« Pour vivre le Carême d’un cœur joyeux et aimant » par Mgr Ginoux

Mgr Bernard Ginoux

Le message du pape Benoît XVI pour le Carême 2011 rappelle avec force que le temps du Carême est une invitation à actualiser notre baptême à en expérimenter le don, à laisser grandir la grâce de ce sacrement, à « vivre le baptême comme l’acte décisif de notre existence ». Ce message a pour titre « Ensevelis avec le Christ lors du Baptême, vous en êtes aussi ressuscités avec Lui » (Col 2, 12).

Je vous invite à lire et à méditer ce message.
 

Un chemin vers Pâques

Le Saint-Père rappelle que le Carême est lié au baptême et à la fête de Pâques et qu’il permet d’ « expérimenter la grâce qui sauve ». On peut dire que le Carême est une préparation à Pâques, sommet de la foi chrétienne : il est comme une retraite spirituelle avant de célébrer la mort et la résurrection du Christ qui, par là, se donne à nous. Il est donc accompagné de la joie intérieure parce que le Seigneur fait miséricorde et nous rend bénéficiaires de sa miséricorde. Le temps du Carême est un temps de redécouverte de la foi baptismale à l’image de l’itinéraire catéchuménal.

Une liturgie catéchuménale

« La fête de Pâques est la plus joyeuse et la plus solennelle de l’année liturgique », écrit Benoît XVI. Le triduum pascal (Jeudi saint, Vendredi saint, veillée pascale) est l’aboutissement de ce temps du Carême et, dans la « veillée des veillées », la plus grande célébration liturgique, la Vigile pascale, toute l’assemblée renouvelle les promesses du baptême et affirme sa foi et sa volonté de vivre du Christ ressuscité. La liturgie de chaque dimanche de Carême balise cet itinéraire grâce à la Parole de Dieu, spécialement les passages d’évangile que nous allons entendre, méditer et mettre en pratique. Nous pourrons nous rendre compte que la Parole de Dieu est l’expression de l’amour du Seigneur pour tous, message qui n’est autre que celui de Jésus qui guérit et qui sauve.

Avec le Saint-Père nous suivons Jésus au désert (Matthieu 4, 1-11) et son combat victorieux contre le tentateur (1er dimanche, 13 mars). Cette victoire est notre espérance : nous pouvons avec lui vaincre les tentations du mal.

Le deuxième dimanche, 20 mars, l’évangile de la Transfiguration (Matthieu 17, 1-9) fait méditer sur la Gloire du Christ et annonce ce que nous serons après avoir été ressuscités dans le Christ. Là encore nous sommes invités à l’espérance et à la confiance.

Le 27 mars, troisième dimanche de Carême, la rencontre de Jésus avec la Samaritaine (Jean 4, 5-42) « exprime la passion de Dieu pour tout homme » ((Benoît XVI). L’eau qui nous est donnée est cette eau baptismale où le chrétien est né « de l’eau et de l’Esprit », l’eau de la vie nouvelle.

Le quatrième dimanche, 3 avril, la guérison de l’aveugle-né (Jean 9, 1-41) n’est pas seulement la manifestation d’un prodige, c’est d’abord la manifestation de la foi vivante et joyeuse de cet homme et le signe plus profond de la révélation de Jésus comme « lumière du monde ».

Enfin, le 10 avril, cinquième dimanche de Carême, nous serons devant le tombeau de Lazare (St Jean 11, 1-45) et nous dirons avec Marthe « Oui, Seigneur, je crois que tu es le Christ, le Fils de Dieu qui vient dans le monde » (Jean 11,27). Le sens profond de notre existence apparaît : « Dieu a créé l’homme pour la résurrection et pour la vie » (Benoît XVI).

Tout ce parcours fait vivre l’itinéraire du baptême et la grande liturgie de la Vigile pascale avec la Parole de Dieu qui reprend toute l’histoire du salut, la profession de foi, les rites du baptême, est l’aboutissement de ces quarante jours de « conversion » de notre vie.

Un chemin de conversion

Le message du Saint-Père redit les moyens évangéliques que nous avons pour convertir notre cœur joyeusement et sereinement : le jeûne, l’aumône et la prière.

Le jeûne est souvent oublié mais il est un combat contre notre égoïsme, contre notre « moi » à nourrir, à satisfaire par des satisfactions matérielles. « En appauvrissant notre table, nous apprenons à vaincre notre égoïsme pour vivre la logique du don et de l’amour » (Benoît XVI)

L’aumône : ce mot semble vieilli mais il est une insistance de Benoît XVI (par exemple dans sa dernière encyclique DEUS CARITAS EST). Nous sommes en fait invités au partage et au don, particulièrement auprès des organismes caritatifs comme le CCFD – Terre solidaire qui pilote la campagne de Carême. La lutte intérieure contre le désir de posséder des biens (et ce désir est toujours justifié à nos yeux !!!) passe par le renoncement et le partage.

La prière : le Carême est un temps de vie spirituelle renforcée et le jeûne et l’aumône sont des préalables et permettent de disposer son cœur à la prière gratuite et désintéressée, en donnant du temps au Seigneur, en lisant et en mettant en pratique la Parole de Dieu. Dans le silence et le recueillement Dieu parle à mon cœur. C’est aussi l’occasion de vivre plus intensément et plus fidèlement l’eucharistie et de célébrer le sacrement de la réconciliation en confessant personnellement nos péchés pour recevoir du prêtre le pardon personnellement.

En conclusion, le message du Saint-Père reprend cet appel à laisser se redéployer en nous la grâce du baptême dans la joie d’un nouveau départ à Pâques « pour plonger dans la mort et la résurrection du Christ et avec lui avoir la Vie éternelle ». N’attendons pas, commençons ce Carême d’un cœur aimant et vivons-le en communion avec les autres baptisés, dans nos communautés locales invitées, elles aussi, à prendre le chemin de Pâques.

Mgr Ginoux
Evêque de Montauban
 

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