« La joie de l’Évangile », thème de la Journée missionnaire mondiale 2014
Le message du Saint-Père pour la Journée missionnaire mondiale (19 octobre 2014) appelle à la joie de l’Évangile. La joie qui naît de l’accueil et de l’annonce de l’Évangile. Et aussi « La Joie de l’Évangile » : l’exhortation du même nom. Tout au long de cette année 2014, dans ses divers messages et homélies, le Pape François a repris ce thème phare de l’exhortation. Par P. Antoine Sondag.
La joie. Pour se laisser inspirer par l’Évangile, le pape médite la séquence de l’envoi des 72 disciples par Jésus… et de leur retour (Luc 10, 21-23). Premier temps : les disciples sont joyeux, apparemment à cause de leur succès. Jésus les reprend et annonce que la vraie joie provient de l’inscription de notre vie dans la logique même de l’amour de Dieu. La joie donnée et la joie reçue. Deuxième temps : la joie du disciple vient de l’amour dont le Père témoigne à l’égard du Fils, cet amour qui rayonne jusqu’à nous, nous enveloppe et nous fait entrer dans le mouvement même de Dieu. Une joie très théologique, dira-t-on. La source de la vraie joie est en Dieu même. Troisième temps : Jésus s’adresse à nouveau aux disciples pour les faire participer à sa joie, différente et supérieure à la joie dont les disciples avaient fait l’expérience.
Nos expériences habituelles de joie, on s’en rend bien compte, ne sont que des images, des commencements, des essais maladroits de cette vraie joie, celle qui vient de Dieu et qui s’enracine dans l’Évangile reçu et transmis. La source de la vraie joie est en Dieu. C’est le rôle des chrétiens de vivre cette réalité d’une joie qui dépasse nos joies ordinaires.
Ces considérations sur la joie ne sont en rien élitistes ou réservées à une aristocratie du christianisme. Au contraire, puisque Jésus nous dit que cela a été caché aux sages et aux intelligents, mais révélé aux « petits » que sont les humbles, les simples, les pauvres, les marginalisés, les sans voix, fatigués, opprimés qui sont déclarés « bienheureux ». Paradoxe de l’Évangile, paradoxe de la vraie joie qui n’est pas conquise par nos efforts, mais donnée gratuitement.
Le pape François ne fait que reprendre un thème de son exhortation La joie de l’Évangile, thème central puisqu’il fournit le titre de cette exhortation. Pour ce dimanche des missions, le pape parle certes aussi de ceux qui ne connaissent pas Jésus Christ. Et qui éventuellement vivent au loin. Mais le pape nous ramène immédiatement à nos expériences quotidiennes, de proximité. Il s’agit d’être missionnaire, au loin, mais aussi chez nous : sortir de nos églises pour aller aux périphéries, parce que l’Église est toujours « sortie de soi » et solidarité avec ceux dont nous sommes loin… thèmes centraux du pape, bien connus maintenant, et qui sont résumés par des mots devenus courants : sortir, aller aux périphéries, dans la joie. La sortie de soi procure la joie. L’accueil de l’évangile est de soi source de joie. C’est un programme pour toutes les Églises locales, qui, dans leur variété, sont en quelque sorte à la fête en ce dimanche des missions, c’est-à-dire dimanche de la pluralité et de la variété des Eglises locales. C’est un programme pour toutes les composantes de l’Église : sous entendu, pas seulement pour ces religieux qui vont à l’autre bout du monde, mais aussi pour le chrétien ordinaire qui ne sort pas des frontières de son canton. Pour les religieux et aussi pour les laïcs appelés à être missionnaires, en vertu du baptême. Les laïcs jouent un rôle toujours plus important dans la diffusion de l’Évangile. On pensera à tous ces laïcs qui voyagent à l’instar des « missionnaires de jadis, ceux des bandes dessinées de notre enfance » : les touristes, les expatriés, les étudiants, les professionnels… qui, par millions, franchissent les frontières de l’Hexagone et qui sont appelés à être missionnaires là où ils vivent et travaillent. On pensera aussi à ces « très nombreux qui ne connaissent pas Jésus Christ » et qui vivent au milieu du peuple de France… la mission est partout, elle commence ici et nous emmène aux confins du monde. La joie est sa source, elle est aussi au bout du chemin. La joie est un puissant moyen pour surmonter nos peurs. Et elle est le meilleur critère pour savoir si nous habitons la vraie mission.
Père Antoine Sondag
Directeur du Service national de la Mission Universelle de l’Église (SNMUE)