Rencontre avec les journalistes sur le vol papal
Le Saint-Père a confirmé qu’il préférait résider à Sainte-Marthe: « Je ne peux pas vivre seul ou en petit comité. J’ai besoin des gens, de les rencontrer, de parler avec eux… Chacun doit vivre comme le Seigneur veut qu’il vive. Mais l’austérité, l’austérité générale, est nécessaire pour tous ceux qui travaillent au service de l’Eglise ». Il a aussi révélé ce que contenait la sacoche qu’il portait avec lui dans ce voyage. « Elle ne contenait pas la clef de la bombe atomique. Elle contenait un rasoir, un bréviaire, un agenda, un livre…je lis actuellement un livre sur la petite Thérèse dont je suis très dévot… J’ai toujours porté ma sacoche quand je voyage… C’est normal. Nous devons être normaux ».
Il a répondu à une question sur les commissions instituées pour la réforme de l’Institut pour les œuvres de religion (IOR) et le cas de Mgr Scarano, responsable du service de comptabilité analytique de l’Administration du patrimoine apostolique du Saint-Siège (APSA), arrêté fin juin par les autorités italiennes dans le cadre d’une enquête pour corruption et escroquerie. Il a expliqué qu’il avait mis en place ces deux commissions pour réformer et assainir l’IOR, que certains lui conseillaient d’en faire une banque éthique, un fonds d’aide ou même de le fermer. « J’ai confiance dans le travail des personnes de la commission -a-t-il ajouté-. Ce qui est sûr, c’est que la transparence et l’honnêteté doivent être les critères dont cet organisme doit s’inspirer… Oui, il y a un monseigneur en prison et cela, pas parce qu’il ‘ressemblait à la bienheureuse Imelda’ (expression argentine)… Ces choses qui causent autant de scandale me font mal… Mais dans la Curie, il y a aussi tant de saints…bien que certains ne le soient pas tellement… Et ce sont ces derniers qui font le plus de bruit… Nous savons tous qu’un arbre qui tombe fait plus de bruit qu’une forêt qui pousse ».
Le Saint-Père a aussi évoqué le cas de Mgr Ricca, prélat de l’IOR, sur lequel une revue italienne a publié des informations compromettantes relatives à son intimité et sur le présumé lobby gay du Vatican. « Sur Mgr Ricca -a-t-il dit- j’ai effectué une Investigatio Previa (enquête avant nomination) et rien n’a été trouvé. Mais je voudrais ajouter quelque chose. Je vois que dans l’Eglise, souvent, on va chercher les péchés de jeunesse et on les publie, pas les délits, c’est autre chose, par exemple les cas d’abus sur mineurs. Mais si un laïc, un prêtre ou une religieuse a commis un péché, le Seigneur pardonne et oublie. Et cela est important; le Seigneur oublie. Nous n’avons donc pas le droit de ne pas oublier… Saint Pierre avait commis l’un des péchés les plus graves qui est de renier le Christ. Et pourtant il a été choisi Pape. On écrit beaucoup sur ce lobby gay…mais je n’ai encore rencontré personne au Vatican qui me montre sa carte d’identité avec écrit ‘gay’. On dit qu’il y en a. Je crois que lorsque l’on rencontre une telle personne, il faut distinguer le fait qu’il soit homosexuel de son appartenance à un lobby, car les lobbys ne sont pas bons…Voilà l’erreur… Si une personne est homosexuelle et cherche le Seigneur avec sa bonne volonté, qui suis-je pour le juger? ».
Le Saint-Père a aussi abordé le cas des sacrements aux personnes divorcées remariées et a dit: « Je crois que le moment de la miséricorde est arrivé… Les divorcés peuvent accéder aux sacrements… Le problème touchent ceux qui ont célébré une seconde union…qui ne peuvent recevoir la communion. Mais j’ouvre ici une parenthèse, les orthodoxes ont une pratique différente; ils suivent ce qu’ils appellent la théologie de l’économie et offrent une deuxième possibilité. Mais je crois que ce problème, et je ferme la parenthèse, doit être étudié dans le cadre de la pastorale du mariage. L’un des thèmes sur lesquels je consulterai le conseil des huit cardinaux avec qui nous nous réuniront en…octobre sera de voir comment avancer en termes de pastorale matrimoniale. Il y a quelques jours, le Secrétaire du Synode des évêques était avec moi pour choisir le sujet du prochain synode et…en parlant…nous avons évoqué ce thème anthropologique: comment la foi aide à la planification de la personne, de la famille et conduit à la pastorale matrimoniale… Nous sommes en chemin vers une pastorale matrimoniale plus profonde… Ce problème concerne beaucoup de monde ».
Quant à la participation des femmes dans l’Eglise, le pape François a dit que la question de l’ordination a été tranchée de façon définitive par Jean-Paul II par un non. Mais, il a rappelé que « Marie est plus importante que les apôtres, les évêques, et ainsi, la femme dans l’Eglise est aussi plus importante que les évêques et les prêtres… Il faut progresser dans l’explication du rôle et du charisme des femmes dans l’Eglise…Nous n’avons pas toutefois de théologie profonde de la femme dans l’Eglise ».
Evoquant la présence de Benoît XVI au Vatican, il a ajouté: « C’est comme avoir un grand-père à la maison, mais un grand-père sage. Quand, dans une famille, le grand-père est à la maison, il est vénéré, aimé, écouté. C’est un homme très prudent, il ne s’immisce pas. Je lui ai dit plusieurs fois: Sainteté, recevez des personnes, vivez votre vie, venez avec nous »… Oui, il est venu pour l’inauguration de la statue de saint Michel… Oui, c’est comme avoir un grand-père à la maison, il est un peu comme un père. Si je rencontre une difficulté ou ne comprends pas quelque chose, je l’appelle au téléphone pour lui demander: Dites-moi, ce peut être ceci ou cela? ». Et quand je suis allée lui parler du gros problème de Vatileaks, il m’a tout expliqué avec une grande simplicité ».
Source : VIS du 30 juillet 2013