Rédigée par le Conseil Permanent, la déclaration en vue des élections européennes a été ratifiée par les évêques lors de l’Assemblée plénière d’avril dernier. Interview de Mgr Christian Kratz, évêque auxiliaire de Strasbourg et délégué de la Conférence des évêques de France à la Commission des Episcopats de la Communauté Européenne (COMECE).
Pourquoi les évêques de France ont-ils publié ce texte ?
On sent un certain désintérêt par rapport à l’Europe de la part de beaucoup de concitoyens et de la part de beaucoup de chrétiens. Alors que nous sommes convaincus que l’avenir, c’est l’Europe et qu’il faut s’y engager. Il nous a semblé de notre devoir de pasteurs de l’Eglise catholique d’inviter fortement, de manière pressante, les chrétiens à s’engager pour l’Europe. Depuis la guerre, l’Europe a été facteur de paix, de solidarité et de prospérité. On se rend bien compte que nous ne souffrons non pas de trop d’Europe mais de trop peu d’Europe. La crise mondiale dans laquelle nous sommes encore l’a bien montré. S’il n’y avait pas l’Europe, tout le monde est assez d’accord pour dire que ce serait bien pire. Il nous a semblé important d’apporter notre contribution pour que chacun fasse son devoir électoral lors des prochaines échéances européennes et prenne en même temps conscience de l’importance de l’Europe dans sa vie quotidienne. Ce n’est pas quelque chose au-dessus ou à côté. C’est l’avenir et déjà le présent, puisque 60% des lois qui passent dans la législation française sont d’origine européenne.
En tant que délégué des évêques à la COMECE, comment l’accueillez-vous ?
Le 25 mars dernier, les évêques de la COMECE ont publié une déclaration : « Construire la maison Europe ». Nous nous sommes dit que nous ne pouvions pas nous quitter sans lancer un appel aux européens en tant qu’évêques de la COMECE. Le texte des évêques de France est antérieur. Ca me soutient, ça m’encourage, ça me réjouit profondément parce qu’il y a tout un travail à faire, même auprès des évêques, car on n’est pas spontanément conscient de l’importance de l’Europe. Mais cette conscience me semble progresser chez les évêques. Je me réjouis que nous nous soyons tous engagés sur cet appel à voter et à croire à l’Europe.
Comment les catholiques se mobilisent-ils sur la question européenne ?
J’ai reçu un appel des Semaines Sociales de France. Son Président, Jérôme Vignon, et toute son équipe sollicitent le concours de l’Eglise pour porter avec eux, davantage encore, ce souci de conscientisation et de sensibilisation à l’Europe. Je sais qu’un petit partout, il y a des conférences. Moi-même, je serai à Lille le 20 mai pour une soirée organisée par Chrétiens en Monde Rural (CMR) autour de l’Europe, de ses valeurs et du lien avec les chrétiens.
Premières Journées Sociales Catholiques pour l’Europe
Cet événement aura lieu du 8 au 11 octobre à Gdansk, en Pologne. 600 personnes sont attendues. La délégation française comptera 35 personnes. L’objectif de la rencontre est d’affirmer « la présence de l’Eglise catholique à la construction européenne et l’importance qu’elle lui donne », souligne Mgr Kratz. Cet événement doit donner « visibilité et lisibilité » aux convictions de l’Eglise. Parmi les partenaires, Justice et Paix et Caritas Europe… « On espère que ces Premières Journées Sociales indiqueront une voie d’avenir et que d’autres colloques seront organisés à travers toute l’Europe, que régulièrement ces rendez-vous rappelleront aux catholiques européens que l’Europe est un bon projet qui a quelque chose à voir avec l’Evangile et avec les valeurs que nous voudrions promouvoir largement ».
