La Communion Notre-Dame de l’Alliance fête ses 25 ans

A Lourdes, du 6 au 10 août, les membres de la Communion Notre-Dame de l’Alliance, époux chrétiens séparés ou divorcés rendrons grâce à l’occasion du 25ème anniversaire de leur fondation.

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La Communion Notre-Dame de l’Alliance accueille et accompagne les époux séparés ou divorcés désireux de continuer, malgré l’échec apparent de leur couple, à vivre de la grâce du sacrement de mariage. Non sans combat et moments de doute, ils répondent à un appel profond qui les engage sur le chemin du pardon, de la fidélité et de la miséricorde. Ils vivent donc seuls mais découvrent peu à peu qu’un tel chemin, en compagnie du Christ, conduit à la paix et à la joie. Ses 250 membres, regroupés en 14 groupes régionaux, se réunissent du 6 au 10 août à Lourdes, pour fêter le vingt-cinquième anniversaire de la fondation, autour du thème : « l’Eglise en mission auprès des époux séparés et divorcés ».

« Nous sommes avant tout des personnes mariées, même si nous sommes séparées ou divorcées », souligne Chantal Fronteau, élue modératrice par le conseil de la Communion. « Ce que nous poursuivons, c’est la réconciliation avec le conjoint séparé, qui consiste à se reconnaître époux l’un de l’autre, même si l’autre est engagé dans une nouvelle union. Le but est de pouvoir recréer des relations harmonieuses avec le conjoint séparé au moins pour les enfants. L’idéal est de se reconnaître époux l’un de l’autre, même si l’on ne reprend pas la vie commune. Certains reprennent la vie commune, ce n’est pas la majorité : c’est un chemin très difficile. Ils sont soutenus par la prière de tous. Les membres de la Communion Notre Dame de l’Alliance (CNDA) prient toujours pour le conjoint séparé. Une prière a été composée à cet effet. En outre, chaque vendredi, les frères et sœurs de la Communion sont unis par la récitation de la même « Prière des foyers ».

Ce rassemblement à Lourdes est l’occasion de rendre grâce, car, à travers la CNDA, témoignent ses membres, « le Seigneur est venu à notre rencontre pour nous consoler, nous instruire, nous construire ». « Le plus beau c’est de voir le changement qui s’opère dans la vie d’une personne qui arrive souvent complètement démolie », souligne encore Chantal Fronteau. « Progressivement, au contact des frères et sœurs, on la voit changer. C’est parfois très rapide. C’est un témoignage très fort ».

La dimension fraternelle, entretenue dans chaque région par des réunions informelles, en lien avec les paroisses, est nourrie chaque année au cours de trois week-ends de ressourcement fraternel et spirituel, auxquels s’ajoute une retraite annuelle de cinq jours rassemblant l’ensemble de la Communion. Ces temps forts sont animés par un prédicateur différent à chaque fois. Le thème de réflexion, commun à tous les groupes, est choisi chaque année par le conseil de la CNDA.

La CNDA est organisée à travers la France par région. Elle a une antenne en Belgique presque depuis son origine et des groupes amis en Italie et dans deux pays africains.

Désireuse de faire connaître le chemin spirituel qu’elle propose et de témoigner des grâces reçues, la Communion organise aussi des récollections ouvertes aux époux séparés ou divorcés s’interrogeant sur le choix de la fidélité.

La rencontre de Lourdes cette année est l’occasion pour ses membres de prendre part à la mission de l’Eglise qui annonce au monde « la bonne nouvelle du mariage » et entend rejoindre des chrétiens qui ont vécu la séparation ou le divorce et cherchent à répondre à l’appel du Christ à la fidélité et au pardon, comme l’explicite Mgr Pierre d’Ornellas, qui, en tant qu’archevêque de Rennes a en charge la « vigilance pastorale » de la CNDA.

Patrick de Sagazan

Questions à Mgr Pierre d’Ornellas

 

Vous êtes chargé de la « vigilance pastorale » de la « Communion Notre Dame de l’Alliance » et à ce titre, pourriez-vous vous exprimer sur la manière dont l’Église accueille et accompagne aujourd’hui les catholiques divorcés et non remariés.

Il y a de belles expériences sur le terrain, ici ou là. Mais il y a aussi des tâtonnements et des maladresses car, bien souvent, on ne sait pas comment s’y prendre. Il est important de se rappeler le propos de saint Paul : « les dons de Dieu sont sans repentance. » Chaque personne divorcée ou séparée a reçu des dons de Dieu. Il est urgent que l’Église aide chacune à en faire mémoire, non pas comme un retour sur le passé, mais pour voir l’actualité vivante de ces dons pour aujourd’hui. Quand saint Paul affirme la pérennité du don de Dieu, il veut signifier que Dieu qui fait ce don est toujours à l’œuvre et ne cesse de rendre vivant ce don. Chaque don de Dieu est une alliance irrévocable. Évidemment, parmi ces dons dont chacun peut et doit faire mémoire, il y a le sacrement de mariage et peut-être aussi un enfant. Le sacrement de mariage demeure une source de vie et, j’oserai dire, de sainteté pour les personnes divorcées ou séparées. L’Église doit inventer un chemin pastoral qui, certes, ne méconnaît pas les souffrances, parfois enfouies, mais qui s’appuie sur le sacrement comme source et sur la fidélité de Dieu. C’est une pastorale d’une immense bonté et d’une très grande écoute.

Que pensez-vous du chemin spirituel que propose ce mouvement aux époux touchés par le divorce ?

Tout d’abord, je dois vous dire que je suis vraiment heureux que l’Église bénéficie du charisme de la « Communion Notre-Dame de l’Alliance ». Par la « Communion », beaucoup dans l’Église peuvent apprendre le moyen d’accompagner des personnes divorcées. Tout d’abord, l’amitié est une dimension importante de la « Communion ». Elle permet de porter la souffrance de la séparation vécue, de l’échec ressassé, parfois de la culpabilité, et de la solitude souvent éprouvante. Cette amitié est aussi vécue dans une recherche de vie spirituelle qui respecte le chemin de chacun. Elle se fonde surtout, me semble-t-il, sur ce désir présent au fond du cœur, celui de la fidélité. Celui qui fait mémoire, voit poindre en lui le désir de fidélité au sacrement reçu, et finalement au conjoint. Bien sûr, les tentations sont là, d’une manière ou d’une autre. Mais je suis impressionné par l’émergence de cette fidélité qui se maintient au fil des années et qui éclot peu à peu en une joie étonnante. Sur ce chemin, vient toujours le moment où le pardon pour des blessures reçues est donné. Avec la « Communion », on comprend que la fidélité est possible. Bien sûr, pas sans combats. La « Communion » propose des retraites spirituelles, des veillées de prière, qui nourrissent ce désir de fidélité. Elle aide chacun et chacune à construire une vraie relation avec Dieu, dans une authentique vie d’Église. Sans le savoir, ses membres attestent la fidélité de Dieu à ses dons et à ses enfants. Ils témoignent que, malgré l’échec et la séparation, le sacrement de mariage n’est pas vain. Par sa grâce, le Seigneur se lie à l’amour que les époux vivent l’un pour l’autre. Ce lien demeure quand la séparation advient, et quand la loi civile la transforme en divorce. Par cette présence secrète de Dieu, naît le désir de fidélité. Ce désir peut susciter de forts combats intérieurs. C’est pourquoi l’Église doit servir, accompagner et protéger ce désir que Dieu fait éclore au sein même de la souffrance, et qu’il fait grandir jusqu’à la joie, celle qu’il a promise et que nul ne peut ravir.

 

 

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