Interview de Mgr Marc Stenger, évêque de Troyes et président de Pax Christi France

 Quel est le sens de l’opération initiée par Pax Christi-France ?

Cette opération a pour dessein de faire entendre le cri de ces hommes et de ces femmes qui souffrent, de témoigner de leur situation réelle et de leurs attentes auprès des chrétiens de France, mais aussi du gouvernement français. Il est important que nous rejoignions la vie de ces chrétiens pour qu’ils ne se sentent pas seuls dans ce qu’ils ont à vivre. Personne ne peut affronter de telles réalités s’il se sent abandonné de tous.

« Se préparer à Pâques avec les chrétiens d’Irak » est tout sauf une entreprise de commisération. Notre cœur est touché par la situation dramatique de ces hommes et de ces femmes, mais l’opération n’a pas pour objectif d’apaiser notre peine.

Malgré le drame qu’ils vivent, les chrétiens d’Irak peuvent-ils encore être des acteurs de paix ?

Cela est difficile pour eux vu la situation actuelle. Ils sont ballotés, pris en tenailles. Sur leurs têtes s’amoncellent soupçons, menaces, exclusions… Leur présence sur place est toutefois essentielle. Ils ont une vocation particulière à être des ponts entre deux mondes, entre deux cultures, à être des médiateurs pour un dialogue entre l’Orient et l’Occident. Ils appartiennent à ce monde, leur foi est enracinée dans cette terre.

Ils ne pourront remplir cette mission sans sentir notre soutien, notre encouragement. C’est la condition même pour que la paix puisse émerger.

Qu’attendez-vous des chrétiens de France ?

Nous sommes les héritiers des chrétiens d’Orient. Je considère que c’est notre devoir de leur rendre hommage. Quand les parents sont dans la peine et l’épreuve, les fils doivent se tourner vers eux. Nous avons une responsabilité à leur égard pour qu’ils puissent vivre sur leur terre ou soient accueillis.