Vivre la « charité-développement » avec le CCFD-Terre solidaire

Guy Aurenche, prochain président du CCFD

Depuis 1961 et à la demande des évêques de France, le Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement (CCFD-Terre solidaire) anime une campagne de solidarité pendant le temps du Carême. Interview de Guy Aurenche, son nouveau président.
Avocat à la retraite, Guy Aurenche, 62 ans, n’est issu ni du sérail CCFD ni du domaine du développement. Ce qui l’a conduit à cette nouvelle responsabilité, c’est la défense de la dignité de la personne. Cet engagement, qu’il comprend comme sa réponse à l’appel évangélique, il l’a vécu au sein de l’Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture (ACAT) en tant que président national puis au sein de la Fédération internationale de l’ACAT. A la tête du CCFD-Terre Solidaire depuis janvier 2009, il découvre, à travers le développement, la dimension économique et sociale de la personne.
 

Comment abordez-vous cette nouvelle responsabilité ?

Je découvre la réalité d’expertise du CCFD-Terre Solidaire. La « charité-développement » n’est pas du bricolage. Pour être à la hauteur du défi qui nous est lancé, il nous faut écouter ceux et celles qui connaissent les situations et qui vont adapter des réponses. C’est là où nous devons être le plus expert possible. Nous devons toujours être à l’écoute de ceux qui inventent des réponses sur place.
 

Quel est votre message pour cette campagne de Carême 2009 ?

J’aime bien éclairer le Carême de cette phrase du Psaume 50 (51) : « Rends-moi la joie d’être sauvé ». C’est la marche vers Pâques, vers le relèvement, vers l’affirmation de la vie qui l’emporte sur toutes les morts. C’est dans cet esprit que nous pouvons situer les propositions du CCFD-Terre solidaire que ce soit des propositions dans le domaine du partage, du jeûne, de la prière mais aussi dans le domaine de l’alliance.
 

Quel temps fort proposez-vous dans le domaine de l’alliance ?

Retrouver « la joie d’être sauvé », c’est participer avec d’autres. Les autres, ce sont les partenaires avec lesquels le CCFD soutient plus de 500 projets à travers le monde, ces équipes locales, hommes et femmes pour qui les mots de « développement », de « relèvement », de « refus de l’inacceptable » sont des réalités. Faire alliance avec eux, c’est déjà un signe de marche vers le Carême. C’est la raison pour laquelle le CCFD invite 40 de ses partenaires à circuler dans les diocèses de France pour rencontrer non seulement les membres du CCFD mais bien au-delà, tous les chrétiens que cette perspective de développement intéresse. Ce sera pour moi aussi une découverte de leur personne et de leur action. Je crois qu’il y a dans ces rencontres un très beau moment du Carême : l’autre, en confiance, me dit ses espérances, ses difficultés et me dit aussi que nous avons besoin l’un de l’autre, les uns des autres.
 

Quel sens donnez-vous au partage financier en cette période de crise ?

Même si l’on dit qu’ils ne seront pas directement touchés par qu’ils n’ont pas de système bancaire, les pays les plus pauvres sont directement touchés par le ralentissement de toute activité économique, par la difficulté d’obtenir des prêts et par le fait que beaucoup d’étrangers vivant dans nos pays enverront moins d’argent à cause du chômage. Vous connaissez l’histoire de « l’obole de la veuve » (Lc 21,1-4). Je pense que chaque catholique est interpellé : Quelle partie de notre nécessaire allons-nous mettre financièrement, que ce soit dans la corbeille du 5ème dimanche du Carême (29 mars, collecte nationale du CCFD-Terre solidaire), que ce soit dans les propositions qui sont faites en matière financière, comme les placements éthiques ? Au cœur de la crise, c’est là qu’il faut se montrer généreux et c’est là qu’il faut examiner ce dont nous pouvons nous séparer, y compris dans ce que l’on croit faire partie de notre nécessaire.
 

Pour vous, le Carême est un temps d’accueil du don…

Le don d’une présence. Quand Jésus passe quarante jours au désert, il les passe en présence de son Père. Au cœur de cette présence, il va découvrir le sens de sa mission et quel visage de Dieu il va révéler. Ce n’est pas celui du pouvoir, de la « gloriole » ou du magique : c’est celui de la confiance et du respect mutuel. Il est extrêmement important d’accueillir le don du Carême qui nous est fait, à travers ce que l’Esprit va nous dire dans nos rencontres, dans nos partages, dans nos prières.
 

Quelle est la place des jeunes ?

A travers toute la dynamique « Bouge ta planète » (21 mars), ils vont rencontrer des situations dures et qui les interpellent. Au Pérou, un évêque nous dit que l’ensemble de la vallée dans laquelle il vit, à 4500 mètres d’altitude, est totalement polluée. Ils vont en même temps rencontrer des hommes et des femmes qui réagissent, qui ne font pas de miracles mais qui n’acceptent pas l’inacceptable. « Bouge ta planète », c’est « Rejoins ceux qui la font bouger » avec toute ton intelligence, tout ton dynamisme, toute ton inventivité de jeune. Il y a là quelque chose d’extrêmement vivifiant, non pas pour les vieux que nous sommes mais pour les blasés que nous risquons d’être.
 

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