Mgr Giraud à Cannes pour apporter « un autre regard »
En 2012, pour votre première participation à Cannes, vous déclariez que votre lien avec le 7ème art était « très faible ». Qu’en est-il aujourd’hui ?
Est-ce cette fraîcheur de regard que vous apporterez en tant que juré ?
En effet, de la même manière qu’existe au Festival une compétition appelée « Un Certain Regard », on pourrait dire que je voudrais apporter « un autre regard ». C’est une caractéristique et peut-être une grâce que d’avoir ce regard neuf, sans trop de références ou d’a priori. Je ne vais pas analyser, par exemple, un film par rapport aux œuvres précédentes de son réalisateur ou à ses clins d’œil à d’autres réalisateurs mais pour lui-même, pour sa dimension humaine et spirituelle.
Je viens également à Cannes avec mon expérience d’évêque qui m’ouvre à des réalités à 360 degrés à travers mes rencontres. Des syndicalistes aux entrepreneurs, des élus aux sans-papiers, des athées aux catéchistes, il y a toute la palette de la vie ordinaire.
Vous serez forcément perçu comme porte-parole officiel de l’Église catholique. Vous sentirez-vous libre de vos choix ?
Oui vraiment, par tempérament et par sens de l’Église. Certes, tout évêque est porteur d’une forte valeur symbolique. L’an dernier, j’ai senti que j’étais attendu à Cannes en tant que Président du Conseil pour la Communication. Mais délaissant le côté people, j’ai vécu cet événement comme une expérience de Pâques, au sens d’une épreuve à traverser. Car si les jeunes qui réceptionnaient les badges, les techniciens, toutes les « petites mains » du cinéma, manifestaient leur surprise et leur respect, j’ai pu apparaître pour certains comme un « démon », pour reprendre une expression qui m’a été adressée au détour de la Croisette. N’étais-je pas en effet un « démon » pour ceux qui ne veulent appartenir qu’à la mondanité ?
Ainsi, pour cette année, je sais qu’il peut s’agir d’une épreuve physique que d’assurer à la fois une participation complète au Jury œcuménique et la marche de mon diocèse. Ce peut être également une épreuve spirituelle car il va falloir que je m’immerge, que je m’inculture. Je serai un simple membre au sein du Jury. J’y viens avec sérieux, sans stratégie, en comptant beaucoup sur les autres membres, sur nos discussions pour acquérir une conscience commune. Je compte sur cet esprit d’équipe. Il pourra y avoir des divergences ou au moins une diversité qui ne doit cependant pas être redoutée. Notre effort de fraternité œcuménique la dépassera et révélera tout l’intérêt de cette démarche.
Les communautés chrétiennes s’intéressent-elles assez à cet art, « lieu où convergent les périphéries de l’Église et du monde », ainsi que vous le déclariez l’an dernier dans votre homélie lors de la célébration œcuménique ?
Les rendez-vous des 40 ans du Jury Œcuménique à Cannes
– Une émission télévisée dimanche 25 mai de 10h à 12h sur France 2, présentée ensemble par Présence Protestante et Le Jour du Seigneur.
– Une célébration œcuménique mercredi 21 mai à 16h à l’église du Prado, en présence du nouvel évêque de Nice, Mgr André Marceau, et suivie d’une réception offerte par la ville de Cannes.