Le Pape François dans la favela de Varginha

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Le 25 juillet 2013, lors de sa rencontre avec la communauté de Varginha, quartier défavorisé de Rio de Janeiro (Brésil), le Pape François a encouragé la société brésilienne dans la lutte contre la faim et la misère. Il a rappelé que l’Eglise se voulait « avocate de la justice et défenseur des pauvres ».
 
Le Pape François s’est d’abord rendu à la mairie de Rio de Janeiro, où le Maire, Eduardo Paes, lui a remis les clefs de la ville. Puis, dans le jardin, il a procédé à la bénédiction des drapeaux des Jeux olympiques et para-olympiques, saluant des athlètes de diverses disciplines. En effet, en 2016, le Brésil accueillera la XXXI Olympiade moderne, la première en Amérique du sud.

Puis il a gagné par la route la favela de Varginha, distante de 18 km, une des plus grandes de la périphérie de Rio, récemment sécurisée. Le terme favela vient du nom d’une légumineuse vivace de la région. Ce quartier défavorisé vit le jour en 1897, lorsque des soldats auxquels on avait promis des logements se retrouvèrent abandonnés sans ressources sur la colline de Gamboa. Après avoir été accueilli par le curé, le vicaire épiscopal et la supérieure locale des Soeurs de la charité, le Pape François a gagné à pied la chapelle de la favela. Après y avoir prié, il s’est déplacé au stade sommaire voisin pour s’adresser à la population rassemblée. Sur le trajet, il s’était arrêté chez une famille, choisie au hasard, avec laquelle il a pu converser.
 

Pour un monde plus juste et plus solidaire

Il a d’abord déclaré qu’au cours de sa visite au Brésil, il aurait désiré pouvoir visiter tous les quartiers du pays: « J’aurai voulu frapper à chaque porte, dire bonjour, demander un verre d’eau fraîche, prendre un cafezinho, pas un verre d’alcool, parler comme à des amis de la maison, écouter le cœur de chacun, des parents, des enfants, des grands-parents. Mais le Brésil est trop vaste pour qu’on puisse frapper à toutes les portes ». Remerciant une fois encore les brésiliens de leur accueil: « Au milieu de vous, je me sens accueilli. Et il est important de savoir accueillir… Lorsque nous sommes généreux dans l’accueil d’une personne et que nous partageons quelque chose…non seulement nous ne restons pas plus pauvres, mais nous nous enrichissons. Lorsque quelqu’un a faim et frappe à votre porte, vous trouvez toujours une façon de partager la nourriture. Comme dit le proverbe, on peut toujours ajouter de l’eau aux haricots!… Le peuple brésilien, en particulier les personnes les plus simples, offre au monde une belle leçon de solidarité, un mot souvent oublié ou tu, parce qu’il gêne. Je voudrais faire appel à qui possède plus de ressources, aux pouvoirs publics et à tous les hommes de bonne volonté engagés pour la justice sociale: Ne vous lassez pas d’oeuvrer pour un monde plus juste et plus solidaire! Personne ne peut rester insensible aux inégalités qui règnent dans le monde. Que chacun, selon ses possibilités et ses responsabilités, sache offrir sa part pour mettre fin à beaucoup d’injustices sociales. Ce n’est pas la culture de l’égoïsme, de l’individualisme qui souvent régule notre société, à construire et à mener vers un monde plus humain, mais la culture de la solidarité qui voit dans l’autre non un concurrent ou un numéro, mais un frère. Nous sommes tous des frères ».
 

« Tout ce qui se partage se multiplie »

« Je désire encourager les efforts que la société brésilienne fait pour intégrer toutes ses composantes, même les plus souffrantes et nécessiteuses, dans la lutte contre la faim et la misère. Aucun effort de pacification ne sera durable, il n’y aura ni harmonie, ni bonheur pour une société qui ignore, qui met en marge et abandonne dans la périphérie une partie d’elle-même. Une telle société s’appauvrit ainsi simplement et perd même quelque chose d’essentiel pour elle-même… C’est seulement quand nous sommes capables de partager que nous nous enrichissons vraiment. Tout ce qui se partage se multiplie. La mesure de la grandeur d’une société est donnée par la façon dont elle traite celui qui est le plus nécessiteux, qui n’a rien d’autre que sa pauvreté… Avocate de la justice et défenseur des pauvres contre les inégalités sociales et économiques intolérables qui crient vers le ciel, l’Eglise désire collaborer à toute initiative ayant le sens du vrai développement de tout homme et de tout l’homme… Mais il existe une faim plus profonde, la faim d’un bonheur que seul Dieu peut rassasier. Il n’y a ni véritable promotion du bien commun, ni véritable développement de l’homme quand on ignore les piliers fondamentaux qui soutiennent une société, ses biens immatériels. Don de Dieu, la vie est une valeur à préserver et à défendre, ainsi que la famille, fondement de la vie ensemble et remède contre l’effritement social, l’éducation intégrale, qui ne se réduit pas à une simple transmission d’informations dans le but de produire du profit, la santé, qui doit chercher le bien-être intégral de la personne, aussi dans sa dimension spirituelle, essentielle pour l’équilibre humain et pour une saine vie en commun, la sécurité, dans la conviction que la violence peut être vaincue seulement à partir du changement du cœur humain ».
 

« Soyez les premiers à apporter le bien »

« Ici, comme dans tout le Brésil, il y a beaucoup de jeunes. Chers jeunes, vous êtes particulièrement sensibles aux injustices, mais souvent vous êtes déçus par des faits qui parlent de corruption, de personnes qui, au lieu de chercher le bien commun, cherchent leur propre intérêt. A vous aussi et à tous, je répète qu’il ne faut jamais vous décourager, ni perdre confiance. Ne laissez pas s’éteindre l’espérance en vous. La réalité peut changer, l’homme peut changer. Soyez les premiers à apporter le bien, à ne pas vous habituer au mal, mais à le vaincre. L’Église vous accompagne, vous apportant le bien précieux qu’est la foi en Jésus-Christ, venu pour que les hommes aient la vie, et pour qu’ils l’aient en abondance… Aux habitants de cette communauté de Varginha je dis: Vous n’êtes pas seuls, l’Eglise est avec vous, le Pape est avec vous. Je porte chacun de vous dans mon cœur et je fais miennes vos attentes… Je vous confie tous à l’intercession de Nossa Senhora Aparecida, Mère de tous les pauvres du Brésil, et je vous donne avec grande affection ma bénédiction ».

Source : VIS du 25 juillet 2013

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