Eglise devienne le lieu privilégié de la confrontation des positions pour mieux se comprendre, s’aider au discernement… « Au plus profond des divergences de ses membres », la communauté est appelée à témoigner de sa tension vers l’unité. Et la célébration de l’Eucharistie entre adversaires témoigne alors de « l’unité essentielle et impossible ».

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