Réconcilier l’économie avec l’Homme, éclairage de Mgr Ginoux sur l’encyclique Caritas in veritate

Mgr Bernard Ginoux

En signant ce 29 juin 2009 une nouvelle encyclique « sociale », Benoît XVI invite les dirigeants économiques et politiques à penser le système économique pour le bien de l’homme et non pour le seul profit. Sa longue réflexion reprend toute la pensée sociale de l’Eglise exprimée largement au cours du XXe siècle pour un élargissement aux situations nouvelles sur fond de mondialisation.
La troisième encyclique du saint Père conduit le lecteur (et elle est adressée à tous) à s’interroger sur le « développement humain intégral dans la charité et la vérité ». Déjà dans sa première encyclique « Dieu est amour » (Deus caritas est), le pape montrait que l’amour de Dieu (la charité) est la voie maîtresse de tout l’enseignement du Christ. C’est dans cette perspective qu’il replace son approche de l’économie et que se situe la doctrine sociale de l’Eglise, le message que l’Eglise catholique veut donner au monde au nom de l’Evangile.

Il ne s’agit pas d’un programme idéal ou d’un programme de gouvernement politique. Devant les disfonctionnements économiques, les impasses venues de choix contraires à l’homme, les déséquilibres, dans un climat de crise, Benoît XVI en appelle à la conscience des hommes pour que de nouveaux projets de société soient élaborés pour mettre le bien commun et le souci de l’homme au cœur de la construction économique. La société doit donner à l’homme une vie bonne tout en suivant des principes économiques efficaces mais justes pour tous. L’insistance sur la fraternité, mot chrétien inhabituel en économie, rappelle le devoir de ne laisser personne en chemin, de donner à chacun le nécessaire pour assurer sa vie et une vie digne. Le respect de toute personne, de toute vie humaine, le droit à l’alimentation, sont des impératifs éthiques.

En six chapitres, quelques points sont mis en évidence :

– Les objectifs du développement nécessitent l’interdisciplinarité des savoirs et des compétences au service de l’homme : « seule la charité éclairée par la raison, permettra d’atteindre des objectifs de développement porteurs d’une valeur plus humaine et plus humanisante ».

– La recherche de la justice et du bien commun. Le pape souligne une aggravation entre les « toujours plus pauvres » et les « toujours plus riches ». Or, nous devrions viser à une « démocratie économique » fondée sur la fraternité entre les hommes.Cette recherche s’oppose à une séparation de l’économique et du social. Il n’y a pas d’un côté le bulldozer économique qui dégage du profit et le pansement des plaies sociales que crée l’économique pur et dur. Il s’agit donc de la recherche d’une éthique qui unirait ces différents domaines (politique, économique, social, bioéthique, écologique, etc.).

-, Cette analyse montre que la mondialisation est une chance pour les uns et une catastrophe pour les autres mais le Saint-Père refuse une vision fataliste de cette réalité. Il invite à la confiance et à la nécessité de gérer ce phénomène par une régulation internationale et locale, par « la relation, la communion et le partage ».

Cette ouverture à une lecture complète de l’encyclique durant les semaines estivales veut souligner le caractère très réaliste de la méthode que Benoît XVI utilise pour analyser ces faits de société à la lumière de l’enseignement constant de l’Eglise. Ces réalités nous concernent tous. Il est heureux d’entendre le message clair de notre pape qui, à la suite du Christ, plaide pour l’homme, pour tout homme.

Mgr Bernard Ginoux
Evêque de Montauban
Source: site du diocèse de Montauban

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