Face aux assassinats en Corse, Mgr Brunin dénonce l’indifférence et appelle à l’amitié civile

Dans un éditorial publié dans la revue diocésaine, Mgr Jean-Luc Brunin, évêque d’Ajaccio, dénonce l’indifférence face à multiplication des assassinats en Corse. Il appelle les chrétiens à s’engager pour le respect de la vie et à cultiver la capacité d’indignation contre la banalisation du crime.
 
« Chrétiens, pouvons-nous rester indifférents face à de tels drames ? interpelle-t-il, rappelant le commandement divin « Tu ne tueras pas ! » (Exode 20, 13) qui garantit « une humanisation des relations sociales et un monde habitable qui ne devienne pas un enfer de suspicion et de haine ».

Evoquant la tradition sociale de l’Eglise, et le respect absolu de la vie, de l’état embryonnaire au stade ultime de l’existence, Mgr Brunin souligne que rien ne peut justifier le crime : « le respect de la vie est un absolu en deçà duquel on régresse vers l’inhumain. ». Il dénonce la vengeance, « réaction viscérale » et « spirale d’une logique mortelle et sans fin » : « Oeil pour œil, deuil pour deuil, mort pour mort … Quelle force peut briser cette logique ? Quelle puissance peut s’y opposer ? Quelle victoire peut la vaincre sans faire de vaincu ? Le message du Christ nous le révèle : c’est la force du pardon, c’est la puissance du pardon, c’est la victoire du pardon. »
 

L’Eglise mobilisée

Dans ce contexte, Mgr Brunin appelle les chrétiens à s’engager pour le respect de la vie et à construire un rempart de l’indignation, seul susceptible d’enrayer les forces de déshumanisation que génère cette violence meurtrière :

« Il importe de devenir, au nom de notre foi au Christ Ressuscité, des acteurs de vie. A côté des lois qui définissent juridiquement l’interdiction de tuer, l’Eglise rappelle depuis longtemps la nécessité de promouvoir des comportements et des attitudes susceptibles de garantir une cohésion sociale. Ces ressources existent dans le meilleur de la culture corse, il s’agit de les raviver : la capacité de désintéressement, le détachement des biens matériels pour viser un idéal supérieur, le sens de l’accueil et du don, la disponibilité intérieure aux attentes et aux besoins des autres … Tout ce que saint Thomas d’Aquin appelait l’amitié civile : « La signification profonde de la communauté, civile et politique, ne ressort pas immédiatement de la liste des droits et des devoirs de la personne. Cette vie en société acquiert toute sa signification si elle est basée sur l’amitié civile et la fraternité »

« En cultivant la capacité d’indignation contre la banalisation du crime, nous sommes appelés, au nom de notre foi au Christ, à promouvoir la vie humaine partout où elle est menacée. Nous sommes aussi invités à faire nôtre l’amitié civile et à faire valoir, à travers notre engagement dans la vie sociale, les comportements et les sentiments qui lui sont attachés. Bien des groupes et des associations confessionnels ou non, réalisent un travail positif dans le domaine de l’éducation à la citoyenneté, à la promotion de la vie, à la coopération, au bénévolat et au sens des autres. L’Eglise se reconnaît proche et partenaire de tous ceux qui oeuvrent en ce sens. Mais elle entend prendre sa part spécifique, au nom de l’Evangile, à l’avènement d’une société de concorde et de paix sans lesquelles aucun développement humain, économique, culturel et spirituel n’est possible. En Corse comme ailleurs ! »

Lire l’intégralité de l’éditorial sur le site du diocèse de Corse

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